samedi 9 janvier 2016

Chaos de Cologne (3)



Lorsqu'on aborde les exactions de Cologne, il faut savoir qu'il existe une « exception culturelle » en Allemagne : Les feux d'artifice individuels, pétards et fusées, y sont autorisés  pendant la nuit du Nouvel An. - Humour ou sollicitude : certains sont allés jusqu'à préconiser de mettre au parfum les réfugiés qui risqueraient de se croire brusquement revenus au pays.

Les problèmes d'immigration et d'intégration existent depuis longtemps en Europe. Et ceux qui exploitent la misère des pauvres gens – passeurs, bandes organisées, raquetteurs, souteneurs – sont aussi vieux que le monde. À mon sens, Cologne est d'abord le résultat de la conjonction explosive de ces deux facteurs. L'arrivée massive de réfugiés en provenance des zones de guerre et de disette fonctionne ici comme un « catalyseur » dont l'action précipite la réaction. À cela s'ajoutent l'alcool, la marijuana et la fête débridée comme le veut la coutume dans la capitale allemande du carnaval.

Il faut également préciser que la gare centrale de Cologne, le parvis de l'imposante cathédrale gothique et la zone piétonne, qui se trouvent à proximité, sont depuis belle lurette le terrain de jeu de la petite criminalité : voleurs, dealers, arnaqueurs en tous genres, pour qui les touristes allemands ou étrangers, présents nuit et jour, représentent une proie  idéale.

Ces différents paramètres – les uns plus importants, les autres plus anecdotiques – forment le terreau sur lequel les poussées de violence ont émergé à Cologne. L'une des nouveautés – extrêmement inquiétante – est que cette violence frénétique cible principalement les femmes et qu'elle est exercée massivement par de jeunes hommes célibataires, frustrés, désœuvrés, originaires de pays où le statut de la femme est – de notre point de vue occidental – pour le moins critiquable, s'il ne doit pas tout simplement être considéré comme arriéré ou archaïque.

L'autre  nouveauté touche à la concertation des auteurs, qui ne semble pas faire de doute, vu l'envergure et la simultanéité des exactions dans plusieurs grandes villes d'Allemagne, notamment aussi dans le quartier chaud de la Reeperbahn à Hambourg.

L'enquête toujours en cours confirmera peut-être que derrière cette apparente « dynamique de groupe » qui a semé le chaos à Cologne et ailleurs, certaines éminences grises tirent les ficelles. Deux types de marionnettistes sont en tête de gondole. Les uns appartiennent à la criminalité organisée qui, avec cette « action », pourrait tester la puissance de son réseau et l'efficacité des marionnettes. Selon une information donnée ici même, le bureau du procureur de Cologne enquête en partie dans ce sens. La motivation des autres manipulateurs est clairement politique et vise de toute évidence à déstabiliser un peu plus nos sociétés dites « ouvertes ».

Dés lors, on doit sérieusement envisager une hypothèse qui n'a rien de rassurant, car les effets des exactions de Cologne sont les mêmes que ceux des attentats du 13 novembre 2015 à Paris : dans les deux cas, les instigateurs – déclarés à Paris, dans l'ombre à Cologne – mandatent des hommes de main pour semer la panique et la terreur parmi la population ; les moyens utilisés sont certes radicalement différents – des armes de guerre à Paris, de pétards dans la foule et des agressions sexuelles à Cologne mais les situations « festives » dans lesquelles ces opérations sont menées salle de concert, terrasses de café à Paris, fête du nouvel an à Cologne – se ressemblent étrangement.



Si cette hypothèse est fondée, nous assistons à l'émergence d'une forme inédite de terreur, clairement « sociale » ou, selon les points de vue, totalement « anti-sociale ». Or, contrairement aux massacres parisiens, il n'est pas dans l'intérêt des commanditaires de se dévoiler en « revendiquant » les exactions, si tant est qu'ils entendent mettre en place un réseau qui, actuellement, pourrait être en « phase de tests » – afin d'initier des actions ultérieures, tout aussi concertées et spectaculaires qu'elles l'ont été à Cologne. 

Selon une note récente des services de renseignements allemands (BND), l'un des buts non avoués des terroristes est de jeter le discrédit sur la population musulmane d'Europe afin de pouvoir y recruter plus facilement des adeptes, nombreux et variés. Ils comptent pour cela sur les flambées de racisme et d'intolérance, sur la résurgence des guerres de religion ou des « conflits de civilisation » que leurs actions génèrent.

Le but est d'isoler la population musulmane d'Europe qui, pour une part importante, y est parfaitement assimilée depuis des générations, en menant une vie à l'occidentale où les traditions culturelles et religieuses sont maintenues davantage par nostalgie ou par respect des ancêtres que par conviction profonde. Or, quand l'exclusion, le « délit de faciès », le boycott des noms à consonance étrangère se font trop pressants, la nostalgie des parents peut se transformer en délire identitaire des enfants. Les nouveaux venus sont ici une arme redoutable car ils se trouvent en décalage total avec notre mode de vie notamment en ce qui concerne l'égalité des femmes et l'exercice de la laïcité – et les espérances qu'ils ont nourries sur les chemins d'Europe, les représentations fantasmatiques d'une société d'abondance sont très vite déçues par la dure réalité où ils sont en concurrence avec des millions de chômeurs autochtones, de mal logés et de précaires, où le luxe tant désiré restera inaccessible de toute éternité derrière les façades, les vitrines et les écrans plats.

Ainsi, la masse des réfugiés – propulsée dans ce « nouveau monde » sans travail et logement correct, sans repères familiaux, culturels, linguistiques – constitue un énorme réservoir dans lequel les recruteurs des organisations criminelles et terroristes n'ont plus qu'à puiser pour lever des légions entières au service de leurs funestes desseins.

Cette histoire ne fait donc que commencer. Mais on voudra bien me dispenser de spéculer ici sur sa fin. Et par conséquent de lui trouver une morale.


 Cologne, gare routière, photo : SK


44 commentaires:

  1. Comme notre asso d'accueil de réfugiés (il n'y en a pas encore sur notre territoire de huit communes) s"inquiétait de la réaction de l'opinion suite aux événements de Cologne, j'ai envoyé le lien avec votre blog à notre président. Merci SK de nous apporter ces éclairages.
    Une rencontre avec la maire de notre commune, accompagnée de son adjointe aux affaires sociales et CCAS, nous a montré que d'emblée... oui mais, à Cologne !...

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    1. Merci d'avoir donné le lien, Bruno, et bonne réussite à votre association !

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  2. Votre analyse est remarquable. Et les conséquences risquent d'être politiquement "sismiques" (montée des extrêmes, de droite surtout).

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  3. Bonjour SK. Il y aurait donc confirmation d'actions concertées, et -élément nouveau à ma connaissance- présomption de visées terroristes, au sens de répandre sciemment la terreur. En parallèle, on assiste -du moins en France- à une multiplication d'actes individuels, non explicitement commandités mais se réclamant de la mouvance jihadiste. Ceci s'ajoutant aux opérations de type commando comme ceux de Paris, le climat de crainte, méfiance et hostilité ne peut que se dégrader. Tous les protagonistes de ces actes ont également un lien avec la délinquance et criminalité, comme vous l'évoquez pour la grand place de Cologne. On voit en France une considérable montée de la demande sécuritaire, et en Allemagne semble-t-il un revirement de l'opinion par rapport à l'accueil sans limite (mais nos média en avaient présenté une image irénique assez peu vraisemblable, méthode Coué ou manipulation). L'idéalisme humanitaire est moralement louable, mais avoir le coeur plus gros que les bras peut avoir des conséquences néfastes.

    Nolats

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    1. Non, pour l'action "politique" à caractère terroriste, il s'agit d'une hypothèse que j'émets (ce que j'indique d'ailleurs clairement). L'action concertée, par contre, ne fait plus de doute pour le ministre fédéral de la Justice ("Garde des Sceaux"), Heiko Maas (SPD) qui s'est exprimé aujourd'hui à ce sujet > http://www.dw.com/de/mehr-als-500-anzeigen/a-18969995

      L'hypothèse de la constitution d'un réseau de criminalité organisée a été évoqué (entre les lignes) par le procureur de Cologne (cf. partie précédente)

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  4. Bonjour SK, bonjour BL,

    Merci à vous SK pour vos deux articles bien informés. J'ai relu la seconde note et les éditoriaux que vous avez eu la gentillesse de nous traduire.
    Relu aussi votre première note et votre hypothèse qui est de l'ordre du possible en effet : Le terrorisme fondamentaliste islamiste vise à désolidariser les musulmans européens de la culture laïque occidentale en l'isolant ; son allié objectif est donc le racisme anti-musulman, le populisme européen.
    Mais attendons le rapport final de l'enquête en cours. J'espère que vous nous tiendrez au courant.

    Deux remarques personnelles, en bref : 1) Il y a une misère sexuelle (frustrations) dans les communautés musulmanes aussi bien dans les pays d'origine comme en Europe. J'ai été très interpellée par un reportage (si je me souviens bien, signé "Envoyé spécial") sur cette délicate et fondamentale question en Egypte. En pleine révolution dite de "printemps arabe", place Tahrir où se rassemblaient des milliers de citoyens, de très nombreuses agressions sexuelles (et jusqu'au viol) ont eu lieu. De jeunes femmes modernes expliquaient dans ce reportage qu'elles portaient le voile en rue, non par conviction mais seulement pour se protéger de telles agressions. Un intervenant égyptien insistait sur la situation économique dramatique et le taux élevé du chômage, et qui empêche longtemps les jeunes hommes de pouvoir se marier...

    2) Il faudrait sans doute une analyse plus pointue de la xénophobie ordinaire. Pour cela, il faudrait suspendre les jugements moraux culpabilisateurs pour mieux l'appréhender et peut-être empêcher que la peur de l'étranger ne dérive en pur et simple racisme.
    Une chose me frappe dans la xénophobie, en positif comme en négatif : On connaît tous des exemples de personnes qui tiennent des propos xénophobes mais qui apprécient l'exception de leur épicier, de leur voisin direct. En négatif, - mais c'est même logique -,je repère ceci : Tant que je n'ai rien à reprocher à x, y ou z d'origine ethnique ou religieuse différente, j'oublie cette dernière, mais si x, y ou z commet un acte critiquable (Christine Taubira par exemple) ou criminel (cf. les agressions de Cologne la nuit du Nouvel An), c'est immédiatement, - comme un retour de refoulé-, leur ethnie ou leur religion qui se voit épinglée. Comme si, du coup, c'était leur identité même qui "voulait ça". Dès lors, sans prise de conscience de ce mécanisme mental ordinaire, on risque fort de sombrer dans le racisme qui ne peut que donner sur le pire.

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    1. 1) Pour les exactions de Cologne, la presse du jour évoque en effet le "taharrush gamea" (désignation arabe des agressions sexuelles en réunion) qui avait énormément choqué sur la symbolique place Tahrir car il est en décalage total avec la vision occidentale (et romantique) du "printemps arabe" qu'il aura fallu "revoir" de fond en comble par la suite. - Mais il semble que cette pratique existe également en Inde...
      2) Le risque d' "essentialisation" est toujours présent, boosté par ces événements de Cologne. Il faut que toute la lumière soit faite sur les exactions, les auteurs, leur motivation (frustration, criminalité organisée, "terrorisme social") et que la loi se durcisse : il semble que sur ce point le gouvernement va rapidement réagir (cf. les trois points mentionnés dans la partie précédente).

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  5. Salut sk,

    ce que vous exposez fort brillamment ne rentre absolument pas en contradiction avec ce que je pense et ce que même j'ai écrit. Je suis moi-même persuadé que ces agressions qui ont dépassé le cadre de la seule Allemagne ont été parfaitement orchestrée. Quant aux conclusions du BND, elles montrent qu'ils n'ont pas dû beaucoup se creuser la tête parce que cette théorie que vous rapportez, en fait une stratégie est fort bien décrite par les islamistes eux-mêmes. Je vous suggère le dernier bouquin de Kepel "terreur dans l'hexagone" pour avoir des éclaircissements à ce sujet et notamment sur l'évolution des modes d'actions islamistes. Et là on est en plein dedans, et sans doute en ce qui concerne l'Allemagne, parce qu'en France le terreau est déjà plus propice, dans le cadre d'une campagne de recrutement après avoir créé des fractures entre population d'origine et musulmans.

    Mais une fois qu'on a constaté ça qu'est ce qu'on fait? C'est bien là le cour du problème et personne n'apporte jusqu’ici la bonne réponse qui n'existe peut-être pas d'ailleurs. En tout cas la bonne réponse n'est pas de tenter de mettre sous le tapis ce genre d'événement comme il fut tenté de la faire, médias muets, police qui fait un rapport du type "RAS". ça ne fait qu'exacerber les tensions. Un problème doit être abordé de face.

    Perso, je pense que la solution, pour partie du moins, peut et même doit venir des musulmans, ceux que vous dites intégrés. Mais pas de la manière dont ils le font, du moins en France, en allant "protéger" les messes de Noël (quelle humiliation pour les chrétiens!) ou en ouvrant les mosquées. Ce n'est pas vers les autochtones que f=doivent se tourner leurs actions qui sont juste de la com pour "rassurer". C'est vers "leurs frères égarés" (pour faire court) qu'ils doivent diriger leur action, c'est vers eux qu'il faut communiquer et de façon très ferme en leur disant que les musulmans se sentent bien en France, en Allemagne, en Europe et qu'eux n'y ont pas leur place parce que ce qu'ils proposent ce n'est pas ce qu'eux veulent.
    Quant à nous, il faudra bien se résoudre, parce que d'une part la pression populaire y contraindra, et que d'autre part il existe un devoir sacré de protection des personnes, mais aussi de nos cultures et de notre civilisation, à sortir d'un discours mielleux, faux, veillant avant de s'attacher au sort des victimes réelles ou potentielles à ce qu'on ne passe pas de méchants amalgames, à prendre des mesures coercitives, par exemple s'imposer un tri parmi les migrants (recueillir pas exemples uniquement les familles et pas les hommes seuls), développer un système accrus de surveillance des lieux où se propage l'islamisme et qui sont bien connus et ne pas hésiter à frapper avant qu'ils ne nous frappent. Il faut que ces gens aient peur. Pour l'instant ils se sentent protégés par notre système de libertés qu'ils ont pour objectif de faire disparaitre.

    Pour finir, sur une note méchante, j'ai bien aimé cette phrase "originaires de pays où le statut de la femme est – de notre point de vue occidental – pour le moins critiquable, s'il ne doit pas tout simplement être considéré comme arriéré ou archaïque." Bon, ce que j'ai "aimé" c'est ce que vous mettez entre tirets. C'est ça qui m'inquiète finalement, ce relativisme qui annihile nos défense. Si on n'est pas capables, au moins chez nous, de dire que notre civilisation est supérieure à celle là, on est foutus. Et, au fait, les femmes qui font partie de la même civilisation que les hommes en question, elles en pensent quoi, à votre avis.

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    1. Je commence par la fin de vos remarques : "notre point de vue occidental" s'oppose bien sûr à "leur point de vue oriental". Cette affaire de perspectives me semble essentielle si tant est que l'on veuille dialoguer. Dans le monde arabo-musulman, le statut accordé à la femme n'est ni critiquable ni considéré comme arriéré. C'est ce que j'ai voulu souligner. - De façon un peu plus technique : les points de vue s'expriment et se comprennent par rapport à un système de référence qui - c'est important - sert également de système d'orientation. Et la chose la plus difficile pour un être humain, c'est de comprendre que son système d'orientation n'est pas bon.

      Pour la note du BND, j'ai viré une autre incise où je précisais que leur constat relevait de l'évidence. Je pensais que le lecteur était suffisamment alerte pour le constater par lui-même (comme vous l'avez fait). D'un autre côté, si j'avais parlé de ce constat comme d'une évidence sans mentionner le BND, il n'aurait pas eu la caution des pros du renseignement.

      Votre 3e paragraphe me paraît plutôt judicieux. Si elle partait probablement d'un bon sentiment, l'action des vigiles musulmans pouvait être très mal perçue, en effet. - Ici comme ailleurs, la maxime doit être : "Parents, occupez-vous de vos enfants !" Autrement dit, c'est aux anciens d'apprendre la vie aux jeunes, si possible avec bienveillance et sans oublier, comme c'est souvent le cas, que chacun doit faire ses propres expériences. - Plutôt que de s'intégrer, il s'agirait de s'adapter, et donc peut-être aussi d'adapter son système d'orientation (sa religion p.ex.) au milieu dans lequel on vit.

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    2. Je ne peux pas être d'accord avec l'esprit de ce que vous dites sur les différences de cultures. En fait je vous ai repris parce que j'imaginais bien que c'était ainsi que vous l'envisagiez dans votre billet. C'est en gros un argument qu'emploierait un avocat pour la défense de son client violeur. Moi je n'ai pas envie que ces gens soient défendus. Et j'ai peur que ce que vous appelez dialogue soit en fait négociation. Il est des points de vue qui sont irréconciliables, et le sort des femmes en fait partie. Donc là on ne dialogue pas, on explique ce que sont les règles chez nous et on les impose. Mais en plus le problème ne vient pas que de là. Il s'agit aussi de la déconsidération absolue qu'ont ces hommes pour les européennes.
      Je vous cite les déclarations d'un jeune arabe faites lors d'une enquête en Suède en 2006 :
      « Ça n’est pas aussi grave de violer une Suédoise que de violer une fille arabe. Elles ne sont probablement pas vierges de toute façon. Alors que la fille arabe aura des problèmes avec sa famille. Ce sera une source de honte pour elle. C’est important qu’elle reste vierge jusqu’au mariage. C’est presque trop facile de se taper une Suédoise. Beaucoup de garçons immigrés ont des copines suédoises quand ils sont ados. Mais quand ils se marient, ils prennent une femme convenable, de leur culture, et qui est vierge. Et c’est ce que je vais faire. Je n’ai pas beaucoup de respect pour les Suédoises. Elles se font sauter sans arrêt. »
      Quel dialogue voulez-vous engager avec des gens qui pensent ainsi? Leur place n'est pas et ne sera jamais parmi nous. Pourtant ils sont là et de avec la complicité des dirigeants de nos pays. Résultats, en Suède, pour reprendre ce pays le nombre de viols a explosé ces dernières 30 années.
      Vous savez fort bien que je suis un nostalgique de l'assimilation. Peut-être parce que j'en suis le produit. C'est la seule voie possible à mon sens. J'entends bien ce que vous dire en parlant de "s'adapter". C'est d'ailleurs un classique chez les musulmans, et même une tactique officielle. Mais s'adapter sans renoncer c'est juste faire semblant, donc vivre en état de frustration permanente en attendant l'explosion.
      Et j'en reviens donc à ce que je disais. Ce sont eux qui ont la solution. La question que je me pose est pourquoi ils se sont laissés, chez eux déborder ainsi par la religion. Il existe une célèbre vidéo de Nasser tenant un discours devant une assemblée d'hommes qui se tord de rire, Nasser en tête, quand ce dernier raconte une rencontre avec des frères musulmans qui exigeaient que les femmes se voilent. L'Algérie débarrassée du GIA a plongé de manière paradoxale dans une soumission imposée à l'islam. La Tunisie laïque de Bourguiba et Ben Ali est devenue une république soumise à la charia, même si on veut éviter de le voir. Etc.
      C'est pour cela que je ne peux pas être complètement d'accord avec vous quand vous dites que "dans le monde arabo-musulman, le statut accordé à la femme n'est ni critiquable ni considéré comme arriéré". Ce n'est pas une constante dans le temps, ni même dans l'espace. Quand j'étais plus jeune, j'ai quand même pas mal voyagé dans ces contrées, et j'y a vu des grandes différences au moins entre les familles, et ce dont je suis sûr, c'est que beaucoup de femmes musulmanes trouvent leur statut critiquable et arriéré. D'ailleurs j'espère beaucoup plus de femmes musulmanes que des hommes pour faire évoluer la situation.
      Et donc, j'en termine, partir de ce qui apparait comme un fait, ou une essence d'un monde particulier, comme vous le faites, me semble être une grande erreur. Car elle transforme en trait culturel immuable, et j'ai essayé de montrer que ça ne l'était pas, le discours des éléments les plus radicaux et de ceux qui légitiment leur domination sur les femmes par religion et culture.

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    3. Bien reçu, Vlad, pris par le temps je ne pourrai répondre que ce soir. - Simplement ceci: Je sais que nos désaccords sont profonds, mais nous arrivons tout de même à échanger sur certains points sans trop nous prendre la tête. C#est en tout cas mon sentiment.

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    4. Voilà, je suis de nouveau en ligne pour lire à tête reposée votre post et y répondre dans la mesure du possible. À ma réponse précédente, sur la question des points de vue - pour être encore un peu technique je parlerais plutôt de perspective, comme je préfère aujourd'hui adaptation à intégration - j'avais l'impression d'une sorte de partie d'échec entre nous, et je pensais que ma réponse est ce qui s'appelle un "bon coup". Je vois à présent qu'il y avait de la stratégie derrière. Alors je vais vous dire comment je vois notre désaccord, et l'enjeu de cette discussion : ce qui est en question, c'est l'universalité, face à la relativité des choses. Rassurez-vous, je ne vais ni vous sortir Einstein ni vous fatiguer avec le structuralisme, mais avouez qu'il y a matière à réflexion.

      Quand je dis "ni critiquable ni considéré comme arriéré" par rapport au statut de la femme, je parle d'une perspective, certes relative, mais qui se veut universelle. C'est ce qu'il faut comprendre quand vous parlez avec les gens. Et quand vous définissez cette perspective comme repère, système d'orientation, pour les gens, qu'ils pensent en outre valable pour le monde entier, vous voyez la difficulté. Or, si vous faites pareil, ça ne passera pas : votre universalisme, quelque objectif qu'il soit, ne sera pas accepté parce que la place est déjà prise dans la tête de l'autre.

      Ce qui veut dire : oubliez tout ça si vous ne voulez pas dialoguer, mais gardez à l'esprit que pour l'autre il est question d'orientation. J'ajouterais qu'il est très difficile de soigner les fous - et les endoctrinés - parce qu'ils s'orientent à travers leur folie ou leur délire.

      Par la suite, je reviendrai peut-être un peu plus en détail sur ce que vous écrivez...

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    5. J'ai lu plusieurs fois vos observations très bien informées et je m'incline devant les vérités factuelles que vous rapportez.

      Pour le dialogue, je voudrais simplement ajouter cette maxime des films d'action (et dans un sens un peu décalé de la dramaturgie racinienne) : ou bien vous vous parlez ou bien vous vous tuez. C'est donc une question de vie ou de mort.

      Ce type de 2006 que vous citez, s'il fait partie des violeurs, il écope d'une lourde peine de prison, sinon c'est juste un petit con qui se vante. Il n'aura pas beaucoup de succès avec les nanas un peu alertes et les belles filles de son pays. Aucun intérêt, le garçon.

      Quant au côté symptomatique de la déclaration, certes, il faut prendre ça en considération. Mais la règle est claire, comme on dit en Espagne: "On regarde mais on ne touche pas". Et l'explication à donner est simple: Dans nos pays, il existe une égalité de droit entre l'homme et la femme. Si dans les faits, elle n'est pas encore réalisée partout (salaires etc.), cela ne veut pas dire que tu peux molester quelqu'un - homme ou femme - dans la rue, parce que tu te crois fort en t'attaquant à plus faible (ou "inférieur"). C'est un délit: papiers, prison !

      Évidemment qu'il faut être ferme, Vlad, aucune discussion la-dessus! Et quand tu es invité, tu te comportes en invité (comme ta mère te l'a appris). Sinon tu t'en vas.

      Mais vous posez une question du plus haut intérêt: Comment le monde arabo-musulman en est-il arrivé là, après le grand Nasser et le jeune Bourgiba (sénile, le vieux a fait pas mal de conneries, au moment de la révolte du pain à Tunis dans les années 1980, par exemple).

      Il y a évidemment la force et l'attrait de l'alliance qui produit les "autorités théologico-politiques", dénoncées chez nous dès 1670 par Spinoza (qui devait encore publier son Traité sous le couvert de l'anonymat).

      Il y aussi, dans l'univers hyper-technologique - et donc hautement rationnel - qui est le nôtre, la résurgence d'une forme de "pensée magique", comme j'ai essayé de le montrer sommairement dans un autre article.

      Quant à l'adaptation : pour l'étranger, il s'agit - j'insiste un peu lourdement - d'adapter son système d'orientation. N'importe quel psychologue un peu sérieux vous dira que l'on ne peut jamais se défaire tout à fait des impressions de la petite enfance qui - c'est le cas de le dire - orientent toute une vie. C'est là un désaccord technique entre nous qu'une clarification ultérieure pourrait éventuellement lever.

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    6. (commentaire coupé en deux car trop long pour blogspot)

      Salut sk,

      C'est vrai qu'au moins avec vous on peut discuter et émettre des avis qui donnent à d'autres des boutons au point qu'ils choisissent la seconde partie de votre proposition : "ou bien vous vous parlez ou bien vous vous tuez" au moins de façon symbolique, soit en vous insultant, soit en fermant le débat en considérant vos propos comme définitivement nauséabonds… Ce qui est dommage car finalement s'il existe de profonds désaccords, on se rend compte que quand on pousse un peu les analyses on y retrouve des choses communes.

      Tout est au départ dans la vision du réel, et son interprétation. On pourrait partir de Péguy pour comprendre cette impossibilité de discuter entre certains. "Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit." Et disons que c'est ce que je reproche beaucoup à des personnes ayant une vision utopique de la société et qui la voient telle qu'ils voudraient qu'elle soit, et qui donc ne supportent pas la contradiction. Le processus mental de cette démarche a parfaitement été analysé par Léon Festinger (L'échec d'une prophétie) et autres psychologies sociaux. Donc soit on interrompt un dialogue qui n'a d'ailleurs jamais commencé, soit on commence à chercher des explications autres que rationnelles, ou déconnectées de la situation telle qu'elle se présente objectivement. On a donc droit dans le cas qui nous touche souvent à la misère des quartiers, les conséquences de la colonisation, de l'esclavage, le racisme de la société d'accueil et bien sûr d'elle seulement, la xénophobie, le repli sur soi. Mais je veux bien prendre chacun de ces points et démontrer, certains diront avec ma mauvaise foi habituelle, que tout ça c'est bidon ou partiellement bidon. Il ne fait pas en effet négliger certains déterminismes de source historique, surtout quand ceux-ci sont tellement mis en avant que les fameuse victimes de toutes ces horreurs, même s'ils n'en sont que les descendants qui ont pu néanmoins, par exemple, participé à leur façon à l'esclavagisme, finissent par s'en persuader et se croient en droit de faire valoir une dette devenue éternelle.

      à suivre

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    7. suite

      J'ouvre une parenthèse sur ce diktat de la pensée à partir d'un exemple. Après que fut votée, à l'unanimité, c'est dire la misère politique, la fameuse loi Taubira, déjà elle, sur l'esclavage, une loi qui ne prenait en compte que le seul esclavage dont furent partie prenante les Européens, car il n'y avait pas qu'eux dans le coup, il est devenu difficile de parler de l'esclavage autre que celui-ci. Un universitaire, Olivier Pétré-Grenouilleau, sans doute un des plus grands spécialistes mondiaux dans ce segment, publie en 2004 "Les traites négrières. Essai d’histoire globale", un ouvrage dont la qualité est remarquée et qui reçoit plusieurs prix, dont celui de l'Académie Française (si vous disposez du moyen de lire les livres en format epub je vous l'envoie volontiers). Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Car le brillant universitaire a commis le crime d'envisager la traite négrière dans sa globalité incluant donc la traite interne et la traite musulmane, ce qui le place dans le collimateur de certains. Il enfonce le clou en 2005 en déclarant dans une interview donnée à un journal que la traite négrière ne fut pas un génocide et que la comparaison qui fit faite par certains avec le génocide des juifs est absurde. Objectivement on ne peut qu'être d'accord avec ça puisqu'il n'a jamais été question de détruire un peuple à l'occasion de la traite, d'autant plus que l'esclave représente une valeur marchande qu'il n'est donc pas question d'éliminer. Là c'en est trop. Le "beau monde" se mobilise, Claude Ribbes en tête, un collectif se crée portant plainte pour négation de crime contre l'humanité et réclamant son exclusion de l'université, et Taubira déclare que le fait que qu'Olivier Grenouilleau, professeur d'université, payé par l'Education nationale sur fonds publics, puisse enseigner ses thèses aux étudiants pose un vrai problème.

      Je suis désolé pour la longueur, mais cet exemple est symptomatique des difficultés de dialoguer qu'on peut rencontrer sur les blogs, et aussi dans la vraie vie. Dès lors qu'on s'enferme dans un schéma de pensée, on n'est même plus capable de comprendre les mots de l'autre autrement que par un filtre idéologique.
      Mais ce processus qui n'a plus rien de dialectique constitue aussi, pour moi, une façon d'expliquer, au moins en partie, la crise qui nous mine de l'intérieur, pour être clair et en revenir à notre sujet pourquoi il existe un terreau favorable à l'islam radical chez des jeunes nés en France, et pourquoi la société se fracture selon une ligne religio-ethnique. Des gens qui ont vécu depuis leur plus tendre enfance dans le sentiment d'être victimes, d'être enfants de victimes ne peuvent adhérer à la société dans laquelle ils vivent puisque c'est d'elle que vient tous leurs maux. Par ailleurs quand la société en question a elle-même au moins partiellement assimilé ce message qui fait qu'elle est le produit d'une histoire immonde et a donc appris à se désaimer, elle n'est plus en mesure d'offrir de résistance collective aux agressions qu'elle subit.

      Je vais m'arrêter là pour l'instant. Là j'ai voulu lier votre remarque sur la possibilité de dialoguer et son contraire et une certaine logique des événements qui nous touchent actuellement.
      Il y a évidemment beaucoup à dire sur les causes de ces derniers, et en particulier sur la ré-islamisation ou la radicalisation des pays musulmans. Il y a des volumes à écrire sur le sujet.

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    8. Vlad, Sk,

      Je trouve enrichissant de suivre votre mutuel souhait de dialogue.
      J'aimerais insister en passant que nous ne sommes jamais, ni de droite ni de gauche ni soi-disant sans positionnement politique, "neutres" et donc objectifs. Nous n'avons pas accès au réel tel qu'il serait, mais à un réel éclaté dont nous ne nous faisons que telle ou telle représentation ; sans doute d'abord à partir de notre propre point de vue. Et ce dernier doit beaucoup à notre ancrage social, aux aléas de notre propre histoire, à nos propres engagements.

      Mais c'est le juste (le plus juste) qui devrait diriger notre pensée et nos débats. Et la quête de la justice implique nécessairement le point de vue de l'autre, et surtout celui qui a le moins droit à la parole publique.

      Si la vérité du réel ne relève que de ce que je pense moi et mes semblables, eh bien, c'est sûr, je ne tiendrai qu'un discours idéologique.

      Je trouve regrettable qu'à cause des attentats terroristes qui s'en prennent à l'âme même de nos démocraties, nous nous mettions à adopter la pire des raideurs guerrières et à succomber à sa stupide logique attendue : "C'est eux ou nous". Et à moins de détruire radicalement ces autres qui nous dérangent, qui ont une autre entrée dans un pseudo réel monolithe, nous ne pouvons que tenter de risquer ce que nous n'avons quasi jamais essayé jusqu'ici, à savoir le décentrement ; plus explicitement un décentrement européocentrique.

      Je sais bien, c'est beaucoup plus difficile à opérer en période de fragilité ; mais ne serait-ce pas s'inscrire dans les nobles lettres des Lumières, que d'oser un tel questionnement ?

      Qui donc pourrait le mieux, intellectuellement parlant, prendre en compte l'histoire d'anciens colonisés sinon cet Occident remarquable, héritier des Lumières ?

      Je sais bien, Vlad, que sous l'ère esclavagiste, il y avait la traite arabe, et je tiens même à insister que l'état fasciste de Daesh, monstrueusement fondamentaliste, s'appuie sur le Coran même, pour justifier, la mise en esclavage (sexuel bien sûr d'abord) immonde de nombreuses femmes. C'est évidemment et strictement intolérable. Mais, précisément héritiers des penseurs des Lumières, et précisément parce que notre civilisation a succombé à cette pire aliénation (encore en Allemagne sous le 3e Reich nazi), nous ne devrions pas avoir peur de mettre en cause notre propre histoire (pas propre du tout !), et être fiers de nos possibles remises en cause.

      Ce n'est pas du tout ce à quoi nous assistons. Quasi tout le monde montre ses muscles de vikings contre ceux d'arabes, et si ça continue, c'est en effet à la guerre des civilisations que nous, ou nos descendants, auront à faire.

      Ce qui est si difficile, c'est que à cause de crétins (oui, des crétins assassins), les ponts entre cultures différentes risquent de se rompre.

      A mes yeux, l'intellectuel authentique, ne peut que mettre en garde contre un affrontement frontal entre cultures.

      Plus difficile que jamais.

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    9. @Plumeplume (première partie)

      Je reviens sur quelques points de votre commentaire.

      Ça me parait évident que notre perception de la réalité n'est pas neutre. Reste que celle des faits peut le rester. Or, souvent les faits, les simples faits, font l'objet de déformation dans leur exposé quand ils sont exposés, le silence, comme ce fut le cas pendant 4 jours en Allemagne, comme ce fut le cas plus tôt en Suède pour des faits similaires, étant lui-même une manipulation extrême de ceux-là. Mais il se trouve désormais qu'existent les réseaux sociaux, que les sources d'information non officielles se multiplient, même s'il faut faire le tri, et on se rend compte que souvent, très souvent on nous ment, en transformant la réalité ou en l'escamotant. Résident en Russie, je lis régulièrement des articles sur ce pays y exposant une vie n'ayant rien à voir avec celle que je peux observer quotidiennement. C'est un exemple. Alors bien sûr on comprend vite pourquoi en ces périodes d'une tension qu'il faut évidemment alimenter quitte à utiliser le mensonge pour cela. Au début des années 90, Patrick Bourrat, mort sous les chenilles d'un char américain depuis, qui était correspondant de TF1 à Moscou expliquait à un de ses amis qui vivait aussi à Moscou et qui lui reprochait de ne montrer qu'une partie de la réalité, la plus sordide évidemment, qu'il répondait à la ligne éditoriale de son journal et que son futur poste en dépendait. Cette digression est là pour expliquer que même l'accès aux faits est compliquée, ce qui est intolérable dans une soi-disant démocratie où les citoyens pour décider de leur destin par la voie des urnes devraient avoir accès sans limite (excluons ce qui ressortit du secret défense) à une information honnête et exhaustive.

      Tout ceci est un drame pour nous qui tentons d'analyser une réalité dont finalement nous ne connaissons que des bribes. Et ce qui est sans doute le plus grave, c'est que nous bouchons les trous, souvent, avec notre subjectivité, nos représentations du monde. Alors, nous-mêmes, qui sommes victimes d'une manipulation du réel, pourrions-nous faire cet effort de considérer avec honnêteté, ce qui nous est accessible et vérifiable, sans le transformer, sans en oublier des morceaux.
      Et donc je 'inquiète quand vous écrivez que "c'est le plus juste qui devrait diriger nos pensées et nos débats". Parce que là il ne s'agit même plus de tenter d'analyser une situation, mais de faire une interprétation en phase avec notre conception de la justice. Or, même si évidement on pourra se mettre d'accord sur quelques fondamentaux, le" common decence" d'Orwell, au minimum, tout cela nous ramène exclusivement à notre subjectivité. Or une analyse causale sérieuse ne peut pas reposer là-dessus. Il est même d'ailleurs parfaitement inutile ensuite de proposer des solutions puisque celles-ci sont déjà inscrites dans l'analyse.

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    10. @Plumeplume (seconde partie)

      Dans le cadre qui nous intéresse et qui nous a amené ici sur ce blog, on risque rapidement de tomber dans ce travers. Quand vous parlez de "décentrement européocentrique", je subodore quelque chose qui ne me plaira pas. Certes je veux bien, et d'ailleurs il le faut, faire un effort d'empathie dans le cadre de l'analyse, et juste dans ce cadre, pour comprendre comment l'autre peut penser. Mais dans ce cas je n'irai pas plus loin parce que le système de valeurs de l'autre et le mien sont inconciliables. Et puisque vous évoquez des raideurs guerrières regrettables, je constate aussi que c'est l'autre qui "m"'a déclaré la guerre.
      Et pour être parfaitement honnête et clair, si nous devons nous remettre en cause, ce n'est pas pour des raisons auxquelles vous pourriez penser. Lévi-Strauss qui aurait sans doute rejoint e camp de réacs s'il avait écrit "Race et culture" aujourd'hui, mais déjà à son époque ça n'était pas passé inaperçu a écrit : Chaque culture se développe grâce à ses échanges avec les autres cultures. Mais il faut que chacune mette une certaine résistance, sinon, très vite, elle n’aurait bientôt plus rien qui lui appartienne en propre à échanger." Et je crois que notre grande faute réside bien là, c'est de ne pas avoir suffisamment résisté.

      Alors pourquoi? A cause de notre histoire justement ou notamment. Parce que nous avons fait cette erreur que vous cautionnez de "mettre en cause notre propre histoire" et de "prendre en compte l'histoire d'anciens colonisés". On ne peut mettre l'histoire en cause. L'histoire est écrite et ne peut se réécrire. Ou alors allez au bout de votre logique, dites que Blum est un salaud, que tous ces gens de gauche de la fin du 19ème siècle qui voulaient apporter la civilisation à des sauvages sont des salauds. Nos anciens colonisés comme vous dites, tant qu'on les nommera ainsi demanderont que soit honorée une dette, et ne pourront jamais intégrer une société qui elle-même explique qu'elle les a maltraités. Aucun ressortissant de nos anciennes colonies ne peut prétendre à davantage de droits et de compréhension qu'un immigré venant d'Europe, d'Asie ou d'ailleurs. Les immigrés issus de l'Indochine n'ayant jamais fait valoir un statut d'anciens colonisés ne nous posent pas les problèmes que nous posent d'autres. Parce que, et j'en reviens à ce que j'écrivais un peu plus haut, parce que nous n'avons pas su résister. Je vous invite à lire ou à relire "les territoires perdus de la République" pour comprendre ce qu'est ne pas résister. Et vous comprendrez aussi que ce ne sont pas juste des crétins assassins ou agresseurs sexuels qui posent problème et que c'est un mouvement de fond auquel il faut faire face.

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    11. Bonsoir, je ne peux passer que très rapidement, je prendrai le temps demain pour faire quelques remarques, notamment sur ce point très intéressant que vous soulevez, Vlad ("réalité dont finalement nous ne connaissons que des bribes. Et ce qui est sans doute le plus grave, c'est que nous bouchons les trous, souvent, avec notre subjectivité, nos représentations du monde") et votre citation de Levi-Strauss. Pour le bouquin, je veux bien, si vous avez mon adresse (sinon elle se trouve en haut sous "SK EN LIGNE ?", un peu déformée pour parer aux spams). En échange je vous propose "Soumission" de Michel H. dans le même format, si vous ne l'avez pas.

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    12. Vlad (1),

      Merci de m'avoir longuement répondu et sans agressivité malgré vos, mes désaccords.
      Il n'est pas toujours simple de se faire comprendre en quelques lignes. Et il est vrai que ma formulation "c'est le plus juste qui devrait diriger nos pensées et nos débats" comme ça, sans autre explicitation, prête à confusion, et donc à objection. (J'avais un peu en tête l'expression "vérité judiciaire".)
      J'ai lu souvent que les « gauchistes », les « humanistes », les « bien-pensants » (sans distinction) occultent volontairement ou par aveuglement idéologique, les « faits bruts », un réel qui ne les arrangerait pas. Il y a tout de même quelque chose, malgré beaucoup de simplisme, qui est à prendre en compte dans une telle critique : Il est toujours difficile de bien considérer ce qui va à l'encontre de ses propres représentations, et derrière, ses propres convictions. Mais, d'après moi, cela est tout autant le cas pour l'homme dit de gauche que pour celui dit de droite.

      Personnellement, depuis la multiplication des crimes perpétrés après ceux d'un Merah à Toulouse, j'ai dû rectifier ma représentation, prendre en compte beaucoup plus gravement l'antisémitisme arabe dans son effectivité, et au fil d'une actualité inédite, - le départ de nombreux jeunes européens pour le "djihad" en Syrie et leur retour pour le mener chez nous -, modifier en partie ma conception de la tolérance en matière de culte. Je veux dire surtout que les Services de Sécurité de nos états démocratiques doivent pouvoir surveiller efficacement ce qui se passe dans certaines mosquées, certains quartiers, des sites djihadistes. Je pense qu'il faudrait par tous les moyens légaux possibles, encourager seulement un islam européen, c’est-à-dire surtout non inféodé par exemple au wahhabisme et au salafisme.
      La Belgique, qui se définit comme état neutre, implique la reconnaissance de certaines religions et organisations non confessionnelles. Cette reconnaissance s'accompagne du financement du culte ainsi que de l'organisation dans les écoles de cours issus de ces religions ou option philosophique. Mais du coup, elle peut avoir un droit de regard et de contrôle sur ce qui se prêche et s’enseigne. Dans le contexte actuel, je me trouve d’accord avec la position d’hommes de droite mais aussi situés à gauche qui souhaitent accroître le contrôle du côté des mosquées et des enseignants musulmans. Pour des raisons historiques (liées à notre défunt roi Baudouin), la grande mosquée de Bruxelles (à deux pas du rond-point Schuman et des bâtiments des institutions européennes) a été donnée en cadeau à l’Arabie saoudite. En conséquence, pendant des décennies, dans notre pays, ce sont donc des imams wahhabistes et salafistes qui sont venus diriger beaucoup de mosquées ; la plupart ne parlant même pas français… (à suivre)

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    13. (suite)

      Je reconnais volontiers, Vlad, que je n’ai pas été alarmée par ce problème avant le fait d’un authentique terrorisme en France. Cependant, en démocratie, il faut des faits et non de simples suspicions pour que les services ad hoc puissent agir.

      Ce qui me laisse inquiète, c’est la non prise en compte de « faits » qui n’apparaissent pas à « l’état brut » parce qu’ils ne le sont effectivement pas. Un événement tragique comme celui de l’agression de plus de 500 femmes à Cologne, est visible, immédiatement représentable (allez tout de même lire sur Le Monde aujourd’hui l’article des décodeurs, et qui démonte l’usage d’images fallacieuses utilisées sur les réseaux sociaux pour s’en prendre aux « migrants » de Cologne). Car oui, il y a des « faits » qui ne se donnent pas comme « bruts », il y a par exemple la puissance de la Finance mondialisée, les multinationales qui défient ou plus exactement minent les états, la spéculation sur les biens de première nécessité, l’achat de territoires africains à dimension de pays par la Chine, il y a un chômage effectif et durable chez nous, il y a en conséquence une dualisation de nos sociétés (ceux qui ont, auront – ceux qui n’ont pas, resteront pauvres (sauf rares exceptions – rêve américain oblige, mais l’exception confirme seulement la règle).

      Il y a aussi ce qui ne peut être mesuré parce que par essence, il échappe à la mise en tableaux chiffrés, la perte de sens de sa propre existence et qui touche tant et tant de jeunes en désœuvrement et même en désespérance. Car, oui, c’est sans doute une donne que mettent en évidence des gens dits de gauche, il est dramatique et dangereux de ne pouvoir offrir un avenir chez nous à des tas et des tas de jeunes, et qui plus est sont issus de l’immigration.
      Il est temps, plus que temps, de réaliser que le modèle du travail pour tous est devenu obsolète.

      Perso, j’entends suivre de près l’expérience à titre d’essai de « l’allocation universelle » osée en Finlande, et je vous invite à lire la remarquable étude de mon compatriote Philippe Van Parijs sur le sujet, aux éditions « La Découverte », et qui peut (pour raison extrêmement généreuse et de sensibilisation politique) se lire en ligne ici : https://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/etes/documents/2_7071_4526_2.pdf

      Voilà. C’est tout pour aujourd’hui.

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    14. Je crois que en effet qu'un point essentiel est que nous ne pouvons jamais avoir qu'une perception fragmentaire de la réalité ; en accord avec certaines hypothèses des neurosciences, mais aussi en se basant sur la simple expérience personnelle, on peut dire que la fonction de l'imaginaire - et j'ajouterais : des rêves nocturnes - est de combler ici les lacunes évidentes ("boucher les trous").

      En relation avec les rêves (qui concerneraient tous les mammifères et oiseaux : les "homéothermes"), la fonction imaginaire est donc une donnée naturelle qui, certes, prend des proportions gigantesques dans les différentes civilisations humaines (notamment avec les représentations artistiques et les symbolisations diverses et variées), mais que l'on ne peut comprendre que si on recherche son "utilité adaptative" (au sens de Darwin). Ce serait beaucoup trop long de développer ce point ici, mais je pense que la fonction imaginaire est d'abord au service de l'orientation (évoquée ci-dessus) et de l'anticipation de certains obstacles et facilités ou situations néfastes et bénéfiques (représentation d'une intention, d'un désir réalisés). Nous pouvons constater ces deux constantes dans nos rêves, les anticipations s'appuyant sur certaines expériences passées (il faut remarquer l'actualité permanente du rêve, où le passé et l'avenir ne sont que rarement discriminés).

      L'imaginaire permet alors de créer un "horizon" comme représentation "holographique" d'un monde qui n'est en réalité perçu que par fragments. On voit surgir les problèmes lorsque l'imaginaire est accaparé par la prescription d'une "vision du monde" manipulatrice, voire auto-suggestive, mais surtout fermée, alors que notre organisation cérébrale se présente d'abord comme un système ouvert (capable d'apprendre, d'évoluer, de corriger ses erreurs, de s'adapter à une situation nouvelle).

      Sans en tirer de conclusion hâtive, je tenais à préciser ces points qui m'intéressent tout particulièrement, l'onirologie scientifique étant un de mes grands centres d'intérêt.

      À plus tard



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    15. Je précise que mon commentaire ci-dessus, envoyé en même temps que ceux de PlumePlume (Bonjour !) se rapporte à la remarque de Vlad faite plus haut : "réalité dont finalement nous ne connaissons que des bribes. Et ce qui est sans doute le plus grave, c'est que nous bouchons les trous, souvent, avec notre subjectivité, nos représentations du monde".

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    16. @Plumeplume (partie 1)

      Pour illustrer votre propos et puisque vous en parlez, je vais reprendre l'affaire Mehra. Elle est tout à fait caractéristique d'erreurs de jugement ou de perception des événements dues à un positionnement idéologique.
      Alors que le massacre vient d'avoir lieu dans l'école juive de Toulouse et que le tueur n'est pas identifié, le lien avec le meurtre de militaires arabes et antillais (celui-là sera blessé et restera lourdement handicapé puisque tétraplégique) se dessine. Il sera confirmé quelques heures plus tard par la balistique. Et donc pendant quelques heures, puisque c'est le lendemain que Mehra sera identifié, on voit une bonne partie de "la bienpensance" dénoncer l'extrême-droite. Ça y est on avait notre Breivik à nous, encouragé d'ailleurs par les discours de Sarkozy alors en campagne présidentielle. De mon côté, le même jour, je réagis dans un billet (toujours lisble) à cela en m'attaquant à SOS racisme dont je trouve le discours ignoble sur l'affaire et j'envisage la piste islamiste. En gros voilà la différence de raisonnement. Alors que SOS racisme et consorts évacuent les militaires pour ne voir que des arabes et un antillais, je ne vois que les militaires. J'aurai d'ailleurs partiellement tort puisque le fait qu'ils aient été imaginés par Mehra comme musulmans, donc des gens se battant contre leurs frères en Afghanistan, a joué un rôle. Et donc quand on considère des arabes, des noirs et des juifs assassinés on privilégie l'extrême-droite, tandis que si on voit davantage le militaire que l'arabe ou le noir et qu'on y ajoute le meurtre de juifs on envisage la piste islamiste. Du reste j'en étais quand même resté au stade de l'hypothèse tandis que SOS racisme et d'autres avaient largement dépassé ce stade. Mais non seulement il 'y a pas eu d'excuses, mais même certains, comme un journaliste de l'obs, on exprimé leur désappointement devant ce coupable qui n'était pas celui dont ils avaient rêvé.
      J'ai repris cet exemple parce qu'il est typique de la construction d'une certaine réalité en fonction de ses convictions.

      (à suivre)

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    17. @plumeplume (partie 2)

      Et je me permets de continuer, cela sans avoir l'objectif de vous accabler, sur cette affaire et les autres qui ont suivi. Vous écrivez, et je mets ça à votre crédit, "depuis la multiplication des crimes perpétrés après ceux d'un Merah à Toulouse, j'ai dû rectifier ma représentation, prendre en compte beaucoup plus gravement l'antisémitisme arabe dans son effectivité". Mais voilà, l'antisémitisme dont vous parlez était déjà palpable bien avant pour qui voulait le voir. Au début des années 2000 par exemple est paru "Les territoires perdus de la République", un collectif où interviennent essentiellement des enseignants en collèges ou lycées de Seine-Saint-Denis. Ce livre qui vient d'ailleurs d'être réédité montre dans toute son horreur cet antisémitisme, mais aussi la manière dont il a été traité, en fait souvent ignoré de façon délibérée. Et les Mehra, Kouachi et autres sont les jeunes ados qui sont décrits dans ce bouquin, qui expriment au quotidien par les mots et par les actes leur haine héritée ou acquise par capillarité du juif et plus largement de ce qui n'est pas eux. Si on avait agi à cette époque, et même avant, tout d'abord en acceptant cette réalité, peut-être n'en serions pas nous où nous en sommes aujourd'hui. Mais nous ne l'avons pas fait et en payons le prix fort.

      Le problème évidemment est d'être capable de poser le bon diagnostic pour au moins tenter d'enrayer le processus, s'il n'est pas trop tard. Bien sûr il y a ce qui vient "d'eux", d'influences religieuses néfastes, …, mais il y a aussi ce qui vient de nous. Hier j'ai déjà évoqué un point en parlant de la manière dont nous les avions considérés, davantage comme victimes que citoyens en puissance. Par parenthèse j'en veux particulièrement à Mitterrand pour cela qui en réponse à la marche des beurs qui pouvait ouvrir des perspectives heureuses en terme d'intégration et d'accès plein à la citoyenneté a préféré faire ouvrir cette officine qu'est SOS racisme, boite à slogans qui a confiné cette jeunesse issue de l'immigration africaine au sens large à ce statut de victime.
      Mais je suis entièrement d'accord avec vous quand vous dénoncez les méfaits du libéralisme privant de sens toute une jeunesse. Je suis de droite, certes, mais pas de celle du pognon. Je suis d'autant plus sensible à cela que ce fléau touche bien au-delà des jeunes de banlieues. Le jeune provincial bien blanc, issus de la classe moyenne, s'est vu aussi privé de sens à sa vie. Et ce n'est donc pas un hasard que toutes ces conversions et ces départs en Syrie pour y mener le djihad. Et là le problème est de taille puisque il sera bien plus facile de surveiller les mosquées ou d'expulser des imams pourris que de donner du sens. D'autant plus que rien, mais absolument rien, ce serait plutôt le contraire (je vois déjà avec horreur les résultats que va donner le traité de libre-échange transatlantique, celui dont la réalité est cachée aux citoyens et même à leurs représentants), n'est entrepris pour redonner du sens à notre jeunesse.

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    18. Vlad,


      Mon commentaire (scindé seulement parce que les réponses longues sont impossibles sur blogger) s’inscrivait prioritairement dans la problématique de vérité/ réel / représentation/ convictions personnelles, qui s’est développée ici sur le blog de SK.

      Je n’ai pas découvert l’antisémitisme arabe suite à l’affaire Merah, mais bien que celui-ci a basculé du sentiment haineux à l’effectivité criminelle, en répétitions compulsives depuis ; et encore tout récemment à Marseille, heureusement sans mort de l’homme qui portait la kippa…
      J’ai seulement voulu vous indiquer comment personnellement j’ai dû élargir mes propres représentations d’un réel difficile.
      Cela doit nous alerter, aussi parce que nous connaissons notre histoire européenne récente, nous ne pouvons pas ne pas savoir que la destruction massive et industrielle de quasi 6 millions de Juifs a été l’affaire d’un état civilisé, de la culture de Goethe, de Beethoven et de ses illustres penseurs et hommes de science. Nous avons dû tirer la leçon que non, décidément non, la civilisation ne fait pas automatiquement reculer la barbarie mais peut même la rendre plus efficace. Moi, personnellement, je tiens à garder cette terrible leçon en tête, aujourd’hui même.

      Pourquoi ? Parce que, avant-hier, hier, aujourd’hui, demain, la logique primaire du bouc émissaire, inscrite quasi dans les gènes de l’espèce humaine, risque constamment de l’emporter chaque fois qu’il y a conflit d’intérêts (économiques et / ou idéologiques). Elle est d’autant plus présente, partagée et efficace en temps de crise. Cette logique offre alors parfois quelque attrait supplémentaire pour les hommes de pouvoir ou d’avoir, car étant remarquablement très obsédante, elle distrait le peuple de ses problèmes à lui.
      J’ai été particulièrement choquée de cette imbécile moquerie que j’ai vu se répandre sur notre blogosphère de l’Obs : « pas d’amalgame, hi ! hi ! ». Eh oui, si on a la chance de vivre bien et en démocratie, on se doit de combattre les amalgames. Vous comme moi, nous ne pouvons oublier où peuvent mener les amalgames, n’est-ce pas ?

      J’ai lu quelques recensions de l’essai que vous citez, « Les territoires perdus de la République », signé d’un nom d’emprunt, mais bien le livre de l’historien Georges Bensoussan. J’ai lu aussi des articles qui critiquent sa méthodologie, l’absence de prise en compte d’acteurs sociaux engagés sur le terrain, mais, avec ou sans la référence de Bensoussan, nous savons bien tous qu’il ne peut y avoir que de problèmes phénoménaux de tous ordres dans ces quartiers de misère ; le non-droit (drogue, petite et grande criminalité) étant partout dans les métropoles du monde, la tendance qui tend à l’emporter dans ce type de zones. Rien de nouveau dans le monde de la débrouille…

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    19. (suite)

      Les problèmes gravissimes que nous connaissons chez nous aujourd’hui avec la montée en puissance de l’islamisme politique et terroriste touchent tous les pays, qu’ils aient été hier ou soient aujourd’hui dirigés par des gouvernements de droite comme de gauche. En fait, ils sont inédits, et liés, chez nous, à ce phénomène assez récent de nos jeunes débauchés par Daesh par des recruteurs, et qui reviennent, pour certains dangereux d’entre eux, semer la terreur ici.
      Certains ont vu plus tôt venir le problème, ont alerté l’opinion publique. Mais, qu’est-ce qu’un Etat démocratique peut réellement faire de répressif sur le simple fait d’une tendance à la radicalisation ? Rien sinon que de surveiller de près ses protagonistes. Tout état démocratique possède ses Services de Sécurité. S’il faut à tout prix s’en prendre à qui ou à quoi que ce soit aujourd’hui, ce me semble très futile et idiot de s’en prendre à la doxa dite de gauche, et ce serait lui donner un pouvoir qu’elle n’a pas, pas du tout par rapport aux nouveaux ennemis de notre République à tous.

      Alors quoi ? Moins de République ? Moins de démocratie ? Car de fait, la démocratie nous offre plein d’avantages quand tout va plus ou moins pour le mieux, mais elle demeure un régime politique fragile, sans doute le plus fragile en cas de très gros pépins en son propre sein…

      Un exemple qui date d’hier soir. Grande tempête médiatique autour de la rumeur que Salah Abdeslam, l’homme traqué depuis les attentats sanglants de novembre à Paris, aurait pris contact avec un avocat belge. Invité sur le plateau du journal télévisé, un magistrat expert en matière terroriste, a affirmé avec beaucoup de fermeté, que si c’était le cas, tel avocat était tenu au silence absolu selon le Droit Constitutionnel, et que s’il confirmait ce scoop, il se trouverait hors Droit. Et pourtant le même magistrat, un peu plus tard dans l’interview, appelait de ses vœux une possible criminalisation des centres de radicalisation islamistes, financés par le Qatar ou l’Arabie saoudite…

      C’est très lassant de lire sempiternellement sur de nombreux blogs de l’Obs la seule mise en cause de la gauche, alors que, si on y réfléchit un peu plus et mieux, ce qui nous menace tous et toutes, n’a strictement plus rien à voir avec n’importe quelle de nos doxa, dite de gauche ou de droite. Et qu’il serait tout à fait possible de réfléchir avec nos sensibilités politiques nécessairement et heureusement différentes, comment résister à ce nouvel intra-terrorisme et en même temps sauvegarder notre état de droit. Et perso, ceux dont je me méfie, ce sont tous ceux qui, surfant sur toutes les menaces terroristes qui nous visent, souhaitent pour de vrai moins de démocratie, l’amenuisement, voire la suppression de l’indépendance des pouvoirs législatif et judiciaire et leur inféodation au seul pouvoir exécutif du moment qu’il soit exercé par un vrai tribun, un authentique homme de poigne…

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    20. Vlad,

      Une dernière chose, sur un autre terrain. J'ai lu sur votre blog que vous ne preniez pas très au sérieux tous les scientifiques qui alertent contre le réchauffement climatique à cause de l'activité humaine. Il vous a suffi d'en appeler au fait qu'il y avait des climato-sceptiques.

      Toujours dans la perspective qui nous occupe ici (la représentation du réel en fonction et surtout courageusement contre nos convictions), avez-vous pris en compte cette enquête qui démontre que certains "scientifiques" ont accepté des financements occultes de la part de lobbys industriels pour tenir leur position climato-sceptique ?

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    21. Plumeplume,

      ce soir, étant donné l'heure où je vous lis, je ne vous répondrai que sur le dernier point, celui concernant le climat.
      Je suis étonné de votre lecture et je dois donc me citer pour rectifier certaines choses :
      "J'avoue ma grande ignorance en ce qui concerne les choses relatives au climat.... elle (l'ignorance) ouvre une brèche à un fantastique bourrage de crâne, à l'émergence d'une nouvelle croyance collective avec ses dissidents qu'on méprise ou qu'on prive de parole. Gaïa über alles."

      De fait vous confirmez mon propos. celui qui "doute" ou qui n'adhère pas inconditionnellement à ce qui ressemble à une croyance devient un dissident.

      C'était le principal objet de mon propos agrémenté d'un passage assez long sur le GIEC qui est tout sauf un organisme scientifique puisqu'aucune recherche n'y est faite qui ne fait que recenser certains résultats de recherche, mais apparemment pas tous puisque ceux des climato-sceptiques sont ignorés, et en les trafiquant au besoin. Déjà en termes de méthodologie c'est quand même fort discutable. Et par ailleurs j'emploie exactement le même argument que vous pour expliquer que le réchauffement climatique d'origine humaine est une opportunité extraordinaire qu'ont trouvé certains, et quelques-uns des champions de l'écologie sont en cause (l'ex-patron du GIEC et Al Gore notamment), pour se faire du pognon.

      Si vous avez le temps, et pouvez vous extraire de lectures "sérieuses" je vous invite à lire ce petit ouvrage que j'ai découvert depuis. L'auteur est Iegor Gran et le titre "l'écologie en bas de chez moi" (je peux vous l'envoyer en format epub si vous le souhaitez. ça part de la réaction de l'auteur qui publie réellement un article dans libé au moment de la sortie du film "Home" de Yann Arthus-Bertrand. C'est écrit souvent avec humour et sans prétention, surtout pas scientifique, mais sous cette superficialité apparente, il y a une réflexion de fond qui met souvent le doigt là où ça fait mal. J'ai retrouvé en tout cas dans ce livre pas mal de choses que je pensais sur le sujet, et notamment sur le caractère dogmatique du réchauffement. L'article proposé à libé commence par "Leni Riefenstahl en avait rêvé, Yann-Dieu l'a fait" (phrase censurée dans l'article qui est paru).

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    22. (partie 1 -désolé j'ai été obligé de faire la césure au milieu d'un raisonnement)

      Plumeplume,

      J'ai lu plusieurs fois vos commentaires pour tenter d'en bien comprendre le sens, mais sans être sûr d'y être parvenu. A moins que vos représentations me paraissent surprenantes.
      Mais vous me reprendrez le cas échéant.

      J'ai, en vous lisant, le sentiment que votre crainte majeure est que l'Europe, face aux agressions islamistes, se mue en monstre se donnant pour objectif d'éradiquer les musulmans de son espace. Je pense que c'est ainsi que je dois comprendre votre référence à la shoah. Or on ne peut comparer que ce qui est comparable. Tout d'abord on n'a guère vu, et même pas du tout, de juifs se faire sauter le caisson dans des cabarets, ou défourailler dans la rue entre les eux guerres et même avant et après. Et je dirai que vous pouvez être rassurée en voyant que même agressée violemment par des islamistes, la France, l'Europe en général, souvenons-nous par exemple de Madrid et Londres, ne se dont pas muées en vengeurs sanguinaires. Ce qui s'est passé à l'occasion de la Saint-Sylvestre dans plusieurs villes européennes, ces actes commis par des jeunes apparemment majoritairement de culture musulmane, n'a pas provoqué de mouvements de foules assassins. On 'a pas connu de nuit de cristal après aucun de ces événements, même si les officines auto-chargées de la chose ont noté une recrudescence d'actes islamophobes mais toujours soigneusement exprimés en pourcentage et non en valeur absolue, ce qui aurait quand même le désavantage de montrer qu'il y a moins d'actes islamophobes qui existent que d'actes antisémites et surtout, et de loin, d'actes anti-chrétiens.
      Donc rassurez-vous! Et d'ailleurs le plus grand danger officiellement reste toujours l'extrême-droite.
      Et c'est donc là que je vais situer le fameux "pas d'amalgame". Cette expression me parait à la fois risible et tragique. Risible parce que comme je viens de tenter de vous le montrer elle ne s'appuie sur rien de tangible. Tragique parce qu'elle s'est transformée en une injonction à ne pas penser ce qui se produit au nom du maintien d'une espèce de paix civile. En tant que telle je la considère comme une insulte, et d'abord aux victimes. Et je devrais ajouter pour la caractériser contreproductive car elle me parait à force d'être utilisée de façon systématique désigner en creux des coupables.

      Il faut portant bien réfléchir à ce qui arrive. Et réfléchir à cela en explorant tous les chemins et donc en n'en évitant pas certains qu'on a pris l'habitude de nous interdire par des barrières grotesques. J'en cite deux de ces barrières-dogmes : "l'immigration est une chance pour la France, l'Europe", "l'islam est religion de paix, amour, tolérance." Ben moi, vous voyez, c'est un eu comme le climat, je ne suis pas convaincu juste parce qu'on me rabâche ça dans les oreilles depuis tellement d'années maintenant.
      Etant moi-même issu d'une famille pour partie immigrée, je pourrais applaudir au premier dogme. Mais je m'en garderai bien. Et je continuerai même à m'en garder si des comptables parvenaient à me convaincre que les immigrés rapportent davantage que ce qu'ils coutent. C'est le dernier argument d'ailleurs fort douteux, en tout cas maintes fois réfuté qu'on nous sert pour nous vendre l'immigration. C'est aussi la vision onusienne. De fait toutes les technocraties internationales, celles qui considèrent l'homme comme une unité de consommation/production, pensent ainsi.

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    23. (2ème partie)

      Pour moi l'immigration peut être une calamité si elle nous impose de tourner le dos à notre culture, à notre civilisation, à nos valeurs parce que celles des immigrés auraient autant le droit de s'exprimer chez nous. C'est la vision de la commission européenne exprimée il y a une dizaine d'années et vantant un processus réciproque. Et cette vision me parait abominable.
      Abominable parce que, et j'en viens au seconde dogme sur l'islam, parce que culturellement il y a des incompatibilités qui ne peuvent se résoudre que par le conflit, quelle que soit sa forme. L'islam ne peut être bienvenu chez nous que si les musulmans se conforment à nos valeurs. Parce qu'évidemment il faut faire la différence entre les deux ou du moins l'espérer. Islam veut dire soumission, et c'est déjà une raison de désespérer, mais en fin on pourrait espérer, on aurait pu espérer que, justement, suivant notre modèle de sécularisation conduisant à la laïcité, les musulmans reprennent le dessus sur leur religion ou du moins en excluent ce qui culturellement ne doit pas exister chez nous.
      Evidemment ce n'est pas facile, ça ne marche pas sur injonction. Mais le combat est perdu d'avance dès lors qu'on met l'immigré et l'accueillant sur le même plan, et dès lors qu'on se satisfait de slogans pour ne pas à réfléchir sur la manière d'intégrer les musulmans, tous les musulmans. Car évidemment certains ont réussi cette intégration, et certains ont même réussi, j'en ai parmi mes connaissances à se débarrasser du fardeau de la religion. Et eux ne diront jamais que l'islam est religion de paix et d'amour. Ils pensent strictement le contraire.

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    24. (Troisième et dernière partie)

      On ne peut pas ne pas faire le lien sur ce qui s'est passé il y a quelques mois en Suède et qu'on avait tu, sur ce qui s'est passé à Cologne et dans d'autres villes d'Europe, avec ce qui s'est passé sur la place Tahrir au Caire au moment de la révolution qui allait emporter Moubarak.
      Et là, j'en viens à vos propos sur la démocratie, la République et les actions qui peuvent (ou ne peuvent pas) être menées. Déjà, mais ce serait bien trop long pour développer ça maintenant, je pense sincèrement que nous ne sommes plus en démocratie depuis longtemps, je me demande d'ailleurs si nous l'avons été déjà. Nous en avons en tout cas désormais le simulacre qui nous impose de choisir entre libéralisme social et social libéralisme. Le modèle qui me semble le plus proche de la démocratie est le suisse, et nous en sommes bien loin.
      De fait j'aurais posé ça en d'autres termes, Etat, République, Nation. L'Etat est au service des deux, il doit les protéger et en garantir la pérennité pour l'une et l'intégrité pour l'autre. La démocratie passe à un plan d'autant plus subalterne que le peuple n'est jamais consulté sur ces sujets qui sont pourtant ceux sur lesquels il devrait s'exprimer. Ce serait quand même bien à lui de s'exprimer sur l'immigration et sur l'intégration des immigrés. C'est quand même son destin qui est en jeu, bien plus que celui de ses dirigeants et de ses élites mondialisées. Or l'Etat a failli en refusant de contrôler l'immigration, et surtout en renonçant à appliquer la politique d'assimilation qu'ont subie mes grands-parents. Et je dis bien "subie" parce que ce n'est pas simple. 60% des Italiens ne sont pas restés en France, près de 50% des Polonais sont rentrés chez eux, et cela sans que les conditions de vie dans leurs pays respectifs se soient améliorées. Combien de gens venus de l'aire musulmane sont-ils rentrés chez eux? Et surtout quel pourcentage des jeunes de seconde, troisième génération se sentent ils français ou européens.
      A ce titre la lecture des "Territoires" est édifiante. Je sais par qui ce livre a été critiqué, en fait les tenants des deux dogmes-barrières que j'explicitais plus haut. Ce n'est pourtant essentiellement qu'une compilation de témoignages, nombreux, de ceux qui sont en première ligne, chaque jour, pour tenter d'éduquer une jeunesse, pour tenter d'éviter qu'elle ne produise trop de nouveaux Mehra and co.

      Bonne fin de semaine à vous

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    25. Vlad,

      Un point positif : ici, sur le blog libre de SK, nous avons pu chacun développer longuement notre point de vue sans agressivité.
      Un constat : nos points de désaccord demeurent. C’est comme ça, ça n’a rien de tragique ni d’horrible !
      J’ai lu attentivement la nouvelle longue réponse que vous me faites. J’aurais de quoi réagir à mon tour longuement sur plusieurs points, mais m’en tiendrai à un court commentaire (aussi pour laisser de la place à la nouvelle note de SK) :
      1) Je suis une européenne, très critique sur de nombreux points, mais convaincue. Les états nations sont datables et donc inscrits dans un cadre historique déterminé, susceptible d’évolution. Je devine que c’est un gros point de désaccord entre vous et moi.
      2) Les immigrations antérieures et principales du 20e siècle, malgré qu’elles aient aussi subi leur lot de xénophobie dans les premières décennies, partageaient avec les « nationaux », grosso modo, le même fond de culture et de religion. L’adaptation a pu donc se décliner sans trop de difficulté en termes d’intégration. Avec celle issue de pays arabes et de culture musulmane, il y a beaucoup plus d’altérité en jeu. Pour rester brève, je dirais que l’adaptation (et non l’intégration dans ce cas) prend et prendra énormément de temps, car si du point de vue financier, économique et technologique, nous semblons vivre en synchronie partout sur notre planète, ce n’est pas le cas au niveau concret des attaches intimes, des us et des coutumes. Le fondamentalisme islamiste ralentit et menace ce long et difficile processus, c’est certain. Et c’est lui que nous devons combattre, avec plus de fermeté et de détermination qu’hier. Avec plus de clairvoyance aussi, je l’espère. Par exemple, une demande d’un repas alternatif au porc dans les cantines me paraît acceptable ; pas celui de porter le voile intégral dans l’espace public ni de soustraire ses filles au cours de natation.

      P.S. N’oublions pas trop vite la longue histoire européenne de ghettos forcés, de pogroms, d’expulsions violentes, des Juifs quand c’est eux seuls qui représentaient le « corps étranger »…

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    26. Bonjour Plumeplume,

      moi aussi je vais tenter de rester court. On ne va pas quand même monopoliser l'espace de notre ami sk! Espace effectivement propice au dialogue sans retenue car pas modéré, cela pouvant permettre d'approfondir les choses.

      Je reviens donc sur les points que vous evoquez
      1) je pense exactement comme vous que les états-nation sont datés. Ce qui est intéressant c'est la genèse des nations. Parfois l'Etat les précède, c'est le cas typique de la France, parfois c'est la nation qui précède l'Etat, car de l'Allemagne. Mais en final on retrouve toujours le peuple. Il n'y a pas de nation sans peuple, et le peuple non plus n'est pas une donnée datée, il n'existe que quand il en a conscience. En fait plutôt qe de parler de nation il faudrait parler de peuple, de ce qui le caractérise en termes d'identités, donc de références communes. Et là on trouverait sans doute sinon des réponses, au moins de solides explications aux malaises de nos société post-modernes qui représentent une menace existentielle pour les peuples.

      2) je ne suis pas d'accord du tout avec cette idée que " L’adaptation [des migrants venus d'Europe] a pu donc se décliner sans trop de difficulté en termes d’intégration". Près des deux tiers des Italiens sont repartis et près de la moitiés des Polonais sans que la situation qui les avait amené à émigrer se soit sensiblement modifiée. C'est énorme et c'est un démenti à cette idée. Ce n’est jamais facile de vivre dans un pays étranger, et je suis assez bien placé pour l'affirmer, même si on possède un corpus commun de valeurs communes important. Et évidemment c'est encre plus dur, comme vous le soulignez pour des populations venant d'autres cultures. Et on n'en a pas du tout tenu compte, en étant moins exigeant à l'école, en tolérant des modes de vie (je pense notamment au sort fait aux femmes) à rebours de nos valeurs et même de nos évolutions récentes dans certains domaines, en faisant des français quasiment uniquement sur critère de durée de présence sur le territoire, et en n'amendant pas le droit du sol, chose promue sous la 3ème République pour fournir de la chair à canon à nos armées bien davantage qu'un principe républicain, etc. Là où nous aurions dû être plus exigeants et plus vigilants, nous avons baissé les bras. Et il est illusoire de penser que le temps arrangera les choses, bien au contraire ainsi que l'illustre l'histoire de nos terroristes ou la manière dont se comportent certains jeunes des cités comme on dit, enfants de Français, nés en France et se sentant viscéralement étrangers. Mais ça ne veut pas dire fermeture. Quand j'étais gamin il y avait déjà des repas de substitution au porc et ça ne posait pas de problème. On n'en parlait même pas.

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  6. Intéressante remarque de Plumeplume à la fin de son commentaire. L'Agora de Stéphane Paoli sur France-Inter vient de nous donner il y a quelque 20 minutes un topo sur idem, identique, identité et les différentes définitions de cette dernière qu'il faut fondre ensuite dans un concept d'identité nationale (on peut en déchoir...).

    La même émission a rappelé que le royaume de France (issu de royaumes francs) avait fondu une identité celte et une identité franque dans une identité émancipatrice (franc, franchise, affranchissement par le sol) donnant au mot "français" un poids humaniste conséquent...

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  7. Je reviens après avoir lu la contribution d'Expat (Vlad sur Nonobs). Et du coup je repense à ces réactions qui, du moins dans un premier temps, "acceptent". Par exemple les conseils de Madame le Maire de Köln aux jeunes filles, jeunes femmes, femmes qui doivent "tenir à distance d'au moins un bras" (de mémoire c'était à peu près ça, SK vous corrigez s'il le faut) les messieurs. Par exemple aussi mon épouse qui (Plumeplume le rappelle elle aussi, et revient même à la Place Tahrir) au premier jet me rappelle la misère sexuelle des musulmans et des SDF. Je sais très bien que ma moitié n'accepte pas, mais dès lors qu'une telle explication est donnée, on fait inconsciemment une victime de l'agresseur, et un coupable de la victime. Ce dernier mécanisme est bien connu en matière de viols chez nous, loin du contexte arabo-musulman. L'autre jour j'entendais les conclusions du long procès de "ballets roses" : non seulement de hautes personnalités, à commencer par Le Troquer, s'en sont tirées sans grand dommage judiciaire, mais les victimes ne pouvaient qu'être consentantes, sinon elles : alors leurs parents, tout ça de mœurs plus ou moins dissolues...

    Dernier point (je reviens à Expat) : dans son avant dernier et passionnant bouquin "Passion arabe", Gilles Kepel disait déjà sa crainte, après avoir échangé avec des islamistes "modérés", "démocrates", et assisté à Istanbul à un congrès desdits islamistes. Au bout : théocratie, charia. Seuls les moyens pour y parvenir ont une allure de processus démocratique à l'occidentale.

    J'ai approuvé le mois dernier les messes de Noël accompagnées par des musulmans. Non pas en termes de "protection" (illusoire d'ailleurs) mais d'intention et, ensuite, de contacts. J'avais posé la question : "à quand les synagogues ?"

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  8. En écho à la remarque d'Expat/Vlad, je pense aussi qu'il y a nécessité d'actions de la part des musulmans -je me souviens qu'écrivant cela l'an dernier, certains laïcistes farouches sautaient au plafond en disant que cela entérinait le communautarisme, et des multiculturalistes sautaient tout autant au plafond en disant que c'était un discours stigmatisant.
    Selon moi, il y a les deux aspects: vers l'extérieur de leur communauté, en d'autres termes vers les autres composantes de la nation, comme la journée portes ouvertes dans leurs lieux religieux ou culturels, ou la solidarité autours d'autres lieux de culte.
    Vers l'intérieur pour promouvoir une acception ouverte et acculturée de leur religion, et en faisant le ménage des dérives radicales, dans les déclarations et les actes.
    Nolats

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  9. Sympa Bruno, Plume, Vlad, Nolats de vous être "déplacés" jusqu'ici - c'est vrai qu'on a tendance à ne pas trop sortir de la plate-forme "très fermée" de L'Obs (je faisais de même), alors qu'il est possible de "libérer" complètement les commentaires ici (affichage immédiat, pas besoin d'être inscrit, pas de censure "étrangère")... et puis il n'y a pas de pub ! Un peu plus tard dans la soirée, je répondrai individuellement à vos observations. Merci d'avoir pris le temps de les formuler.

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    1. Je n'ai pas encore pris ma décision, mais je pense que je vais faire exactement comme vous. Après trois notes censurées pour raisons imbéciles et absurdes, je ne publie plus rien du tout sur l'Obs.
      Pouvez-vous me dire comment vous procédez pour renvoyer à partir de votre blog sur l'Obs à celui-ci ? Merci !

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    2. Bonjour PlumePlume ! - Mon conseil: Dès que vous publiez un nouvel article sur blogger, vous faites une petite note sur votre blog à L'Obs pour le signaler aux gens et vous mettez un lien sur le nouvel article. C'est comme ça que je fais. Et quelques autres aussi. - À bientôt, ici ou là-bas!

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  10. Merci SK.
    Je viens de créer mon blog ici et y ai publié une sorte de poème sur l'islam qui avait été rejeté par la modération de l'Obs pour raison de "prosélytisme" !
    J'attends un peu avant de le signaler sur l'Obs ; sans doute le ferais-je lors d'une autre note moins sensible et intime. Je n'ai pas du tout envie de commentaires agressifs de la part de mes habituels contempteurs sous une telle note, ni ici, ni là-bas...
    Désormais, ma signature est interactive et renvoie à mon blog tout neuf !

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  11. "La coutume devient une seconde nature", que l'on peut aussi formuler en disant que toute éducation est une programmation...
    On constate qu'il y a dans certains groupes ethno-culturels conflit entre des "valeurs traditionnelles" attachées aux racines -véhiculée par l'entourage-, et les "valeurs officielles" véhiculées par l'enseignement. Parfois même le "retour aux racines" est une démarche individuelle cachée aux proches, pour chercher/affirmer une identité fantasmée, notamment via auto-endoctrinement par internet.
    Voilà pourquoi une démarche unilatérale de la société non relayée dans le milieu de vie ne suffit pas, car à ce qui sera ressenti comme de la manipulation ou de l'oppression répondra une radicalisation présentée comme une juste résistance.

    Nolats

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  12. SK,

    Avez-vous des nouvelles de l'enquête sur les agressions de Cologne ?

    Cordialement.

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    1. Il n'y a pas vraiment de conclusion définitive. Le nombre de plaintes dépasse actuellement le millier ! ... Il semble que les auteurs ne soient pas à chercher dans le milieu des réfugiés, mais qu'il s'agirait notamment d'hommes originaires d'Algérie et du Maroc, qui séjournent depuis plus longtemps en Allemagne... J'ai également lu aujourd'hui que les enquêteurs abandonnaient la piste de la "criminalité organisée" (défendue ci-dessus).

      S'il devait y avoir des révélations "fracassantes", je suppose qu'elles seront relayées par la presse francophone...

      À bientôt, PlumePlume

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