Signalé par Le Canard Enchaîné de ce mercredi, un article de L'Humanité daté du 6 avril [ici] et signé Jérôme Fourquet (directeur adjoint du Département Opinion et Stratégie d'Entreprise de l'Ifop) analyse la progression du FN au second tour des Cantonales. L'importance de l'étude tient à ce qu'elle se fonde sur les résultats d'une élection réelle et non sur des déclarations d' "intentions de vote", fortement sujettes à caution. L'analyse se base sur les résultats des 394 cantons où le parti d'extrême-droite a pu se maintenir au second tour. - L'auteur commence ainsi :
En dépit des commentaires sur « l'échec du FN », analyse fondée sur le très faible nombre de cantons gagnés, on constate une progression importante de plus de 10 points, quelle que soit la configuration de second tour (voir tableau ci-dessous).
La conclusion s'impose d'elle-même : Le FN progresse autant face au PC que face au PS ou à l'UMP. Cela démontre qu'il dispose de réserves importantes et diversifiées. Dans les cantons où se déroulait un duel droite-FN, la progression de près de 11 points du score du FN ne peut s'expliquer sans reports significatifs d'une partie de l'électorat de gauche. - ... De la même façon, la forte progression du FN face à la gauche indique qu'une part significative de l'électorat de droite du premier tour dans ces cantons n'a pas opté pour le « ni, ni » et a voté Front national au second tour.
L'objection qui voudrait expliquer la poussée du FN par une plus grande mobilisation de son électorat au second tour est rejetée par Jérôme Fourquet : En revanche, on n'observe pas de lien évident entre l'ampleur de la progression du FN entre les deux tours et l'évolution du nombre de suffrages exprimés (indicateur qu'il nous semble plus pertinent à prendre en considération que la stricte participation car, dans ce type de configuration, le nombre de bulletins blancs et nuls est assez élevé et peut venir contrebalancer une hausse de la participation). Comme le montre le tableau suivant, le nombre d'exprimés recule très faiblement dans les cantons où la poussée du FN a été la plus forte mais évolue également assez peu dans les cantons où le vote frontiste a le moins progressé :
Voici, avec la conclusion générale de cette étude instructive, un passage en revue des meilleurs scores réalisés par le Front National au second tour des Cantonales : Au total, sur les 394 cantons où il était présent en duel au second tour, le parti de Marine Le Pen passe de 25,2 % au premier tour à 35,6 % au second et, en nombre de voix, de 623.682 à 899.944, soit plus de 276.000 suffrages gagnés en une semaine. La progression du FN entre les deux tours concerne les bastions historiques : + 17,2 points à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse, + 17,1 à Guebwiller dans le Haut-Rhin, + 16,9 % au Luc dans le Var ou bien encore + 16 à Canet dans les Pyrénées-Orientales, par exemple, mais également des terres de conquête : + 15,8 points à Marennes, en Charente-Maritime, + 15,3 à Lignières dans le Cher ou + 14,4 à Pleine-Fougères en Ille-et-Vilaine. - Ces chiffres viennent souligner l'ampleur de la « poussée frontiste », ce parti franchissant la barre des 40 % dans pas moins de 83 cantons et dépassant celle des 45 % dans les 22 cantons suivants (voir tableau ci-dessous).
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