Face à l'affluence de migrants
venus de Tunisie et de Libye, munis par les autorités italiennes d'un
titre de séjour provisoire de six mois, le gouvernement étudierait la
suspension de l'accord de Schengen, comme on l'a appris vendredi à
l'Élysée. Même si l'annonce est loin d'être officielle, les commentaires
vont déjà bon train. Le FN crie à la "supercherie" par la voix de son
secrétaire général Steeve Briois [ici]
: "Face à ce tsunami migratoire, l'Élysée envisage de suspendre les
accords de Schengen de façon à lutter contre le phénomène, reprenant
ainsi une proposition de longue date de Marine le Pen. Le Front
national dénonce la supercherie et l’enfumage médiatique de Nicolas
Sarkozy. Après avoir fait des pieds et des mains pendant des années
pour vendre l’Union Européenne aux Français, voilà que l’UMP feint de
vouloir faire marche arrière. - Ces nouvelles gesticulations
médiatiques servent à masquer la duplicité du gouvernement sur la
question de l’immigration au moment où le nombre de titres de séjours
accordés aux étrangers explose." - Quant aux Jeunes Socialistes (PS),
ils déclarent [ici]
: "La rumeur répandue, par une source élyséenne, selon laquelle la
France envisagerait de suspendre les accords de Schengen, est une
nouvelle escalade dans la culture de la peur et d’un alignement
systématique de l'Élysée sur les prises de positions de Marine Le Pen. -
Par cette proposition, le Président de la République voudrait nous
faire croire que des hordes d’arabes seraient en train d’envahir le
continent européen et le territoire national. Il use une fois de plus de
son bouc émissaire favori : l’immigré. Cette situation justifierait de
sortir des accords de Schengen et de suspendre de façon unilatérale
une liberté fondamentale pour tous les individus : la liberté d’aller
et venir. - Une telle mesure est profondément injustifiée car elle ne
correspond absolument pas à la réalité. L’arrivée d’immigrés tunisiens
et libyens reste faible eu égard à l’importance des évènements dans ces
deux pays, et au fait que la France conduit une guerre dans l’un
d’eux. -Nicolas Sarkozy aurait été plus avisé de ne pas faire le choix
de soutenir et armer des dictateurs ces dernières années.
L’intervention militaire n’aurait pas été nécessaire. Les déplacements
de populations auraient été encore plus faibles. - Pis encore, avec une
telle proposition le Président de la République met en péril la
liberté de circulation des citoyens français et européens car on
imagine avec effroi les mesures de rétorsions que pourraient prendre
les pays de l’espace Schengen à l’égard de la France."
On
se le demande : S'agit-il dans cette annonce, qui n'est pour l'instant
qu'une "rumeur", d'une autre "poudre aux yeux" concoctée par les
éminences grises de M. Sarkozy ? Peut-on la rapprocher de cette autre
"mesure", déjà critiquée par les syndicats et jugée "électoraliste", de
concéder une "prime" aux salariés des entreprises qui versent des
dividendes à leurs actionnaires ? - Mais surtout : Qu'en est-il de la
"solidarité" avec les peuples du "Printemps arabe", ardemment soutenu
par l'Élysée depuis le départ de Mme Alliot-Marie du Quai d'Orsay ? - La
Tunisie, elle-même en proie aux difficultés économiques, ne
témoigne-t-elle pas d'un grand élan humanitaire envers les dizaines,
voire les centaines de milliers de réfugiés libyens qui affluent sur son
territoire ? Le soutien français se limite-t-il donc aux bombardements
et à l'envoi de conseillers militaires en Libye ?
Derrière le combat héroïque des peuples arabes pour la liberté et la démocratie se cache un profond malaise économique et social. Muselés, ces peuples sont maintenus dans un état de pauvreté sans pouvoir accéder à un confort relatif et à une situation matérielle stable. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi des dizaines de milliers de Tunisiens risquent leur vie en mer pour fuir un pays qu'ils pourraient aider à construire après des décennies d'autocratie. Certains craignent sans doute des représailles pour avoir été impliqués dans le système Ben Ali. Beaucoup d'autres estiment, peut-être à tort, que leur situation économique reste aussi catastrophique qu'avant.
Il relève de l'humanité la plus élémentaire de ne pas laisser ces gens errer sur le bord des routes européennes, mais de les accueillir, de leur parler, de monter des structures de réflexion qui leur permettraient d'envisager le futur de la Tunisie, de l'Égypte, de la Libye et leur propre concours au nouvel élan de leurs patries. Aucun migrant ne quitte son pays, sa famille, ses amis de gaîté de cœur, ne risque sa vie joyeusement pour se retrouver parqué sur le sol aride de Lampedusa. En considérant les belles déclarations des uns et des autres, il serait temps de passer à l'action et de délivrer ces réfugiés de leur condition dramatique.
Ce sont les questions de solidarité qui divisent l'Europe. D'abord l'assistance économique à la Grèce, l'Islande et le Portugal. Maintenant l'accueil des réfugiés du "Printemps arabe". Tant que l'Europe politique ne sera pas faite, tant que l'espace économique de l'UE ne sera pas "harmonisé", avec les mêmes salaires minimaux, les mêmes avantages sociaux, les mêmes taxes, nous assisterons à ce genre de scénarios proprement inhumains dans le beuglement xénophobe des Vrais Finlandais, du Front National ou d'une "Vederö" ("force défensive") hongroise qui vient de chasser la population rom d'un village où celle-ci était pourtant sédentarisée (aux dernières nouvelles, le gouvernement a cependant pu rétablir un "ordre" qui commençait à lui échapper).
Derrière le combat héroïque des peuples arabes pour la liberté et la démocratie se cache un profond malaise économique et social. Muselés, ces peuples sont maintenus dans un état de pauvreté sans pouvoir accéder à un confort relatif et à une situation matérielle stable. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi des dizaines de milliers de Tunisiens risquent leur vie en mer pour fuir un pays qu'ils pourraient aider à construire après des décennies d'autocratie. Certains craignent sans doute des représailles pour avoir été impliqués dans le système Ben Ali. Beaucoup d'autres estiment, peut-être à tort, que leur situation économique reste aussi catastrophique qu'avant.
Il relève de l'humanité la plus élémentaire de ne pas laisser ces gens errer sur le bord des routes européennes, mais de les accueillir, de leur parler, de monter des structures de réflexion qui leur permettraient d'envisager le futur de la Tunisie, de l'Égypte, de la Libye et leur propre concours au nouvel élan de leurs patries. Aucun migrant ne quitte son pays, sa famille, ses amis de gaîté de cœur, ne risque sa vie joyeusement pour se retrouver parqué sur le sol aride de Lampedusa. En considérant les belles déclarations des uns et des autres, il serait temps de passer à l'action et de délivrer ces réfugiés de leur condition dramatique.
Ce sont les questions de solidarité qui divisent l'Europe. D'abord l'assistance économique à la Grèce, l'Islande et le Portugal. Maintenant l'accueil des réfugiés du "Printemps arabe". Tant que l'Europe politique ne sera pas faite, tant que l'espace économique de l'UE ne sera pas "harmonisé", avec les mêmes salaires minimaux, les mêmes avantages sociaux, les mêmes taxes, nous assisterons à ce genre de scénarios proprement inhumains dans le beuglement xénophobe des Vrais Finlandais, du Front National ou d'une "Vederö" ("force défensive") hongroise qui vient de chasser la population rom d'un village où celle-ci était pourtant sédentarisée (aux dernières nouvelles, le gouvernement a cependant pu rétablir un "ordre" qui commençait à lui échapper).
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