dimanche 17 février 2013

[Cinéma] Berlinale, impressions, courts

La première série´de courts-métrages en sélection officielle comprend cinq films faits par une Coréenne, deux Japonais, un Italien et un Français. Les deux premiers sont des animations, le troisième une histoire d'animaux étranges très bien réalisée, le quatrième un documentaire dans un camp de réfugiés syriens en Jordanie et le dernier une fiction autour d'une jeune délinquante à Marseille.

Outre le grand écran, la belle image, le bon son et le public averti - dont le jury - c'est la présence des cinq cinéastes qui viennent chacun(e) dire quelques mots après le passage de leur film, faisant ainsi le lien entre cinéma et spectateurs. La Coréenne, Joung Yumi, dit qu'elle s'est inspirée de vieux livres d'illustration pour son film d'animation en noir et blanc : Jeux d'amour (15'). - Naoto Kawamoto est peu loquace sur son impressionnant UZUSHIO -Seto Current (10'), où il a dessiné chaque image sur une pellicule 16mm (10x60x24=14440 dessins). - Hirofumi Nakamoto parle de ses surprenants crabes dont il filme l'étrange ballet dans une chambre d'hôtel : Le passager silencieux (15'). Ces trois premiers courts-métrages ne font pas appel à la parole. - Mario Rizzi parle du tournage extraordinaire de sept semaines dans le camp de réfugiés et de l'impossibilité de faire venir le personnage principal, une femme de Homs, à Berlin : L'attente (30'). - Et enfin Jean-Bernard Marlin précise que sa fiction très bien filmée fut précédée du tournage d'un documentaire sur la jeune délinquance : La Fugue (22'). 


The Waiting de Mario Rizzi @ Berlinale Shorts

Politique et paillettes

Soixante-trois ans après sa création, on a l'impression que la Berlinale se cherche encore, bien qu'elle fasse aujourd'hui partie des grands festivals de cinéma : on recherche le glamour tout en voulant privilégier le film d'auteur, le message politique, la recherche cinématographique. A première vue, les deux options ne semblent pas très compatibles. En effet, que serait le cinéma sans ses stars, ses tapis rouges et son luxe ? Mais que serait-il s'il n'était que ça ? Que l'on se souvienne du formidable apport des auteurs berlinois et viennois venus travailler à Hollywood pour fuir le nazisme ; de l'impact de la "Methode" de Stanislavski sur le travail des acteurs et des réalisateurs new-yorkais ; que l'on considère les films des Frères Coen ou certaines productions de Clint Eastwood comme Minuit dans le jardin du Bien et du Mal : le cinéma dit indépendant est tout à fait capable de concilier le spectacle "grand public" et la recherche, la cohérence artistique. Et donc la Berlinale devrait pouvoir l'être aussi.

Mais, ce qui fait peut-être encore problème, c'est cette fameuse Sélection Officielle qui croit devoir tenir compte d'un certain nombre de paramètres que l'on peut considérer comme contre-productifs. Il serait malaisé de vouloir les analyser ici, mais le simple mot de "politique", qui reste un des critères importants des sélections berlinoises, peut introduire une confusion, une incohérence dans les choix en cherchant à "satisfaire tout le monde", ce qui mène souvent à une bien-pensance finalement ennuyeuse, ou à l'effet pervers de "dépolitiser" le message politique en sélectionnant des films "politiquement neutres"...

Le film d'ouverture n'a pas été un grand succès. A force, on s'y est ennuyé. Et ce n'était même pas une première mondiale. C'était le film du Président du Jury. Voilà un autre point qu'il faudrait analyser. Mais bon. On en revient toujours à l'éternelle question : Qui sélectionne les sélectionneurs ?

Or, toutes différentes les autres manifestations telles que cette sélection - également officielle - de courts-métrages, une trentaine de films de longueur, de composition, de nature très différentes, qui donnent une image de l'état actuel de la recherche cinématographique. Et cette image-là vaut bien toutes les vidéos du monde quotidiennement régurgitées par nos tubes.

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