jeudi 13 janvier 2011

Le Salon doré

Vous ne connaissez pas le Salon doré ? Je viens de voir sa présentation virtuelle en me demandant si certaines personnalités politiques aux ambitions présidentielles ne visitent pas, aux heures creuses, cette page pour se ressourcer !

Voici ce qu'en dit Wikipédia :
"À l'origine grand salon de madame de Pompadour, vaste pièce située au centre du bâtiment avec vue sur le parc, le salon doré est décoré en 1861 par Ovide Savreux (sculpture) et Jean-Louis Godon (peintures) pour l’impératrice Eugénie. Il est notamment orné de tapisseries des Gobelins, dont surtout celle des Muses et d'un lustre Second Empire à 56 lumières en bronze doré et cristaux.- Charles de Gaulle, une fois devenu président de la République, choisit cette vaste pièce pour en faire son lieu de travail et y fait notamment installer le mobilier actuel qui comprend : le bureau de style Louis XV en bois de violette, chef-d'œuvre réalisé au 18e siècle par l'ébéniste et sculpteur Charles Cressent, trois fauteuils, un canapé, six chaises Empire issues de l'ancien salon de Joséphine de Beauharnais au palais des Tuileries, une grande table ronde en acajou et deux consoles de style Louis XVI et le tapis Louis XIV de la Manufacture de la Savonnerie ayant pour thème principal « L'Amour ». Le mobilier n'a connu une transformation qu'entre 1988 et 1995 à l'instigation de François Mitterrand : celui-ci confie ainsi cette tâche en décembre 1983 au designer Pierre Paulin, déjà auteur de la transformation de trois pièces du rez-de-chaussée de l'aile est, dans les appartements privés, pour Georges Pompidou en 1971-1972. L'ensemble alors réalisé comprend 21 meubles au ton dominant bleu avec des liserés en aluminium rouge : un bureau plat et sa console technique, une table basse, un salon de six fauteuils et un canapé, un siège de travail, quatre fauteuils visiteurs, trois tables guéridons, un meuble bas d'environ trois mètres de long, un chevalet et un meuble de télévision. Avant son départ de la présidence en 1995, François Mitterrand remet en place le mobilier d'origine et verse l'ensemble Paulin au Mobilier national. - Tous les présidents de la Ve République (à l'exception de Valéry Giscard d'Estaing qui lui préfère l'ancienne « chambre de la reine », jusque-là dévolue au directeur de cabinet, à l'angle Sud-Est de l'étage, et qui se sert du salon doré comme lieu de réunion avec ses collaborateurs) ont fait de ce salon leur bureau."

Si on ne le savait déjà, on l'aura deviné : le Salon doré est la pièce centrale, et donc "mythique", du Palais de l'Élysée. Mais tout de même :  un Palais comme centre nerveux du pouvoir présidentiel ! Un endroit aux origines si peu républicaines. - Choisi en 1848 comme résidence du président français, le premier et seul élu de l'éphémère IIe République, Louis-Napoléon Bonaparte, s'y installe aussitôt pour se transformer très vite en Napoléon III, et il faut attendre sa chute en 1870 pour que le chef de l'État Français occupe - avec une interruption de 1940 à 1946, Vichy oblige - les lieux de façon permanente jusqu'à l'époque présente. Comme si la demeure du président de la République devait conserver un peu de l'apparat et des fastes monarchiques ou impériales pour inspirer le respect des citoyens et symboliser le pouvoir personnel. - Au pays de la Révolution, et du régicide, le "retour du refoulé" de Freud prend alors tout son sens. Un siècle plus tôt, le philosophe Hegel (1807) avait d'ailleurs déjà pointé de tels phénomènes contradictoires avec son concept intraduisible de Aufhebung, qui signifie que l'on "annule" (refoule) et "conserve" (restitue) en même temps. C'est cette contradiction qui, pourrait-on dire, "hante" l'Élysée, puisque le palais a été construit au début du règne de Louis XV (entre 1718 et 1720) : il aura fallu attendre 150 ans et la fin du IIIe Empire (1851-1871) pour que la République Française, née dans l'extermination de la noblesse, vienne à son tour investir les lieux après tant d'années de régime autocratique.

Par contraste, la Maison Blanche, qui symbolise également un pouvoir personnel fort, a été construite spécialement pour les présidents des États-Unis  (1792-1800) dans une ville entièrement nouvelle au nom du premier d'entre eux : Washington. - Le Bureau ovale, l'équivalent du Salon doré, est de facture encore plus récente - et "moderne" - puisqu'il se trouve dans l'aile Ouest, construite sur ordre du président Roosevelt à partir de 1902. - Aujourd'hui, il est habité par un homme d'origine afro-américaine, comme on dit là-bas, ce qui 40 ans plus tôt, à l'époque de l'assassinat de Martin Luther King (1968), aurait relevé de la plus formidable utopie.

Inauguré par le président De Gaulle qui, en 1958, décida d'installer son bureau dans ce "grand salon de madame de Pompadour", le Salon doré est depuis resté le haut-lieu du pouvoir élyséen, même s'il fut boudé par le président Giscard d'Estaing qui préféra travailler dans la « chambre de la Reine ».  - Une  personnalité afro-européenne s'y installera-t-elle un jour ? Ou bien envisagera-t-on peut-être un déménagement pour définitivement tourner le dos à l'immense pouvoir personnel des Rois et Empereurs de France ?

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