mercredi 9 mars 2011

[Libye 2011] Le massacre du printemps

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~ page commencée le dimanche 6, actualisée les 7, 8 et 9 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

~ dimanche 6 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Quelques titres à la mi-journée : La crainte d'une longue guerre civile augmente (Reuters) - Les troupes de Kadhafi contre-attaquent (Spiegel) - Coups de feu à Tripoli et rumeurs de positions rebelles reprises par les forces de Kadhafi (Guardian) - La France "salue la création du Conseil national libyen" (L'Express)

Les nouvelles en provenance de Libye font clairement apparaître ce que la presse nomme une "contre-offensive" du régime : après le siège et l'attaque de Zaouia, des combats violents se déroulent à Misrata et un raid aérien a été mené sur Ras Lanouf. De nouveaux affrontements ont lieu dans la petite localité de Ben Jaouad sur la route de Syrte et des avions de combat font feu sur les insurgés qui se dirigent vers l'Ouest. 

Pendant ce temps, le colonel K. poursuit sa campagne de propagande "en exclusivité mondiale" dans le JDD (accroche du journal) où il continue de rabâcher ses poncifs : Al Qaida, drogues hallucinogènes, pas de fortune ni de pouvoir personnels, aucune exaction contre la population civile etc.

Une question légitime : Quelle sera l'issue de la Révolution libyenne du 17 Février ? - Les réponses possibles varient de jour en  jour. Hier, la percée des insurgés était porteuse d'espoir. Aujourd'hui, la contre-offensive du régime est foudroyante. - Les Occidentaux interviendront-ils ? Le blocus maritime commence déjà à se mettre en place. Le bouclage de l'espace aérien serait l'affaire de quelques jours. - Mais ce serait une opération commandée par l'Otan, non par l'ONU, en raison du probable véto de la Russie. - Aujourd'hui plus qu'hier, une chose paraît acquise : sauf surprise, le colonel K. n'abandonnera pas le pouvoir sans la défaite complète de ses forces. Comme l'opposition non plus ne lâchera rien, cela signifie : une bataille "terrestre" acharnée avec d'énormes "pertes civiles". Mais aussi matérielles : la reconstruction du pays pourrait prendre des années. Et cette lutte fratricide sèmerait l'inimité, l'injustice, la vengeance parmi la population. La question n'est donc pas tant de savoir si l'insurrection finira par l'emporter, mais à quel prix ? - L'analyse du New York Times d'hier va dans le sens d'une "longue guerre" civile. C'est, hélas, une possibilité ...

Ce soir, la situation est résumée comme ceci par le live blog du Monde : La contre-offensive de Kadhafi semble être un semi-échec sur le terrain : la principale bataille, celle pour Misrata, a tourné à l'avantage des insurgés. L'autre ville d'importance que les troupes de Kadhafi ont essayée de reprendre ce week-end, Zaouïa, résiste également. Les rebelles ont en revanche été stoppés dans leur progression vers l'ouest, et ont même dû abandonner le bourg de Ben Jawad.

Le Conseil national temporaire a[urait] installé un fil Twitter @LibyanTNC - [actualisation 7-03-2011, 21:45] Selon  (Libyan Youth Movement) : "Nous avons parlé à un membre du Conseil libyen, ils ont dit qu'ils n'ont pas de compte Twitter et aucune intention d'en créer un" (We have spoken to a member of the Libyan council, they said they do not have a twitter account and no plans to create one). - À surveiller ...

Voici un reportage de France 24 tourné le 4 mars du côté de Brega, au cœur du combat : 




Du côté des puissances occidentales, on continue à débattre d'une zone d'interdiction de survol. On semble d'accord sur le fait qu'elle ne peut se faire sans un large consensus international. Dans sa déclaration au Caire, Alain Juppé se fait le porte-parole du bon sens :


~ lundi 7 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Les titres du matin : Les troupes de Kadhafi avancent sur la ville pétrolière de Ras Lanouf (Die Welt) - Les contre-offensives de Kadhafi augmentent les craintes d'une guerre civile (Reuters) - L'ONU nomme un envoyé spécial alors que le conflit libyen risque d'aller vers "plus de carnage"

La situation continue d'être extrêmement violente et dangereuse en Libye. Les forces du colonel K. sont bien équipées et entraînées face aux troupes des insurgés - pour la plupart des civils - sans expérience et sans armement conséquent. On constate ici, une fois encore, les conséquences de la vente d'armes aux régimes dictatoriaux : elles sont invariablement utilisés pour la répression des soulèvements populaires. Ce sont donc les industries de l'armement - en particulier occidentales - qui sont indirectement responsables du "carnage" actuel en Libye. Ils s'en défendront bien sûr : personne n'a forcé ce pays à acheter des armes. Or, sans cet "équipement" meurtrier, le pouvoir en place aurait déjà capitulé. Et il joue maintenant son "va tout" en utilisant massivement ces armes plus ou moins "sophistiquées" pour assassiner la population. - L'industrie de l'armement - impartiale et internationale - s'en lave les mains. C'est un secteur d'activités comme un autre. Tout à fait respectable, comme Schneider, Krupp et Thyssen qui fournissaient à la fois l'Allemagne et la France dès 1914, lors de cette première boucherie industrielle que l'on appelait alors la Grande Guerre ...

À titre d'information, voici les 10 plus grandes entreprises mondiales de défense en 2009 (Wikipedia)
 
Rang Entreprise PAYS [2008]
REVENUS
(milliards de $)
 % revenu total
1 Lockheed Martin Drapeau : États-Unis États-Unis 1 42,025 93,0
2 BAE Systems Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni 2 33,418 95,2
3 Boeing Drapeau : États-Unis États-Unis 3 31,932 45,9
4 Northrop Grumman Drapeau : États-Unis États-Unis 4 30,656 90,8
5 General Dynamics Drapeau : États-Unis États-Unis 5 25,904 81
6 Raytheon Drapeau : États-Unis États-Unis 6 23,139 93
7 EADS Drapeau : Allemagne RFA, Drapeau : EspagneEs, Drapeau : FranceFra 7 15,013 25,1
8 Finmeccanica Drapeau : Italie Italie 9 13,332 52,6
9 L-3 Communications Drapeau : États-Unis États-Unis 8 13,014 83,3
10 United Technologies Drapeau : États-Unis États-Unis 10 11,100 21

En additionnant ces chiffres, on obtient un revenu annuel total de 239,5 milliards de dollars pour ces seules 10 entreprises les plus "performantes" en 2009. Mais ce tableau de Wikipedia est incomplet. Il ne comprend pas les autres sociétés (11ssq.) qui génèrent également des profits appréciables. Et il n'est pas dit quels matériels et équipements militaires sont pris en compte dans ce calcul. De plus, on ne connaît pas le volume des trafics d'armes, notamment en provenance de Russie et de Chine ...

***

Voici l'interview du colonel K. accordée à France 24 et publiée aujourd'hui : 
 


Nul besoin de commenter cette nouvelle "contre-offensive médiatique". Elle est de la même farine que les interventions précédentes ...

Quelques (trop rares) informations à la mi-journée : Selon Google, le trafic Internet est quasi nul en Libye depuis vendredi. - La Ligue Arabe se déclare favorable à une zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen (France 24). - Le live blog du Monde titre : Les combats font rage autour de Ras Lanouf - Le journal rapporte également ceci : Les insurgés, par le biais du Conseil national libyen, ont décliné lundi l'appel au dialogue d'un membre éminent du régime. Le Conseil a indiqué qu'il ne négocierait pas tant que Kadhafi n'aurait pas démissionné. Ce dernier a répété qu'il ne le pouvait pas, n'étant pas président du pays mais simplement "une référence pour le peuple libyen". - Et France 24 ajoute : Les prix du pétrole continuaient de grimper fortement lundi en cours d'échanges européens, se hissant à New York à un nouveau sommet depuis deux ans et demi. Vers 12H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait à Londres à 117,88 dollars, en hausse de 1,91 dollar par rapport à la clôture de vendredi. - L'inquiétude des spéculateurs ne pourra que s'accentuer après cette annonce : Un porte-parole du Conseil national libyen avertit que Kadhafi pourrait chercher à détruire les installations pétrolières si aucune intervention étrangère n'avait lieu rapidement. "L'Occident doit bouger sinon ce fou intentera une action contre les champs de pétrole", a-t-il déclaré à Reuters. Il a aussi déclaré qu'ils étaient environ 17 000 insurgés à Ajdabiya et au-delà mais qu'ils étaient dispersés. (in Le Monde)


La situation libyenne paraît de plus en plus critique. La population civile est gravement menacée. Dans les villes aux mains des insurgés ou ardemment disputées, les habitants sont de toute évidence hostiles au régime. Mais ils sont totalement à la merci des raids aériens, des frappes à l'artillerie lourde, de l'avancée des colonnes de blindés et de chars. Ils ne sont ni équipés ni entraînés pour une confrontation militaire. Et cette population est également composée de femmes, d'enfants et de vieillards qui ne pourront pas se battre, mais qu'il s'agit au contraire de protéger, de mettre à l'abri.

D'un autre côté le nombre et le courage des insurgés font également leur force. En effet, les troupes du régime n'ont pas suffisamment d'effectifs pour occuper une ville comme Benghazi. Elles peuvent seulement mener des raids, des opérations de commando dans le but de décourager la population en la terrorisant et en affirmant leur évidente supériorité militaire (en termes d'équipement et de soldats aguerris).

Cet après-midi, Ras Lanouf continue de faire l'objet de raids aériens tandis que les troupes kadhafistes se rapprochent de la ville. Une nouvelle attaque sur Zaouia est également rapportée. Et la situation médicale est catastrophique à Misrata, après les attaques d'hier. Les blessés sont soignés "à même le sol dans les hôpitaux" (Guardian). Pendant ce temps, l'ONU pourrait convoquer dès cette semaine une réunion du Conseil de Sécurité pour soumettre au vote une zone d'exclusion aérienne. Or, la Russie, membre du Conseil de sécurité de l'ONU [et disposant d'un droit de véto], s'est dite opposée à une intervention militaire en Libye, selon l'agence de presse RIA citant le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov. (Reuters in Le Monde) - De leur côté, les USA et l'Otan examinent également "des options militaires contre la Libye" (Reuters).

L'opération serait donc très probablement conduite par l'Otan, sans l'aval de l'ONU, mais avec le soutien de la Ligue Arabe et celui du Conseil national transitoire de Libye.

Ce soir, comme chaque jour, les nouvelles en provenance de Libye s'estompent ... Sur le compte Twitter du Conseil national transitionnel de Libye (référence plus haut), ce message alarmant [19:45] : "Zaouia attaquée violemment, Kadhafi veut détruire la ville complètement" (Zawia under heavy attack, Qadfi wants to destroy the city completely). Le Conseil national vient également de créer un site Internet (déjà attaqué une fois !) >>> ntclibya.org/ [actualisation] Selon  cité plus haut, le site et le compte Twitter ne sont pas crées par le Conseil : prudence, donc ...

Voici quelques informations parues dans la soirée sur le live blog de France 24 : "Aucun des raids aériens qui ont eu lieu à Ras Lanouf aujourd'hui n'ont atteint leurs cibles. Selon nos sources, il n'y a eu aucun blessé ni aucun mort dans les rangs des rebelles", Cyril Vanier, envoyé spécial de France 24 à Ras Lanouf. "Actuellement, les pro-Kadhafi massent leurs forces à environ une demi-heure d'ici, dans la ville de Ben Jaouad, mais on n'arrive pas à savoir exactement combien d'hommes ni de quel matériel ils disposent. On ne sait pas exactement quelle est l'organisation militaire qui fait face aux rebelles". - Selon la Maison Blanche, armer l'insurrection contre le régime de Mouammar Kadhafi figure parmi la liste des actions envisagées en Libye. Washington a cependant assuré qu'il serait "prématuré" de se lancer dans une telle opération à l'heure actuelle. (Source : AFP) - Les monarchies arabes du Golfe se sont déclarées [ce] soir favorables à la mise en place par l'ONU d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, dans une déclaration au terme d'une réunion à Abou Dhabi. (Source : AFP) -

Le Spiegel rapporte que "l'Otan débute une surveillance aérienne de 24 heures de la Libye par des avions Awacs, selon l'ambassadeur US auprès de l'Otan, Ivo Daalder." De plus, "le président Obama a accordé une aide humanitaire de 15 millions de dollars à la Libye". La possibilité de livrer des armes aux insurgés reste également une "option".

Et ceci encore : "Un activiste politique a déclaré à Al Jazeera que huit personnes ont été tuées et plus de 20 blessées à Zaouia. Il a dit que les attaques d'aujourd'hui ont été les plus féroces jusqu'à présent, ajoutant que les forces gouvernementales ne peuvent pas reprendre la ville parce que la grande majorité des résidents soutiennent les rebelles." (Al Jazeera)


~ mardi 8 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

 Peu d'informations, encore, ce matin : une nouvelle attaque aérienne sur Ras Lanouf, qui n'a fait ni victimes ni dégâts, montre que le régime continue de mettre la pression sur l'insurrection, alors même qu'une "zone de non-vol" se précise. Après la Ligue Arabe, le chef de l'Organisation de la conférence islamique, Ekmeleddin Ihsanoglu, s'est lui aussi déclaré favorable à l'interdiction de survol du territoire libyen. (Le Monde) - On apprend également que la demande de négociation adressée hier au Conseil de transition (et qui a été refusée) concernait un éventuel départ ("sortie honorable") du colonel K., selon Mustafa Gheriani, un porte-parole des insurgés : «Je confirme que nous avons reçu des contacts venant d'un représentant de Kadhafi qui voulait négocier sa sortie. Nous l'avons rejeté. Nous ne négocions pas avec quelqu'un qui a fait couler le sang libyen et qui continue de le faire. Pourquoi devrions-nous faire confiance à cet homme aujourd'hui?» (Reuters in Libération). Mais, cette information a été démentie par la TV d'État. - Toutefois, le Conseil indique que Mouammar Kadhafi pourrait ne pas être poursuivi s'il abandonne le pouvoir de lui-même. (Mustafa Abdeldjeïl sur Al Arabiya).

La situation humanitaire aux frontières libyennes semble à présent sous contrôle. Voici une carte des "flux migratoires" au 7 mars, publiée par reliefweb.int


Ce soir, les habitants de Zaouia souffrent à nouveau le martyre : D'après Skynews, une cinquantaine de chars et d'avions bombardent la ville. - Une famille interrogée par un correspondant de la BBC à Londres raconte que les pro-Kadhafi tirent sans faire de distinction entre combattants et non-combattants. (in Le Monde). - "Le chaos règne ici. Des bâtiments sont complètement détruits, des mosquées sont réduites en cendres, le sang coule dans les rues. Aucun homme ne devrait vivre une chose pareille". (source : un témoin à Sky News, in Spiegel) - Il y a cependant eu une défection : D'après la télévision d'État libyenne, un responsable de l'armée de Kadhafi qui se battait à Zaouïa a rejoint les rebelles. (in Le Monde) Voici un reportage de Sky News dans cette ville, mis en ligne aujourd'hui (et datant de ce week-end) :


Le Guardian, qui a commencé un nouveau fil, publie des extraits d'un compte-rendu de Peter Beaumont (The Observer) qui signale que le régime a coupé tous les connections téléphoniques (fixes et signaux mobiles) avec Zaouia. Les témoignages viennent de gens qui sont sortis de la ville ou qui ont réussi à capter un signal en montant sur le toit. Le régime revendique la victoire dans ce qui est décrit comme la "bataille finale", alors qu'un correspondant affirme que les combats se poursuivent. Peter Beaumont écrit :  "Des résidents décrivent une pluie de balles, des enfants et des femmes tuées, des familles prisonnières dans leurs habitations. - La violence de cet assaut marque une escalade troublante dans la guerre civile qui se déroule en Libye, suggérant que le régime poursuit à présent une stratégie où tous les coups sont permis pour écraser la rébellion, en dépit de la menace croissante d'une action internationale."

À Ras Lanouf, on craint également le pire :  Selon un journaliste de l'AFP, un avion a bombardé un immeuble d'habitation de deux étages près de Ras Lanouf soufflant la façade du rez-de-chaussée. - D'autre part, les environs de la ville ont été intensément pilonnés ce mardi. "En l'espace de cinq minutes, six obus ont explosé, certains à seulement une centaine de mètres de la route côtière, à environ 13 km à l'ouest de Ras Lanouf", affirme l'AFP. (France 24)

~ mercredi 9 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]


Nouvelle prestation télévisée du colonel K., enregistrée "tard hier soir" dans l'hôtel de Tripoli où sont "parqués" les journalistes occidentaux. Fin abrupte de ce document "intégral" pour laisser la place à un écran publicitaire. Rien de bien nouveau dans cette interview. Le bouc émissaire reste Al Qaida, mais on relèvera cette remarque surprenante : "Si  Al Qaida n'est plus un ennemi, alors dès demain, nous, on rencontre Ben Laden et on se met d'accord avec lui, il deviendra notre ami si on considère que ce n'est pas du terrorisme." - Préfiguration d'un retournement de veste ? - Un nouvel élément toutefois : les événements actuels  sont maintenant présentés comme un "complot colonialiste". - Et le déni reste toujours aussi impressionnant : "Il faut être fou de tirer sur des manifestants pacifiques, jamais je n'aurais fait ça, jamais je n'aurais accepté qu'on tire sur une seule personne..."

Ce matin, la situation à Zaouia reste extrêmement inquiétante. Si les communications avec la ville sont toujours coupées, les informations ne nous parviennent qu'au compte-gouttes : Les blindés des forces loyales à Mouammar Kadhafi se rapprochent ce matin de la place centrale de Zaouïah (à l'ouest de Tripoli), toujours tenue par les insurgés, a dit un combattant rebelle à Reuters (France 24). - Selon Al-Arabiya qui rapporte les propos d'un insurgé, les tanks des forces loyalistes se rapprochaient mercredi matin de la principale place de la ville. (Le Monde) - Reuters rapporte également que la raffinerie de la ville a été fermée à cause des combats : "Il y a des tirs d'artillerie lourde aux alentours, et nous ne pouvons pas faire tourner la raffinerie dans ces conditions", a dit un officiel à l'agence. Et un habitant rapporte : "La situation n'est pas très bonne. Ils ont encerclé la place avec des chars et des snipers ... C'est très effrayant. Il y a beaucoup de snipers." (Al Jazeera)

À midi, Le Monde écrit : Des obus sont tirés sur la route entre Ras Lanouf et Ben Jaouad. Selon les dernières informations, Ras Lanouf fait l'objet d'un violent pilonnage.  

[12:40] Karl Stagno-Navarra, journaliste à Malte, a rapporté à Al-Jazira que trois des cinq avions de la flotte privée des Kadhafi ont décollé, respectivement pour Vienne, Athènes et Le Caire. Ses sources sont celles du contrôle aérien à Malte et à Chypre. (ibid.)

[13:20] Les Égyptiens ont confirmé qu'à bord de l'un des avions [de Kadhafi] qui a atterri au Caire se trouvait un haut responsable libyen, chargé de l'approvisionnement et de la logistique. (ibid.) Il s'agirait du Général Major Abdul-Rahman bin Ali al-Saiid al-Zawi porteur d'un message de Kadhafi aux autorités égyptiennes (Al Jazeera et libyafeb17.com).

L'intervention de Daniel Cohn-Bendit sur la Libye au Parlement européen, qui plaide pour une "auto-critique" de l'Europe (pour avoir entretenu des relations avec les régimes dictatoriaux) et une reconnaissance diplomatique du Conseil national de transition :


En prévision d'une zone de non-vol sur la Libye, le Guardian fournit une carte des bases aériennes. En bleu l'Otan, en rouge les insurgés, en vert le régime libyen :


Cet après-midi, Al Jazeera met en ligne quelques images de la banlieue de Ras Lanouf, où un "terminal pétrolier (Guardian) ou une raffinerie (Le Monde) ont été bombardés. Avec la fumée et les flammes de l'explosion la caméra montre un avion de combat et les tirs vains des canons anti-aériens.:


Le dernières nouvelles de Ras Laouf et Zaouia données par Le Monde : Les affrontements font rage entre pro et anti-Kadhafi sur la route entre Ras Lanouf et Ben Jawad, dans l'est du pays. Des raids aériens menés par les pro-Kadhafi ont fait exploser des installations pétrolières. Des flammes de plusieurs centaines de mètres sont visibles dans le ciel de Ras Lanouf. - L'AFP affirme de nouveau que les rebelles se replient. 'Ils semblaient pourtant avoir gagné du terrain, tirant quelque 50 roquettes, alors que certains d'entre eux avançaient vers l'ouest dans les dunes ou sur la plage", affirme l'agence. "Mais les troupes gouvernementales ont alors tiré une dizaine d'obus et les rebelles ont dû battre retraite vers l'est, signe que la ligne de front se rapproche de plus en plus de Ras Lanouf." - A Zaouïa, dans l'ouest du pays, le centre-ville serait toujours aux mains des rebelles, mais les forces loyalistes se rapprocheraient de la place principale. La plus grande raffinerie du pays a été fermée.  - Un témoin confirme que les forces pro-Kadhafi encerclent Zaouia, dans l'ouest du pays. "Les révolutionnaires contrôlent le centre de Zaouia et les forces de Kadhafi sont autour. C'est du "50-50" affirme Rachid, un Marocain de 48 ans arrivé de Zaouia et qui vient juste de passer côté tunisien avec sa femme et ses quatre filles. 

D'autres informations de l'après-midi semblent indiquer une volonté de négociation du régime. Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères donne ce renseignement, qui reste à confirmer :  "Deux avions du régime libyen semblent avoir quitté la Libye pour Bruxelles avec l'intention d'envoyer des émissaires de Kadhafi rencontrer les participants aux réunions de l'UE et de l'OTAN sur la Libye, qui ont lieu demain et après-demain", affirme-t-il.  (Le Monde). En effet, ce soir, l'information est démentie : Les portes-paroles de l'Otan et de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, démentent attendre la visite d'emissaires de Kadhafi à Bruxelles, contrairement à ce qu'avait annoncé le ministre des Affaires étrangères italien mercredi dans l'après-midi. (France 24) Un diplomate européen donne un autre renseignement, lui aussi sujet à caution : : "Un avion est en route pour le Portugal, avec à son bord un membre" du régime de Kadhafi, a indiqué le diplomate. "Il est prévu qu'il rencontre le ministre portugais des Affaires étrangères", a-t-il précisé, sans plus de détails.  Cette rencontre a été confirmée (a eu lieu) dans la soirée. (Al Jazeera)

Par ailleurs le régime lance une chasse à l'homme pour le moins étrange (et cynique) : Selon Reuters, les autorités libyennes offrent une rançon de 500.000 dinars libyens, soit 400.000 dollars, pour la capture de Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national mis en place par les insurgés. (source : TV d'État sur France 24

Sur le front humanitaire : Un pont aérien va être organisé par la France avec le soutien financier de l'Arabie saoudite pour rapatrier dans leur pays 12.000 Bangladeshis qui travaillaient en Libye et qui cherchent à regagner leur pays, indique-t-on de source diplomatique française. (in Le Monde)

Quant à la zone d'exclusion aérienne, il y a deux sons de cloche : Les États-Unis préfèreraient que ce soit l'Otan et non une coalition de pays qui conduise les opérations, si l'ONU donnait son feu vert à une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye. "Les États-Unis estiment que l'Otan est le choix naturel" pour mener une telle opération, a déclaré un haut responsable américain à l'AFP, à la veille d'une réunion de deux jours des ministres de la défense de l'Otan.  - De son côté, la France est opposée à une intervention de l'OTAN. "Il s'agit maintenant d'arrêter la répression meurtrière que le régime du colonel Kadhafi continue à déployer. La France a pris une position très claire : l'OTAN n'est pas l'organisation adaptée pour le faire", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé (in Le Monde)

Ce soir, le Guardian, qui a commencé un nouveau fil d'actualité, publie le témoignage d'Ibrahim, combattant dans la ville martyre de Zaouia (à Reuters par téléphone) : "Nous avons sorti [les forces pro-Kadhafi ] et nous sommes maintenant de retour sur la place... Ils sont à un kilomètre, à présent... Il n'y a pas de combats pour le moment... C'est une bataille à la vie et à la mort pour nous, nous n'avons rien d'autre à faire que nous battre [contre Kadhafi]... Nous manquons de nourriture et de lait pour bébé. C'est un désastre. Les adultes arrivent à tenir sans nourriture, mais les bébés ne comprennent pas et pleurent."

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