Le nouveau - et nième - sondage sur le thème favori des observateurs politiques, la "montée du FN", enfonce un clou passablement rouillé : Le Pen au second tour de la présidentielle quels que soient ses adversaires, comme titre Le Parisien (20 avril 2010) [ici]. Le quotidien précise qu'il s'agit d'une enquête réalisée en ligne les 19 et 20 avril 2011, selon la méthode des quotas, sur un échantillon de 926 personnes inscrites sur les listes électorales issues d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. - Voilà pour les spécialistes. Les adversaires de la dame en "bleu marine" sont, pour les principaux, aussi virtuels que, par voie de conséquence, les avis de ces 926 personnes interrogées "en ligne". Le Parisien écrit : Seul DSK (30% des intentions de vote) arrive devant la présidente du parti d'extrême-droite (21%), Nicolas Sarkozy n'obtenant que 19% des suffrages.... Selon notre enquête, face à François Hollande (22%), Marine Le Pen est au coude à coude (23%), l'actuel locataire de l'Elysée 3e (19%). Elle décroche 23% des intentions de vote dans l'hypothèse d'une candidature Aubry (21%), Sarkozy 20%. - A signaler également : Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, entre 7 et 10 % selon les hypothèses de candidature, réussit sa percée.
Très bien. Sauf que ni MM. Borloo, Strauss-Kahn et Sarkozy ni Mme Aubry n'ont encore annoncé leur candidature. La virtualité, souvent pointée dans ces pages, est donc totale : on "interroge" 926 personnes dont on estime qu'elles peuvent représenter 43.350.204 électeurs (inscrits en 2010) dans des conditions qui n'ont rien à voir avec celles d'un suffrage réel, à un an de l'échéance, sur des candidats qui, pour les plus importants, ne se sont pas encore déclarés.
Aujourd'hui, la presse se doit de commémorer la débâcle de 2002 et, fort de son sondage "exclusif", Le Parisien titre en conséquence : Vers un nouveau 21 avril ? [ici] - La conclusion de ce bref article résume les intentions du journal : Seule consolation pour la droite comme pour la gauche : la menace du FN étant cette fois identifiée, les appels au rassemblement auront plus de chance d’être entendus.
Or, ces sondages, et les commentaires qui invariablement s'y greffent, ont un effet d'amplification sur l'opinion, alors qu'ils se parent - avec une bonne dose d'hypocrisie - de neutralité et d'objectivité. L'effet d'amplification consiste à affirmer et consolider le vote FN en réinjectant les résultats précédents dans les sondages futurs et les opinions qui s'y expriment. Celles-ci se trouvent en effet confortées par la "montée du FN" annoncée un peu partout et s'enfoncent dans la brèche ouverte par "l'opinion publique" en bonne partie basée sur... des sondages !
Que l'on y compare le manque d'intérêt pour les élections "réelles" qui viennent de se tenir, où l'on constate en effet une progression du Front National, mais également une abstention record : sur 21.295.938 inscrits à ces Cantonales partielles, seuls 9.439.097 électeurs sont allés voter ! Il n'y a eu que peu de "débats" autour de cette élection "très, très locale", selon la formule un peu dédaigneuse du Premier ministre. Les résultats et les taux d'abstention n'ont guère été analysés, comme si l'on préférait discuter de candidatures "potentielles" sur la base des opinions d'un millier de personnes triées sur le volet et appâtées par une loterie qui leur permet, tout aussi virtuellement, de gagner un petit quelque chose ...
Alors que des gens se font massacrer de l'autre côté de la Méditerranée pour accéder, à côté de l'amélioration de leur condition sociale, à la liberté d'expression et la démocratie, notre pratique de la "chose publique" n'a plus rien d'un modèle du genre.
BONUS. - Voici la vidéo choisie par J.M. Bouguereau pour illustrer son billet "commémoratif" [ici].
Aujourd'hui, la presse se doit de commémorer la débâcle de 2002 et, fort de son sondage "exclusif", Le Parisien titre en conséquence : Vers un nouveau 21 avril ? [ici] - La conclusion de ce bref article résume les intentions du journal : Seule consolation pour la droite comme pour la gauche : la menace du FN étant cette fois identifiée, les appels au rassemblement auront plus de chance d’être entendus.
Or, ces sondages, et les commentaires qui invariablement s'y greffent, ont un effet d'amplification sur l'opinion, alors qu'ils se parent - avec une bonne dose d'hypocrisie - de neutralité et d'objectivité. L'effet d'amplification consiste à affirmer et consolider le vote FN en réinjectant les résultats précédents dans les sondages futurs et les opinions qui s'y expriment. Celles-ci se trouvent en effet confortées par la "montée du FN" annoncée un peu partout et s'enfoncent dans la brèche ouverte par "l'opinion publique" en bonne partie basée sur... des sondages !
Que l'on y compare le manque d'intérêt pour les élections "réelles" qui viennent de se tenir, où l'on constate en effet une progression du Front National, mais également une abstention record : sur 21.295.938 inscrits à ces Cantonales partielles, seuls 9.439.097 électeurs sont allés voter ! Il n'y a eu que peu de "débats" autour de cette élection "très, très locale", selon la formule un peu dédaigneuse du Premier ministre. Les résultats et les taux d'abstention n'ont guère été analysés, comme si l'on préférait discuter de candidatures "potentielles" sur la base des opinions d'un millier de personnes triées sur le volet et appâtées par une loterie qui leur permet, tout aussi virtuellement, de gagner un petit quelque chose ...
Alors que des gens se font massacrer de l'autre côté de la Méditerranée pour accéder, à côté de l'amélioration de leur condition sociale, à la liberté d'expression et la démocratie, notre pratique de la "chose publique" n'a plus rien d'un modèle du genre.
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