14 décembre 2013 (14:30) (*)
On se dirige vers une grande coalition en Allemagne. Le SPD ayant soumis sa participation au vote de ses adhérents, il semble qu'une large majorité approuve le contrat avec la CDU/CSU. - Et, une demi-heure plus tard, c'est déjà confirmé : 76% des camarades ont voté pour le tandem Gabriel-Merkel, comme le rapporte Der Spiegel. - J'espère seulement qu'en France, on va arrêter de se regarder le nombril, car il reste encore des ponts à construire sur le Rhin ! - Et pour la leçon de journalisme, écoutez bien ceux qui vont vous servir la nouvelle entre la poire et le fromage : ce sont les mêmes qui, le sourire jusqu'aux oreilles, vous ont annoncé le "triomphe d'Angela Merkel".
7 décembre 2013
Sigmar Gabriel, le patron du SPD, compte sur la base du parti pour approuver le contrat de coalition avec la CDU. Dans la ville de Goslar, M. Gabriel a affirmé qu'une bonne ambiance régnait parmi les membres dans les conférences régionales du SPD, où une majorité écrasante approuverait le contrat de coalition. Depuis aujourd'hui, 474. 820 membres du SPD sont appelés à voter par correspondance. Le 14 décembre au soir, le résultat sera arrêté. Au moins 20 % des membres doivent participer au vote pour qu'il puisse être validé. [dépêche dpa, 6/12/2013, trad. sk]
Cet appel au vote des membres du SPD a pu être très mal interprété. Dernièrement une journaliste de la chaîne publique ZDF, Marietta Slomka, a réussi un petit scandale en s'interrogeant sur la validité constitutionnelle d'un tel référendum et sur un possible acte anti-démocratique en comparant le véto éventuel de quelques centaines de milliers de personnes face aux dizaines de millions d'électeurs qui se sont exprimés le 22 septembre dernier. - Les germanophones pourront voir ci-dessous les brefs reportages sur le sujet, suivis de l'interview musclé de Sigmar Gabriel par Mme Slomka (à 7:00), dont le caractère prétendûment agressif a brièvement outré la scène médiatique outre-Rhin.
De ce côté-ci du fleuve, tout cela ne semble pas avoir grand intérêt. Pourtant il y en aurait, du boulot pour les satiristes, à commencer par les spéculations des éditorialistes, vous savez ceux qui vous ont bassiné avec le triomphe de Mme Merkel, l'Allemagne de Mme Merkel, la mère Merkel et tout le Muttim. Et puis ceux qui nous ont fait miroiter la mise en place, illico presto, du salaire minimum et la percée de l'Allemagne - voire de l'Europe - sociale avec la venue de l'ange Gabriel.
En tout cas, tout cela est révélateur de l'intérêt que les Européens portent les uns aux autres. En particulier à leurs voisins immédiats. Alors que nous devrions depuis longtemps disposer d'un programme commun - oh ! pardon : d'une chaîne d'infos pan-européenne, à la fois intéressante et divertissante, puisque c'est avec le comico-mélo qu'on fidélise le chaland. Et si cette chaîne avait existé, sans déconner, je vous aurais assuré un de ces voice-over ci-dessous, mais je le disais déjà : aucun intérêt ! Pas vrai ?
Post Scriptum 14 décembre 2013 (23:30)
Voici tous les articles à la Une de Google Actualités ce soir :
Et la presse française titre comme ceci sur la nouvelle gouvernance en RFA :
Et en parcourant ces entrées, on retrouve toujours la même dépêche AFP ! Alors je ne peux que vous souhaiter un bon week-end, messieurs-dames de la presse. D'ailleurs, je sais que vous serez fidèles au poste dès lundi pour nous commenter ce nouveau triomphe d'Angela Merkel. Mais je vous félicite dès aujourd'hui pour votre connaissance approfondie de la démocratie allemande et l'intérêt que vous y portez : vous avez déjà réussi à berner Jean-Luc Mélenchon !
(*) Mes excuses aux commentateurs de cette note : sans le vouloir, j'ai effacé tous vos posts (ce 14/12 à 14:30)
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Commentaires
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La social démocratie allemande n'est plus à gauche, c'est confirmé, elle préfère le libéralisme de Merkel , les allemands qui avaient votés pour le changement en seront pour leurs frais
Écrit par : kulturam | 14 décembre 2013
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Un peu de prudence, kulturam. Merkel a gagné les élections même s'il y a une courte majorité de gauche (SPD/Verts/Die Linke) au Bundestag. Problème : plus de 10% des voix sont perdues dans la nature (FDP/Alternative pour l'Allemagne), et elles sont à droite. Une coalition de gauche n'aurait pas pu gouverner longtemps. Pour comprendre, il faut considérer que la démocratie allemande n'a rien à voir avec le régime présidentiel français. Je trouve que Mélenchon a dégaîné un peu vite. Le SPD fait ce qu'il peut. Vous auriez préféré du Merkel plein pot? Là, il faut qu'elle modère ses ardeurs...
Écrit par : sk | 14 décembre 2013
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Bonjour SK
on verra bien de quel coté ça penche , on verra bien si la politique d'austérité continue avec moins ou plus de Merkel , de toutes les manières les budgets 2014 des Etats contrôlés par l'Europe sont votés donc c'est trop tard pour un changement actuellement , en ce qui concerne Mélenchon , j'ai toujours trouvé que ses prédictions étaient souvent bonnes en ce qui concerne les orientations européennes , car si il y a bien un député qui suit de prés ce qui s'y passe , c'est lui , que l'on soit ou non d'accord , il est à ma connaissance l'un des seuls à commenter ses votes et à les justifier , par ailleurs sur les grandes questions , on sait aussi quel parti vote quoi , il y a des députés français qui s'insurgent en France mais qui s'inclinent à Bruxelles , ça aussi il faut le savoir
on verra bien de quel coté ça penche , on verra bien si la politique d'austérité continue avec moins ou plus de Merkel , de toutes les manières les budgets 2014 des Etats contrôlés par l'Europe sont votés donc c'est trop tard pour un changement actuellement , en ce qui concerne Mélenchon , j'ai toujours trouvé que ses prédictions étaient souvent bonnes en ce qui concerne les orientations européennes , car si il y a bien un député qui suit de prés ce qui s'y passe , c'est lui , que l'on soit ou non d'accord , il est à ma connaissance l'un des seuls à commenter ses votes et à les justifier , par ailleurs sur les grandes questions , on sait aussi quel parti vote quoi , il y a des députés français qui s'insurgent en France mais qui s'inclinent à Bruxelles , ça aussi il faut le savoir
Écrit par : kulturam | 15 décembre 2013
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Merci pour votre intérêt, kulturam.
Mélenchon se trompe en comparant la situation en France et en Allemagne. Que la gauche française se rassemble au 2e Tour d'une présidentielle, c'est logique. Même un programme commun a pu être mis en oeuvre en 1981. - En Allemagne, il n'y a pas de 2e Tour. On a une voix pour le député de sa circonscription et une 2e (plus importante) pour le parti politique de son choix. C'est une semi-proportionnelle. Ensuite, le parlement nouvellement constitué élit un/e Chancelier/e, dont le pouvoir est comparable à celui du Président français. Mais pour la législation, il faut toujours repasser par le Bundestag, où une coalition constituée peut être défaite du jour au lendemain, et le chancelier n'est jamais sûr de garder son poste pendant toute la législature...
Pour la gauche allemande, Die Linke n'est pas le clone du Parti de Gauche français. Certains fondateurs sont des anciens du SED, qu'on ne peut pas comparer au PC français, qui a certes soutenu l'URSS mais qui ne s'est pas sali les mains comme certains fonctionnaires du SED. De plus, il y a un autre contentieux historique entre SPD et SED (sans parler de l'inimité SPD/KPD en 1932, si lourde de conséquences) qui touche aux années de fondation de la RDA, où le SPD a été forcé de s'intégrer au SED...
Et puis il y a les Verts, un parti très puissant et influent, à la tête p.ex. du Land de Bade-Würtemberg (Stuttgart). Ils constituent une gauche plus radicale que le SPD mais sont opposés à une alliance avec Die Linke. - Pourtant, Gabriel vient d'ouvrir la porte à une négociation avec Die Linke pour les prochaines échéances fédérales (au niveau régional, il y a déjà des alliances)...
Contrairement à ce que l'on se plait à penser, la gauche allemande a toujours été très forte, dès le 19e Siècle, et encore en novembre 1932. Même la RDA n'était pas vraiment un projet de droite dans les années 1945/49. - Et il ne faut surtout pas oublier Willy Brandt. Le mal a été fait avec l'agenda 2010 du gouvernement Schröder. Sigmar Gabriel, qui a très bien joué le coup avec ce référendum pour les adhérents, vient de redonner un peu de crédibilité à la social-démocratie allemande.
Que la petite phrase de JLM ait pu être autant médiatisée, cela demande réflexion. - Qui a des intérêts dans la baraque ? - Marrant que le Figaro titre là-dessus ! - Et toujours cette même dépêche AFP. En effet : les commentateurs de service sont en week-end, et le lectorat français n'est pas vraiment intéressé par le sujet. Alors il faut bien faire un peu de remplissage, pas vrai ?
Écrit par : sk | 15 décembre 2013
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