~ note commencée le 18, actualisée le 19 mars 2011 ~
(derniers développements à la fin de l'article)
Flux d'actualité : [Al Jazeera] [France 24] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel]
[00:00] Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté voici 25 minutes à New York. Avec 10 voix pour et 5 abstentions (Chine, Russie, Allemagne, Inde, Brésil), la résolution n°1973 imposant une zone d'exclusion aérienne sur le territoire libyen et d'autres mesures nécessaires pour protéger la population civile, à l'exception d'une intervention terrestre, vient donc d'être adoptée. [PDF anglais] [version française]
Selon un certain nombre de déclarations, la zone de non-vol pourrait être en place dans quelques heures. On devine que les militaires sont en état d'alerte maximale. Il s'agit maintenant de s'accorder, de mettre au point les derniers ajustements qui ne seront certainement pas criés sur les toits.
On peut craindre que le colonel K. prenne en otage les journalistes "invités" à Tripoli. Mais aussi qu'il prenne des mesures de rétorsion extrêmes, dont lui seul a le secret. Il a menacé de transformer la Libye en nouveau Vietnam. La situation afghane n'est pas non plus pour rassurer sur l'issue de cette confrontation, qui peut sembler "jouée d'avance". Or, aucune guerre ne l'est. Et il s'agit bien d'une déclaration de guerre (certes implicite) que les Nations Unies viennent de lancer au colonel K.
Une autre possibilité, déjà évoquée il y a quelque temps, est l'élimination pure et simple du colonel K. par son entourage. A l'image de l'empereur Néron, démis par le Sénat romain et poussé au suicide. Ce fut alors une opération de "salut public". Aujourd'hui, il suffirait de mettre le colonel aux arrêts et d'attendre la suite. Un possible massacre serait évité, et l'honneur des militaires libyens sauf.
[00:45] Une conférence de presse tenue par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khalid Kaim, vient de s'achever : Après avoir pris connaissance de la résolution de l'ONU, le régime semble disposé à collaborer avec les instances internationales pour "venir en aide" à la population civile et se dit prêt à réagir "positivement" à la décision prise par le Conseil de Sécurité. Ce n'est pas vraiment le même son de cloche que tout à l'heure (voir, au bas de la page, l'intervention du colonel K.). - L'AFP résume d'autres propos du vice-ministre : la Libye est prête pour un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais demande de discuter auparavant des détails de sa mise en œuvre. Il [le vice-ministre] juge que la résolution de l'ONU menace l'unité du pays et constitue un "appel aux Libyens à s'entretuer".
[01:10] En bras de chemise, la foule exaltée dans le dos, Tony Birtley d'Al Jazeera est à bout de souffle dans la liesse nocturne de Benghazi. Probablement est-il lui aussi content d'avoir échappé au coup de force annoncé, et désormais impossible. Personne ne le blâmera. Mais on peut s'inquiéter pour Anita McNaught, à présent à l'antenne sur la chaîne qatarie, en direct de Tripoli, où une escalade est toujours possible. - Au même moment, le Wall Street Journal, cité par libyafeb17, annonce que l'Égypte, qui a pourtant déclaré qu'elle ne participerait pas à une opération militaire, est en train de fournir en armes légères (fusils d'assaut, munitions) les combattants de l'insurrection.
(derniers développements à la fin de l'article)
Flux d'actualité : [Al Jazeera] [France 24] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel]
[00:00] Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté voici 25 minutes à New York. Avec 10 voix pour et 5 abstentions (Chine, Russie, Allemagne, Inde, Brésil), la résolution n°1973 imposant une zone d'exclusion aérienne sur le territoire libyen et d'autres mesures nécessaires pour protéger la population civile, à l'exception d'une intervention terrestre, vient donc d'être adoptée. [PDF anglais] [version française]
Selon un certain nombre de déclarations, la zone de non-vol pourrait être en place dans quelques heures. On devine que les militaires sont en état d'alerte maximale. Il s'agit maintenant de s'accorder, de mettre au point les derniers ajustements qui ne seront certainement pas criés sur les toits.
On peut craindre que le colonel K. prenne en otage les journalistes "invités" à Tripoli. Mais aussi qu'il prenne des mesures de rétorsion extrêmes, dont lui seul a le secret. Il a menacé de transformer la Libye en nouveau Vietnam. La situation afghane n'est pas non plus pour rassurer sur l'issue de cette confrontation, qui peut sembler "jouée d'avance". Or, aucune guerre ne l'est. Et il s'agit bien d'une déclaration de guerre (certes implicite) que les Nations Unies viennent de lancer au colonel K.
Une autre possibilité, déjà évoquée il y a quelque temps, est l'élimination pure et simple du colonel K. par son entourage. A l'image de l'empereur Néron, démis par le Sénat romain et poussé au suicide. Ce fut alors une opération de "salut public". Aujourd'hui, il suffirait de mettre le colonel aux arrêts et d'attendre la suite. Un possible massacre serait évité, et l'honneur des militaires libyens sauf.
[00:45] Une conférence de presse tenue par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khalid Kaim, vient de s'achever : Après avoir pris connaissance de la résolution de l'ONU, le régime semble disposé à collaborer avec les instances internationales pour "venir en aide" à la population civile et se dit prêt à réagir "positivement" à la décision prise par le Conseil de Sécurité. Ce n'est pas vraiment le même son de cloche que tout à l'heure (voir, au bas de la page, l'intervention du colonel K.). - L'AFP résume d'autres propos du vice-ministre : la Libye est prête pour un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais demande de discuter auparavant des détails de sa mise en œuvre. Il [le vice-ministre] juge que la résolution de l'ONU menace l'unité du pays et constitue un "appel aux Libyens à s'entretuer".
[01:10] En bras de chemise, la foule exaltée dans le dos, Tony Birtley d'Al Jazeera est à bout de souffle dans la liesse nocturne de Benghazi. Probablement est-il lui aussi content d'avoir échappé au coup de force annoncé, et désormais impossible. Personne ne le blâmera. Mais on peut s'inquiéter pour Anita McNaught, à présent à l'antenne sur la chaîne qatarie, en direct de Tripoli, où une escalade est toujours possible. - Au même moment, le Wall Street Journal, cité par libyafeb17, annonce que l'Égypte, qui a pourtant déclaré qu'elle ne participerait pas à une opération militaire, est en train de fournir en armes légères (fusils d'assaut, munitions) les combattants de l'insurrection.
"Visage du front libyen" (al jazeera)
Ce matin, alors que l'on lutte toujours pour écarter la menace nucléaire au Japon, tous les live blogs sur la Libye ont été rétablis (ci-dessus). - Aucune opération internationale (frappe aérienne) n'a pour l'instant été signalée, tandis que le pilonnage de Misrata se poursuit : Les tirs viseraient les populations civiles et auraient déjà fait 4 morts et 70 blessés ce seul vendredi matin, selon Al Arabiya. (in Le Monde) - On signale également des combats à Zenten (ou Zintan) et Nalouf dans l'Ouest du pays (France 24). Dans la première ville, où les affrontements (violents) se poursuivent, "il y a eu des victimes des deux côtés", selon un habitant ; dans la seconde, la situation est actuellement calme, après que les rebelles ont attaqué jeudi soir une position des forces loyales à l'extérieur de la ville et (...) "pris toutes leurs armes et munitions" (AFP in Le Monde).
Il faut s'interroger sur le bien-fondé de cette résolution et des opérations étrangères en Libye. Il y a certes le sort de Benghazi et de l'insurrection en général, qui aurait sans doute été scellé sans le mandat de l'ONU permettant de sécuriser l'espace aérien et de protéger les civils. Dans cette perspective, l'adoption de la résolution ne peut qu'être saluée. Mais il y a aussi les dangers et les risques inhérents à toute guerre. Car le conflit risque de s'éterniser, d'autant plus qu'une intervention terrestre est exclue. Les insurgés commencent à recevoir de l'armement de l'étranger, ce qui va leur permettre d'avancer à nouveau vers l'Ouest. Et l'on peut imaginer que l'aviation occidentale va leur "ouvrir la route". Si l'on part du principe que le clan Kadhafi n'est pas près d'abandonner le combat, le risque d'une guerre civile se profile à l'horizon, avec des troupes terrestres de force à peu près égale. Comme dans toute guerre civile prolongée, on finira par ne plus savoir qui est qui, et le conflit va s'enliser et faire un grand nombre de victimes innocentes et inutiles. Voilà le risque ...
Par ailleurs, on peut redouter le bruit et la fureur des stratèges, des experts, des correspondants internationaux et la "couverture" médiatique du conflit, qui en font invariablement un "jeu de guerre" grandeur nature et nous transforment en "voyeurs" confortablement installés sur nos canapés avec notre paquet de chips (couch potatoes). - Il y a là une forme d'indécence, en considérant la souffrance, l'angoisse et le sang versé de l'autre côté de l'écran. Cela s'est passé lors de l'invasion de l'Irak en 2003, et cela se passera encore. Les médias d'information sont ainsi faits. Le bonheur n'intéresse plus personne. Il faut de la souffrance, des catastrophes, des combats acharnés, des "drames humains" pour nous faire oublier notre propre misère et notre insignifiance ...
[13:00] Nouveau fil du Guardian ...
Voici un plan de la situation, jeudi à 19:00, publié par l'AFP (sur France 24) :
[13:45] France 24 et tous les médias l'annoncent en même temps : Le régime libyen accepte la résolution de l'Onu appelant à un cessez-le-feu immédiat et décide l'arrêt de toutes les opérations militaires, annonce le ministre des Affaires étrangères libyen Moussa Koussa lors d'une conférence de presse. - Le Monde rapporte encore ces propos de M. Koussa : La Libye incite à l'ouverture d'un dialogue avec toutes les parties. Et : Il est inacceptable que le Conseil de sécurité autorise le recours à la force militaire.
Sur le front diplomatique, une réunion au sommet se tiendra samedi matin à Paris entre les représentants européens (France, Royaume-Uni...), ceux de la Ligue Arabe et de l'Union Africaine. [actualisation : Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon y participera également.] Une conférence de presse est prévue à 15:00. - La Chine, qui s'est abstenue lors du vote, a exprimé ce vendredi de "sérieuses réserves" sur la résolution de l'ONU. La Turquie, qui demande un cessez-le-feu immédiat en Libye, s'oppose (elle aussi) à une intervention étrangère dans le pays. (France 24). - Dans l'après-midi, on apprend que la chancelière allemande, Angela Merkel, accepte l'invitation française à cette réunion : "L'abstention n'est pas à confondre avec la neutralité", a-t-elle déclaré. (Spiegel)
Sur le plan militaire, une réunion de l'OTAN a (eu) lieu ce matin pour "discuter des implications de la résolution" et de l'état d'avancement de "la planification" des opérations "destinée à faire face à toute éventualité". (France 24) - Il y a fort à parier que l'on n'apprendra pas grand-chose de ce qui a été dit et décidé au cours de cette rencontre. Et ce qui en filtrera sera certainement sujet à caution...
M. Baroin a déclaré (confirmé) ce matin que la France participera aux opérations militaires. La participation du Royaume-Uni ne fait pas non plus de doute, celle des États-Unis (prévisible) doit encore être confirmée. Après l'approbation du parlement, l'Espagne mettra à disposition de l'Otan deux bases aériennes ainsi que des "moyens aériens et navals". On suppose également que la Grèce (Crète), Malte et l'Italie permettront aux avions de la coalition d'utiliser leurs aéroports. Du côté arabe, l'Égypte a officiellement exclu toute participation. On ne connaît pas encore la position de la Tunisie. Le Qatar et les Émirats Arabes Unis ont déclaré qu'ils s'impliqueraient militairement. Du côté européen, la Belgique vient de faire savoir qu'elle se joint à l'opération. Il est probable que le Danemark suivra le mouvement. La Norvège - L'Allemagne et la Russie, qui se sont abstenues lors du vote, déclarent (confirment) qu'elles ne participeraient pas aux interventions. (avec Le Monde et France 24) - En "compensation", la RFA propose cet après-midi un engagement plus important en Afghanistan (Awacs).
[15:00] Le Monde donne des nouvelles d'Ajdabiya : Selon des témoins et un journaliste de l'AFP sur place, des combats ont encore lieu vendredi après-midi aux alentours d'Ajdabiya, ville clé dans l'est de la Libye encore sous contrôle partiel des rebelles mais où les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont effectué des percées. - De nombreuses explosions ont notamment été entendues en provenance de Zuwaytinah, un petit port pétrolier situé à 30 km au nord-ouest d'Ajdabiya et à 160 km de Benghazi. Selon des sources médicales et des insurgés, les environs du port ont été visés par des bombardements.
[16:25] Le Spiegel écrit (semper trad.) : "La télévision publique libyenne passe pour être l'instrument de propagande du pouvoir de Kadhafi. Apparemment, la station continue de remplir ce rôle. Selon la (radio) BBC, la chaîne n'a toujours pas rendu compte du cessez-le-feu, que le ministre libyen des Affaires étrangères avait annoncé (ce) vendredi. A la place, on diffuserait des reportages sur les manifestations pro-Kadhafi."
[16:30] La Tunisie refuse catégoriquement toute participation à une opération contre la Libye. (Al Jazeera)
[17:10] Un habitant de Misrata rapporte que la ville est bombardée "sans distinction" et "en continu". L'homme au téléphone dit : Le pilonnage a été complètement délirant, complètement fou ... C'est chaotique. Je suis dans un centre médical, je ne sais pas ce qui est arrivé aux miens à la maison, je ne sais pas s'ils sont toujours en vie". Puis il passe le téléphone à un médecin qui fait état de 80 blessés. Plus tard, on parlera également de 25 morts. (Al Jazeera & Guardian).
[17:30] Le gouvernement libyen nie toute violation de son propre cessez-le-feu. Moussa Ibrahim, l'un de ses porte-parole dit qu'il est déjà en vigueur : "Nous n'avons mené aucune opération militaire aujourd'hui, ni à Misrata ni ailleurs dans le pays. Nous ne savons pas qui contacter au Conseil de Sécurité de l'ONU pour éclaircir les points techniques (technicalities) du cessez-le-feu. Voilà le problème que nous essayons actuellement de résoudre.". (Al Jazeera)
[19:00] Un point sur les forces de la coalition (avec Le Monde). L'Italie a confirmé la mise à disposition de ces bases aériennes. Aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, les États-Unis n'ont pas encore précisé leur rôle dans une première mission, ils ont cinq bâtiment de guerre sur zone et des avions sur la base d'Aviano (Italie). Le Canada envoie des chasseurs et des avions de transport de troupes. La Norvège et le Danemark proposent également leurs avions de combat pour une intervention militaire et des avions de transport à des fins humanitaires. Parmi les nations arabes, l'Arabie saoudite pourrait se joindre au Qatar et aux Émirats (EAU). - En ce qui concerne l'arsenal, il est impressionnant comparé au matériel actuel des kadhafistes. Comme je l'ai remarqué plus haut, ces armements ultra-sophistiqués donnent lieu à de longues digressions d'experts et d"analystes. On pourrait se croire dans un salon mondial de l'armement. C'est ce que la guerre a de paradoxal : elle est une vitrine publicitaire pour l'industrie de l'armement et fait naître des vocations ("pilote de chasse") chez les jeunes gens. Je dis paradoxal parce qu'elle est également génératrice de souffrances, de peurs, de "gueules cassées" et de morts atroces ...
[19:25] Le président Obama s'exprime : si M. Kadhafi n'accepte pas la résolution, il y aura des "conséquences", des "actions militaires" la feront respecter. Le président demande au régime de rétablir l'eau et l'électricité dans les villes assiégés. Il promet une aide "humanitaire et économique" au peuple libyen., et réclame l'accès aux zones en détresse. Pour ce qui est des opérations militaires : "Nous n'agirons pas seuls", dit-il, mais en "coordination étroite" avec nos alliés (Français, Britanniques, Ligue Arabe). Et le président précise bien qu'il n'y aura pas d'intervention armée sur terre. Il annonce également la présence de Mme Clinton à Paris, demain samedi. Et il conclut avec cette phrase prononcée sur un ton ferme : "Notre but est fixé, notre cause est juste et notre coalition est forte."
Ce soir, après le coup de force sur les manifestants, place de la Perle à Manama (Bahreïn), qui a fait plusieurs morts, l'état d'urgence a également été proclamé au Yémen : à l'issue des prières du vendredi des dizaines de protestataires ont été tués à Sanaa. Il y a également eu des affrontements sérieux en Syrie et peut-être trois morts.
[20:25] Le Monde relaye ce communiqué de l'Élysée : La résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité impose des obligations très claires qui doivent être respectées. La France, avec les États-Unis, le Royaume-Uni et des pays arabes estiment qu'un cessez le feu doit être mis en œuvre immédiatement, c'est-à-dire que toutes les attaques contre les civils doivent prendre fin. - Kadhafi doit mettre fin à l'avancée de ses troupes sur Benghazi et les retirer d'Adjdabiyah, Misratah et Zawiyah. L'approvisionnement en eau, électricité et gaz doit être rétabli dans toutes les zones. La population libyenne doit pouvoir recevoir l'aide humanitaire. - Ceci n'est pas négociable. - Si Kadhafi ne se conforme pas à la résolution 1973, la communauté internationale lui en fera subir les conséquences et la mise en œuvre de la résolution sera imposée par des moyens militaires.
[20:50] Al Jazeera écrit : "Des rapports indiquent que les forces pro-Kadhafi pourraient avancer sur Benghazi et ne se trouveraient plus qu'à 50 km" de la ville. La chaîne qatarie attend confirmation. - Et France 24 ajoute ceci : A Benghazi, un porte-parole de l'opposition a assuré que des "bombardements soutenus" se poursuivaient à Zenten [ou Zintan] et Misrata dans l'Ouest et à Ajdabiya dans l'Est. - Un correspondant d'Al Jazeera à Benghazi, cité par la chaîne française, signale des affrontements entre loyalistes et insurgés à Slouq et Al Magroun (~50 km de Benghazi). - Si ces informations correspondent à la réalité, la proclamation du cessez-le-feu n'aura été qu'une "opération de communication" pour retarder l'intervention des forces coalisés.
[21:25] L'AFP rapporte une forte explosion suivie de tirs de la DCA [canons anti-aériens] entendus depuis Benghazi. (in Le Monde)
Les nouvelles semblent en effet aller dans le sens d'une dernière tentative de coup de force du régime sur les places fortes de l'insurrection. Sans doute les kadhafistes comptent-ils profiter de la situation, qui laisse à penser que les forces de la coalition ne sont pas encore prêtes pour une intervention efficace. Et de la nuit ...
[22:00] Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaim sur Al Arabiya : "La présence de troupes gouvernementales à proximité de Benghazi ne viole pas le cessez-le-feu... En ce qui concerne la présence de l'armée dans des villes libyennes, nous estimons qu'elle est importante pour assurer la sécurité des habitants. Cela ne viole pas le cessez-le-feu... Le cessez-le-feu veut dire aucune opération militaire, petite ou grande. L'autre point est que des forces armées sont maintenant devant Benghazi et n'ont pas l'intention d'entrer dans la ville [en accord avec le cessez-le-feu]... Nous invitons le secrétaire des Nations Unies à effectuer une mission d'observation [en Libye]." (France 24 & Le Monde) - K. Kaim a également dit que l'aviation libyenne est restée au sol, conformément à la résolution de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne. (Al Jazeera) - Et libyafeb17 rapporte encore ces paroles : "Vous mentionnez la liberté d'expression. Quel est le rapport entre la liberté d'expression et des gens qui montent sur des tanks et lèvent les armes contre le gouvernement ? Notre position est claire, c'est la politique du gouvernement : Il n'y a pas d'attaques sur des protestataires pacifiques."
[22:10] Communiqué de l'insurrection (via Le Monde) : "Nous appelons les soldats et officiers à prendre les armes et à rejoindre Al Malgrun pour défendre l'entrée de Benghazi et bloquer les forces de Kadhafi. Nous leur demandons de s'y rendre maintenant et très rapidement". - Et le journal raconte la suite : Des dizaines de véhicules, transportant des centaines de jeunes insurgés en armes, ont ensuite pris la route de Al Magrun, a constaté un journaliste de l'AFP. Un camion transportant des lance-roquettes est aussi passé devant le check-point contrôlant l'entrée sud de Benghazi.
Il faut s'interroger sur le bien-fondé de cette résolution et des opérations étrangères en Libye. Il y a certes le sort de Benghazi et de l'insurrection en général, qui aurait sans doute été scellé sans le mandat de l'ONU permettant de sécuriser l'espace aérien et de protéger les civils. Dans cette perspective, l'adoption de la résolution ne peut qu'être saluée. Mais il y a aussi les dangers et les risques inhérents à toute guerre. Car le conflit risque de s'éterniser, d'autant plus qu'une intervention terrestre est exclue. Les insurgés commencent à recevoir de l'armement de l'étranger, ce qui va leur permettre d'avancer à nouveau vers l'Ouest. Et l'on peut imaginer que l'aviation occidentale va leur "ouvrir la route". Si l'on part du principe que le clan Kadhafi n'est pas près d'abandonner le combat, le risque d'une guerre civile se profile à l'horizon, avec des troupes terrestres de force à peu près égale. Comme dans toute guerre civile prolongée, on finira par ne plus savoir qui est qui, et le conflit va s'enliser et faire un grand nombre de victimes innocentes et inutiles. Voilà le risque ...
Par ailleurs, on peut redouter le bruit et la fureur des stratèges, des experts, des correspondants internationaux et la "couverture" médiatique du conflit, qui en font invariablement un "jeu de guerre" grandeur nature et nous transforment en "voyeurs" confortablement installés sur nos canapés avec notre paquet de chips (couch potatoes). - Il y a là une forme d'indécence, en considérant la souffrance, l'angoisse et le sang versé de l'autre côté de l'écran. Cela s'est passé lors de l'invasion de l'Irak en 2003, et cela se passera encore. Les médias d'information sont ainsi faits. Le bonheur n'intéresse plus personne. Il faut de la souffrance, des catastrophes, des combats acharnés, des "drames humains" pour nous faire oublier notre propre misère et notre insignifiance ...
[13:00] Nouveau fil du Guardian ...
Voici un plan de la situation, jeudi à 19:00, publié par l'AFP (sur France 24) :
[13:45] France 24 et tous les médias l'annoncent en même temps : Le régime libyen accepte la résolution de l'Onu appelant à un cessez-le-feu immédiat et décide l'arrêt de toutes les opérations militaires, annonce le ministre des Affaires étrangères libyen Moussa Koussa lors d'une conférence de presse. - Le Monde rapporte encore ces propos de M. Koussa : La Libye incite à l'ouverture d'un dialogue avec toutes les parties. Et : Il est inacceptable que le Conseil de sécurité autorise le recours à la force militaire.
Sur le front diplomatique, une réunion au sommet se tiendra samedi matin à Paris entre les représentants européens (France, Royaume-Uni...), ceux de la Ligue Arabe et de l'Union Africaine. [actualisation : Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon y participera également.] Une conférence de presse est prévue à 15:00. - La Chine, qui s'est abstenue lors du vote, a exprimé ce vendredi de "sérieuses réserves" sur la résolution de l'ONU. La Turquie, qui demande un cessez-le-feu immédiat en Libye, s'oppose (elle aussi) à une intervention étrangère dans le pays. (France 24). - Dans l'après-midi, on apprend que la chancelière allemande, Angela Merkel, accepte l'invitation française à cette réunion : "L'abstention n'est pas à confondre avec la neutralité", a-t-elle déclaré. (Spiegel)
Sur le plan militaire, une réunion de l'OTAN a (eu) lieu ce matin pour "discuter des implications de la résolution" et de l'état d'avancement de "la planification" des opérations "destinée à faire face à toute éventualité". (France 24) - Il y a fort à parier que l'on n'apprendra pas grand-chose de ce qui a été dit et décidé au cours de cette rencontre. Et ce qui en filtrera sera certainement sujet à caution...
M. Baroin a déclaré (confirmé) ce matin que la France participera aux opérations militaires. La participation du Royaume-Uni ne fait pas non plus de doute, celle des États-Unis (prévisible) doit encore être confirmée. Après l'approbation du parlement, l'Espagne mettra à disposition de l'Otan deux bases aériennes ainsi que des "moyens aériens et navals". On suppose également que la Grèce (Crète), Malte et l'Italie permettront aux avions de la coalition d'utiliser leurs aéroports. Du côté arabe, l'Égypte a officiellement exclu toute participation. On ne connaît pas encore la position de la Tunisie. Le Qatar et les Émirats Arabes Unis ont déclaré qu'ils s'impliqueraient militairement. Du côté européen, la Belgique vient de faire savoir qu'elle se joint à l'opération. Il est probable que le Danemark suivra le mouvement. La Norvège - L'Allemagne et la Russie, qui se sont abstenues lors du vote, déclarent (confirment) qu'elles ne participeraient pas aux interventions. (avec Le Monde et France 24) - En "compensation", la RFA propose cet après-midi un engagement plus important en Afghanistan (Awacs).
[15:00] Le Monde donne des nouvelles d'Ajdabiya : Selon des témoins et un journaliste de l'AFP sur place, des combats ont encore lieu vendredi après-midi aux alentours d'Ajdabiya, ville clé dans l'est de la Libye encore sous contrôle partiel des rebelles mais où les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont effectué des percées. - De nombreuses explosions ont notamment été entendues en provenance de Zuwaytinah, un petit port pétrolier situé à 30 km au nord-ouest d'Ajdabiya et à 160 km de Benghazi. Selon des sources médicales et des insurgés, les environs du port ont été visés par des bombardements.
[16:25] Le Spiegel écrit (semper trad.) : "La télévision publique libyenne passe pour être l'instrument de propagande du pouvoir de Kadhafi. Apparemment, la station continue de remplir ce rôle. Selon la (radio) BBC, la chaîne n'a toujours pas rendu compte du cessez-le-feu, que le ministre libyen des Affaires étrangères avait annoncé (ce) vendredi. A la place, on diffuserait des reportages sur les manifestations pro-Kadhafi."
[16:30] La Tunisie refuse catégoriquement toute participation à une opération contre la Libye. (Al Jazeera)
[17:10] Un habitant de Misrata rapporte que la ville est bombardée "sans distinction" et "en continu". L'homme au téléphone dit : Le pilonnage a été complètement délirant, complètement fou ... C'est chaotique. Je suis dans un centre médical, je ne sais pas ce qui est arrivé aux miens à la maison, je ne sais pas s'ils sont toujours en vie". Puis il passe le téléphone à un médecin qui fait état de 80 blessés. Plus tard, on parlera également de 25 morts. (Al Jazeera & Guardian).
[17:30] Le gouvernement libyen nie toute violation de son propre cessez-le-feu. Moussa Ibrahim, l'un de ses porte-parole dit qu'il est déjà en vigueur : "Nous n'avons mené aucune opération militaire aujourd'hui, ni à Misrata ni ailleurs dans le pays. Nous ne savons pas qui contacter au Conseil de Sécurité de l'ONU pour éclaircir les points techniques (technicalities) du cessez-le-feu. Voilà le problème que nous essayons actuellement de résoudre.". (Al Jazeera)
[19:00] Un point sur les forces de la coalition (avec Le Monde). L'Italie a confirmé la mise à disposition de ces bases aériennes. Aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, les États-Unis n'ont pas encore précisé leur rôle dans une première mission, ils ont cinq bâtiment de guerre sur zone et des avions sur la base d'Aviano (Italie). Le Canada envoie des chasseurs et des avions de transport de troupes. La Norvège et le Danemark proposent également leurs avions de combat pour une intervention militaire et des avions de transport à des fins humanitaires. Parmi les nations arabes, l'Arabie saoudite pourrait se joindre au Qatar et aux Émirats (EAU). - En ce qui concerne l'arsenal, il est impressionnant comparé au matériel actuel des kadhafistes. Comme je l'ai remarqué plus haut, ces armements ultra-sophistiqués donnent lieu à de longues digressions d'experts et d"analystes. On pourrait se croire dans un salon mondial de l'armement. C'est ce que la guerre a de paradoxal : elle est une vitrine publicitaire pour l'industrie de l'armement et fait naître des vocations ("pilote de chasse") chez les jeunes gens. Je dis paradoxal parce qu'elle est également génératrice de souffrances, de peurs, de "gueules cassées" et de morts atroces ...
[19:25] Le président Obama s'exprime : si M. Kadhafi n'accepte pas la résolution, il y aura des "conséquences", des "actions militaires" la feront respecter. Le président demande au régime de rétablir l'eau et l'électricité dans les villes assiégés. Il promet une aide "humanitaire et économique" au peuple libyen., et réclame l'accès aux zones en détresse. Pour ce qui est des opérations militaires : "Nous n'agirons pas seuls", dit-il, mais en "coordination étroite" avec nos alliés (Français, Britanniques, Ligue Arabe). Et le président précise bien qu'il n'y aura pas d'intervention armée sur terre. Il annonce également la présence de Mme Clinton à Paris, demain samedi. Et il conclut avec cette phrase prononcée sur un ton ferme : "Notre but est fixé, notre cause est juste et notre coalition est forte."
Ce soir, après le coup de force sur les manifestants, place de la Perle à Manama (Bahreïn), qui a fait plusieurs morts, l'état d'urgence a également été proclamé au Yémen : à l'issue des prières du vendredi des dizaines de protestataires ont été tués à Sanaa. Il y a également eu des affrontements sérieux en Syrie et peut-être trois morts.
[20:25] Le Monde relaye ce communiqué de l'Élysée : La résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité impose des obligations très claires qui doivent être respectées. La France, avec les États-Unis, le Royaume-Uni et des pays arabes estiment qu'un cessez le feu doit être mis en œuvre immédiatement, c'est-à-dire que toutes les attaques contre les civils doivent prendre fin. - Kadhafi doit mettre fin à l'avancée de ses troupes sur Benghazi et les retirer d'Adjdabiyah, Misratah et Zawiyah. L'approvisionnement en eau, électricité et gaz doit être rétabli dans toutes les zones. La population libyenne doit pouvoir recevoir l'aide humanitaire. - Ceci n'est pas négociable. - Si Kadhafi ne se conforme pas à la résolution 1973, la communauté internationale lui en fera subir les conséquences et la mise en œuvre de la résolution sera imposée par des moyens militaires.
[20:50] Al Jazeera écrit : "Des rapports indiquent que les forces pro-Kadhafi pourraient avancer sur Benghazi et ne se trouveraient plus qu'à 50 km" de la ville. La chaîne qatarie attend confirmation. - Et France 24 ajoute ceci : A Benghazi, un porte-parole de l'opposition a assuré que des "bombardements soutenus" se poursuivaient à Zenten [ou Zintan] et Misrata dans l'Ouest et à Ajdabiya dans l'Est. - Un correspondant d'Al Jazeera à Benghazi, cité par la chaîne française, signale des affrontements entre loyalistes et insurgés à Slouq et Al Magroun (~50 km de Benghazi). - Si ces informations correspondent à la réalité, la proclamation du cessez-le-feu n'aura été qu'une "opération de communication" pour retarder l'intervention des forces coalisés.
[21:25] L'AFP rapporte une forte explosion suivie de tirs de la DCA [canons anti-aériens] entendus depuis Benghazi. (in Le Monde)
Les nouvelles semblent en effet aller dans le sens d'une dernière tentative de coup de force du régime sur les places fortes de l'insurrection. Sans doute les kadhafistes comptent-ils profiter de la situation, qui laisse à penser que les forces de la coalition ne sont pas encore prêtes pour une intervention efficace. Et de la nuit ...
[22:00] Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaim sur Al Arabiya : "La présence de troupes gouvernementales à proximité de Benghazi ne viole pas le cessez-le-feu... En ce qui concerne la présence de l'armée dans des villes libyennes, nous estimons qu'elle est importante pour assurer la sécurité des habitants. Cela ne viole pas le cessez-le-feu... Le cessez-le-feu veut dire aucune opération militaire, petite ou grande. L'autre point est que des forces armées sont maintenant devant Benghazi et n'ont pas l'intention d'entrer dans la ville [en accord avec le cessez-le-feu]... Nous invitons le secrétaire des Nations Unies à effectuer une mission d'observation [en Libye]." (France 24 & Le Monde) - K. Kaim a également dit que l'aviation libyenne est restée au sol, conformément à la résolution de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne. (Al Jazeera) - Et libyafeb17 rapporte encore ces paroles : "Vous mentionnez la liberté d'expression. Quel est le rapport entre la liberté d'expression et des gens qui montent sur des tanks et lèvent les armes contre le gouvernement ? Notre position est claire, c'est la politique du gouvernement : Il n'y a pas d'attaques sur des protestataires pacifiques."
[22:10] Communiqué de l'insurrection (via Le Monde) : "Nous appelons les soldats et officiers à prendre les armes et à rejoindre Al Malgrun pour défendre l'entrée de Benghazi et bloquer les forces de Kadhafi. Nous leur demandons de s'y rendre maintenant et très rapidement". - Et le journal raconte la suite : Des dizaines de véhicules, transportant des centaines de jeunes insurgés en armes, ont ensuite pris la route de Al Magrun, a constaté un journaliste de l'AFP. Un camion transportant des lance-roquettes est aussi passé devant le check-point contrôlant l'entrée sud de Benghazi.
[23:00] Le Monde écrit : Un membre du Conseil national de sécurité américain confirme que les forces de Mouammar Kadhafi continuent d'avancer sur Benghazi, malgré l'annonce d'un cessez-le-feu.
[23:10] Et le journal rapporte cette information : Des élus américains ont estimé vendredi que le président américain Barack Obama devait obtenir l'accord du Congrès avant de se lancer dans une opération militaire en Libye. "Le fait de savoir si les États-Unis vont agir militairement ne relève pas d'une décision des Nations unies seules. Il y a un impératif constitutionnel aux États-Unis concernant la décision d'engager nos forces armées", a indiqué le représentant démocrate Dennis Kucinich, farouche opposant aux guerres en Afghanistan et en Irak.
[23:30] Le Guardian fait cette révélation "troublante" (disturbing) : Le président Obama a dit aux leaders du Congrès qu'il n'a "pas donné le feu vert à des troupes terrestres ou des avions", selon le collaborateur d'un membre du Congrès interrogé vendredi sous le couvert de l'anonymat. "Il a souligné que les USA se sont engagés sur la zone d'exclusion aérienne au plan diplomatique, non sur sa mise en œuvre."
~ samedi 19 mars 2011 ~
[12:00] A une heure de la réunion au sommet qui rassemble les membres de la coalition à Paris, il est évident que le régime ne respecte pas le cessez-le-feu qu'il a lui-même décrété. De sévères attaques kadhafistes sur Benghazi sont rapportés depuis ce matin. Un avion de chasse a été abattu. Il s'agirait d'un chasseur de l'insurrection. On ne sait pas par qui il a été abattu. Le pilote se serait éjecté, mais n'aurait pas survécu au crash.- Misrata, où l'eau est toujours coupée, continue également d'être pilonnée. Mohammed Ali, membre du Conseil oppositionnel en ville, parle de 51 morts. - Zintan est elle aussi bombardée. (Al Jazeera).
[12:30] Le gouvernement libyen multiplie les déclarations. A l'instant une conférence de presse du ministre Shoukri Ghanim, responsable du pétrole, qui dit que les gisements sont maintenant sécurisés et que les compagnies sous contrat peuvent revenir. - Dans la nuit une intervention du colonel K., qui fustige toute opération étrangère en Libye et profère des menaces, puis dans la matinée deux lettres qu'il adresse à Barack Obama pour l'une, à Ban Ki-Moon, D. Cameron et N. Sarkozw pour l'autre. La première est paradoxalement aimable et paternaliste : il appelle le président américain "notre fils, son excellence M. Baracka Hussein Obama". Et il écrit : "même si la Libye et les États-Unis d'Amérique entraient en guerre, vous resterez toujours un fils. Votre portrait ne sera pas changé. Je veux que votre image reste la même. J'ai tout le peuple de Libye avec moi, et je suis prêt à mourir, avec tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants à mes côtés. Rien de plus. Al Qaida est une organisation armée, passant par l'Algérie, la Mauritanie et le Mali. Que feriez-vous s'ils contrôlaient des villes américaines avec leurs armes ? Que feriez-vous, afin que je puisse suivre votre exemple." - L'autre lettre adopte un ton bien différent : "La Libye ne vous appartient pas. La Libye est aux Libyens. La Conseil de sécurité, sa résolution est nulle parce qu'elle n'est pas en accord avec la charte de [ne pas] interférer dans les affaires internes d'un pays. ... Vous n'avez aucun droit. Vous allez le regretter, si vous vous engagez dans ce pays qui est le nôtre. Nous ne serons jamais capables de tirer une seule balle sur notre peuple. Il s'agit de l'organisation Al Qaida." (Al Jazeera, semper trad.)
[12:55] C'est à présent le ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, qui intervient à la télévision. Il a du mal à lire son papier. Il dit que Tripoli a demandé au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'envoi d'observateurs sur le terrain afin de vérifier l'application du cessez-le-feu... Et que le régime a "rempli tous ses engagements vis-à-vis de la résolution de l'ONU". (Le Monde & Al Jazeera)
[13:10] Les différents dirigeants internationaux sont accueillis sur le perron de l'Élysée par le président français. On apprend que l'Union Africaine, hostile à une intervention en Libye, ne participera pas à la réunion.
[13:30] Le Monde relaye des sources citées par Reuters : certains pays réunis actuellement à Paris pourraient effectuer des frappes dès la fin de la conférence. - La France, la Grande Bretagne, le Canada et la Norvège effectueraient les première frappes, suivies par les États-Unis et des pays arabes, affirme cette source proche des discussions. Quelques minutes plus tard, ces ajouts de la même source indiquant que "les frappes commenceront vers 15h00 ou 16h00", tout en précisant que la progression des forces de Mouammar Kadhafi dans Benghazi ces dernières heures posait "de grandes difficultés".
[14:00] Selon Al Jazeera, l'hôpital Jala de Benghazi annonce 26 morts et de plus de 40 blessés pour cette seule matinée de samedi.
[14:05] A Benghazi, James Bays d'Al Jazeera pense que, les forces pro-Kadhafi se rapprochant toujours plus de la ville, "l'action [internationale] aurait dû commencer depuis des heures" : une fois les troupes kadhafistes entrées en ville, elles seront "très difficiles" à atteindre.
[14:35] Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement "officiel", déclare à Associated Press que les forces du régime ont respecté le "cessez-le-feu" mais que les combattants de l'opposition ne cessent de "nous provoquer" : "Nos forces armées continuent de se retirer et de se cacher, mais les rebelles n'arrêtent pas de nous bombarder et de nous provoquer". - Plus tôt dans la journée, rapporte encore AP, les gens de Benghazi ont collecté des bouteilles pour faire des cocktails Molotov et amené des cadres de lit ainsi que des pièces métalliques pour installer des barrages routiers en ville. (Al Jazeera)
[15:00] Bombardements maritimes et terrestres sur Benghazi signalés par James Bays, qui dit que la situation est "moins grave qu'à Bagdad [en 2003]". - Ce n'est pas pour nous rassurer... - Pendant ce temps, Anita McNaught fait état de célébrations à Tripoli. "Nous avons gagné la guerre... Tout est fini", entend-on dire dans la capitale.
[15:10] Les événements se précipitent : Une source militaire vient de confirmer à l'AFP que des avions Rafale français survolent le territoire libyen, rapporte Le Monde qui confirme également l'assaut sur Benghazi où, selon un correspondant de l'AFP, les milices pro-Kadhafi "tirent à l'arme lourde sur des quartiers résidentiels. Elles ont l'ordre de tirer indistinctement. Ce qui se passe est un massacre". - D'après un témoin, les quartiers Ouest de la capitale des insurgés "ont été pilonnés par les forces de Kadhafi" mais aucun char n'est parvenu au centre de la ville : "Seuls les chars des insurgés sont présents dans le centre de Benghazi, mais les miliciens sont visibles dans plusieurs quartiers".
[15:46] Nicolas Sarkozy s'exprime à la fin de la réunion au sommet de la coalition à l'Élysée. Au cours des cinq minutes de son allocution, il lance un ultime message au colonel K. de respecter "immédiatement" le cessez-le-feu, souligne sa violation actuelle par les troupes du régime et confirme la mission de reconnaissance menée en ce moment par l'aviation française sur le territoire libyen. Il conclut sur cette phrase au ton solennel : "La France est décidée à assumer son rôle devant l'Histoire." [verbatim]
[16:00] Une confirmation sur France 24 : "Il faut mettre fin à la violence en Libye mais l'Allemagne ne prendra pas part à des opérations militaires", annonce Angela Merkel.
[16:15] Sur Sky News, David Cameron dit que l'action pour défendre le peuple libyen est "urgente" : "Le colonel Kadhafi l'aura voulu ainsi. Il a menti à la communauté internationale, il a promis un cessez-le-feu, il a violé ce cessez-le-feu... Il continue de brutaliser son propre peuple, l'heure est donc maintenant à l'action." (Guardian) - Et la BBC, fidèle spectatrice de la TV officielle Al-Jamahiriyah, signale que la chaîne diffuse actuellement, après l'annonce d'une action militaire de la coalition internationale, des chansons patriotiques comme Nous ne nous inclinons que devant Dieu et La Libye est aussi douce que le miel (in Spiegel).
[16:40] A Djeddah, l'Organisation de la Conférence Islamique a tenue une réunion sur la situation en Libye où il a été décidé de nouer des contacts avec le Conseil National de Transition à Benghazi. (Al Jazeera)
[16:45] Silvio Berlusconi a déclaré que la contribution de l'Italie à l'opération militaire en cours en Libye se limitait pour le moment à la mise à la disposition des bases aériennes de la péninsule, rapporte l'agence de presse Ansa. - Le président du Conseil a toutefois ajouté que son pays pourrait par la suite participer à des raids, en fonction de l'évolution de la situation. (in Le Monde)
Cet après-midi, on apprend la mort de Mohammed Nabbous qui animait une web TV à Benghazi. Parti ce matin avec sa caméra malgré les bombardements et les combats, il a été tué en essayant de filmer l'offensive kadhafiste qu'il comptait diffuser sur Libya Alhurra. - Voici quelques jours, le site Street Press lui avait consacré une page.
[17:20] "Notre coalition est prête à agir" déclare le président des États-Unis, Barack Obama, qui se trouve à Brasilia. (France 24)
[17:25] Selon le Premier ministre canadien, un blocus naval de la Libye est en place, rapporte le Monde qui écrit également ceci : La télévision d'État libyenne a affirmé que des centaines de Libyens se sont rassemblés au QG du dirigeant Mouammar Kadhafi à Tripoli "en prévision de frappes françaises". - "Les foules se rassemblent autour des cibles désignées par la France" pour les bombarder, a ajouté la télévision, en diffusant d'images en direct de Libyens qui selon elle sont rassemblés à la résidence à Bab al-Aziziya ainsi qu'à l'aéroport international de Tripoli.
[17:30] Hillary Clinton s'exprime actuellement. Elle dit que les États-Unis soutiendront "toutes les mesures nécessaires" pour permettre l'application de la résolution, mais ne donne aucune précision sur leur engagement militaire.
[17:50] 20 appareils français sont [actuellement] engagés en Libye, selon le Colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées. - Et : Le porte-avions français Charles-de-Gaulle va appareiller dimanche vers la Libye, annonce l'armée française. (via France 24) - Une structure de commandement commune à tous les pays n'est pas encore en place, selon l'état-major (in Le Monde).
[18:10] Des avions français ont ouvert le feu sur un véhicule militaire libyen à 17H45 (heure de Paris, GMT+1), annonce le ministre de la Défense (via France 24). - Le ministère de la Défense vient par ailleurs de préciser que les opérations françaises se concentrent pour l'instant autour de la ville de Benghazi. Concernant le tir français, "une première cible a été engagée et détruite", a tenu à préciser l'état-major français. (in Le Monde)
[18:45] L'armée de l'air française a détruit quatre chars libyens [loyalistes] au sud-ouest de Benghazi, selon la chaîne Al-Jazira. (via France 24)
[19:10] Comme c'était prévisible, le président vénézuélien Hugo Chavez juge "irresponsable" l'opération militaire sous mandat de l'ONU, qui ne chercherait qu'à s'emparer du pétrole. - De son côté, "Moscou regrette l'intervention militaire en Libye" (in Le Monde).
[19:20] Des nouvelles de Misrata (via Le Monde) : Les rebelles ont annoncé avoir repoussé, au prix de 27 morts dans leurs rangs, une offensive des forces gouvernementales vendredi à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli. Samedi, la ville était calme, selon l'AFP
En Égypte, un référendum sur l'amendement de la Constitution a lieu ce samedi. Jusqu'à présent, celle-ci ne permet qu'au parti du régime déchu de présenter des candidats aux élections. La Confrérie musulmane a appelé à voter "oui" (changement), et les observateurs considèrent le suffrage comme un "test" pour mesurer la "popularité" de ce mouvement religieux (en principe "modéré").
Et à Haïti le second tour des présidentielles, longtemps repoussé, a lieu ce dimanche, sous le regard de deux émigrés de longue date, l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, revenu de France récemment, et le président déchu, Jean-Bertrand Aristide, rentré au pays hier de son exil en Afrique du Sud. Ces deux retours ont constitué des surprises. En outre un candidat, arrivé second, a été déclassé. - Le Point écrit : Selon un dernier sondage publié jeudi, Michel Martelly, mieux connu sous son nom d'artiste de "Sweet Micky", l'emporterait dimanche avec 53,4 % des suffrages, contre 46,6 % seulement à Mirlande Manigat [une "ancienne première dame" âgée de 70 ans]. Mais la participation, notoirement faible dans le pays le plus pauvre des Amériques, rend tout pronostic très difficile : à peine 23 % des électeurs inscrits s'étaient déplacés lors du premier tour, le 28 novembre [2010], pour départager les 18 candidats initiaux.
Retour en Libye avec l'analyse de Gérard Chaliand, "expert en stratégie militaire" (France 24) :
Al Jazeera relève une coïncidence surprenante : voici exactement 8 ans, le 19 mars 2003, les forces US ont lancé les premières opérations militaires de la Seconde guerre irakienne. - Le rédaction du live blog de la chaîne qatarie précise que "ce n'est pas pour suggérer une théorie de la conspiration". - En fait, la date officielle du début des opérations occidentales en Irak est le 20 mars 2003.
[20:20] Selon les sources de France 24, "les bombardements sur Benghazi ont cessé".
[21:00] Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé que les forces militaires de son pays interviennent actuellement en Libye. L'action militaire est "nécessaire, légale et juste", a-t-il déclaré. (in Spiegel) - Un responsable militaire américain dit que les cibles sont les défenses anti-aériennes du régime, en particulier du côté de Tripoli et de Misrata (in Le Monde).
[21:15] Le président Obama dit avoir autorisé des opérations militaires "limitées" en Libye (France 24) qui auraient déjà commencé (Le Monde). - Le nom de code de l'intervention coalisée est Aube de l'Odyssée, ce qui témoigne, une fois n'est pas coutume, du sens poétique un peu particulier de la gente militaire.
[21:30] Un porte-parole du Pentagone tient une conférence de presse depuis une dizaine de minutes. Il précise que 110 missiles Tomahawk ont déjà été lancés par les forces américaines et britanniques. Ce chiffre semble énorme et tendrait à indiquer qu'une destruction massive des défenses kadhafistes est actuellement lancée par l'aviation coalisée.
[21:40] Les "ennemis croisés" bombardent aussi des objectifs civils à Benghazi, Zouara et Misrata, affirme la télévision d'État libyenne. (in Le Monde)
[21:50] A présent, c'est le secrétaire général du Congrès populaire libyen qui tient sa conférence de presse à Tripoli. Il parle d'une "agression barbare", répète que des objectifs civils ont été touchés. Il dit que les ambulances sont sorties pour "sauver le plus de vies possible". Il rappelle aussi que la Libye demande la présence d'observateurs et de "missions d'enquête sur les faits (fact-finding missions)". - "Dire que la résolution n'est pas valable ne signifie pas que nous ne la prenions pas en compte positivement", répond-il à une question. Et sa réponse sur le cessez-le-feu, qui serait respecté, indique ou bien que Mohammed al-Saoui n'est pas suffisamment informé ou bien qu'il ment ....
[22:05] Également à Tripoli, Anita McNaught d'Al Jazeera dit que la ville est calme, après une grosse détonation qui a été entendue plus tôt dans la journée. Elle signale que la TV publique a annoncé qu'un avion français aurait été abattu. - Selon BFM TV, l'état-major français dément cette information. (via France 24)
On peut remarquer que les informations qui filtrent sur cette guerre (pour appeler cette "action militaire" par son nom) risquent d'être encore moins fiables que celles qui nous sont parvenus auparavant sous le régime du black-out, qui continue de frapper une grande partie du pays. Si le pouvoir kadhafiste manie depuis le début des hostilités menaces, bluffs et désinformation, les renseignements militaires vont également jouer cette carte en mettant en circulation de fausses informations tandis que les différents leaders pratiqueront la surenchère verbale et l'intimidation. - L'un des avantages des troupes kadhafistes est qu'ils peuvent prendre des quartiers résidentiels, des civils en otage pour se préserver des bombardements. C'est aussi le désavantage des troupes coalisés qui ne sont pas autorisés à fouler le sol libyen.
[22:50] Le colonel K. s'est brièvement exprimé (les chaînes d'information ont manqué son intervention par téléphone sur la TV d'État). Il a dit que "les dépôts d'armes sont ouverts pour défendre la Libye", que la Méditerranée est devenue un "champ de bataille" (une zone de guerre). Il appelle l'opération militaire en cours une "agression croisée injustifiée" et renouvelle sa menace de mener des opérations de représailles en Méditerranée. Et il lance cette harangue : "Nous appelons les peuples et citoyens des pays arabes et musulmans, mais aussi d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique, à se tenir aux côtés du peuple héroïque libyen face à cette agression, qui ne fera qu'accroître la force, la détermination et l'unité du peuple libyen". (Al Jazeera & Le Monde)
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