vendredi 8 février 2013

[Aparté] Carnaval

En Allemagne, comme d’ailleurs à Rio, cette semaine, c’est Carnaval : on assiste à des défilés, mais aussi à des sessions carnavalesques en partie retransmises par la chaîne publique d’infos Phoenix où l’on peut encore deviner la raison profonde de cette fête païenne qui nous vient des origines du monde : les rôles sont inversés, les puissants – ou présumés puissants - sont mis sur la sellette, comme ce matin le politicien souabe Heiner Geissler (CDU), accusé de tous les maux de la terre, un peu à la manière des éphémères Flagrants Délires sur France-Inter (1980-83).



Le maître-mot, c’est l’exagération. En grossissant le trait, en caricaturant, on peut révéler une part de vérité, comme seul le fou du roi avait le droit de la dire à son maître, comme l’humour en général possède toujours un fond de vérité ou une part d’inconscient qui, parfois, provoque un éclat de rire incontrôlable : le « fou rire ». 



Par ailleurs, ces sessions carnavalesques permettent de démasquer un certain nombre de pseudo-vérités, quotidiennement servies comme autant de tours de passe-passe pragmatiques ou mensonges de fortune. En inversant, renversant les rapports de force d'une société, le Carnaval montre aussi le danger qui, toujours, menace les puissants : la colère populaire, les soulèvements et les révolutions. Et deux autres constantes de la perception ordinaire sont mises à mal : le monde réel, qui s'efface devant la puissance de l'imaginaire, et le principe d'identité, aboli par le travestissement qui ouvre sur une personnalité multiple, éclatée. Alors on pourrait croire que la vérité profonde du monde se joue peut-être dans cet espace imaginaire qui se réalise toutes les nuits lorsque nous rêvons...

Les déguisements d'enfants sont d'Agnès @ mode9.wordpress.com

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