lundi 28 septembre 2015

D'Allemagne

Certaines lectures sur notre plate-forme de L'OBS et ailleurs m'inspirent une réaction que je ne voudrais ni personnelle ni inutilement polémique. D'où cette nouvelle note sur l'Allemagne.
 
Ce n'est pas un secret que mon métier m'a amené à vivre dans ce pays, dont je connais parfaitement la langue et, dans une moindre mesure, l'histoire, la culture et les gens qui y vivent. Un savoir tout de même suffisant pour remarquer la persistance des images d'Épinal de ce côté-ci du Rhin, qui sont parfois encore - du moins entre les pixels - empreintes d'un esprit revanchard étrangement anachronique. Peu importe. Chacun assume ses dires et ses délires. S'il peut exister, se rassurer avec des demi-vérités, des approximations, si la dénonciation de coupables, de responsables lointains lui permet de fermer les yeux sur ce qui se passe autour de lui, il y a peu de chances qu'il ôte ses œillères ou ses vieilles lunettes, d'autant moins qu'elles lui rendent encore de fiers services.

Je note trop souvent l'ignorance partielle ou complète du fonctionnement de la démocratie allemande, puisque le pouvoir d'un chancelier est régulièrement confondu avec celui du président français : méconnaissance donc de l'importance du parlement fédéral (Bundestag), des négociations et des coalitions qu'un tel régime parlementaire impose ; à cela s'ajoute le pouvoir des gouvernements régionaux au sein des Länder, qui interviennent également au niveau "fédéral" - lire "national" en français - à travers la chambre haute du Bundesrat. - Avec ces erreurs d'appréciation, dues certainement aussi à un manque d'intérêt pour ce qui se passe chez les voisins, je remarque une nouvelle forme d'instrumentalisation de la période "national-socialiste", qui marque en effet une apogée de l'horreur humaine. Alors que les responsables de l’Allemagne contemporaine font tout ce qui est en leur pouvoir - au niveau constitutionnel, institutionnel, éducatif etc. - pour que cela ne puisse plus jamais se reproduire.



Je ne vais pas ici jouer au ping-pong en discutant du traitement hexagonal des périodes sombres de l'histoire contemporaine française et de la montée de l'extrême-droite qui - vu d'en face - prend réellement des proportions inquiétantes. - Comme dans un certain nombre de pays européens, il y a également en Allemagne des groupuscules qui viennent nous rappeler que la bête n'est pas morte. Or - comme on l'a récemment vu avec les Pegida à Dresde - c'est la médiatisation, non l'importance réelle de ce mouvement, qui focalise l'attention. Mais il s'est trouvé que, d'une part, le débat public sur ce groupement hétéroclite a pu montrer que la majorité de ses membres reste tout de même éloignée des thèses nazies et que, de l'autre, ces mêmes discussions - non un passage coupable sous silence - ont finalement désamorcé son action dans l'espace public car ce mouvement n'a plus, actuellement, de véritable existence politique. De même, par certaines déclarations de solidarité suivies d'une sécession, les souverainistes de l'AfD (Alternative für Deutschland) se sont plutôt décrédibilisés auprès de leur électorat, pour l'heure en nette régression (*).


DACHAU

L'actuelle "crise des migrants" a donné lieu à beaucoup de réactions irréfléchies,  parfois viscérales ou surprenantes, alors que les solutions sont toujours en cours d'élaboration, même si les problèmes ne datent pas d'hier et que, guerre ou pas guerre, les migrations du Sud vers le Nord sont prévues depuis longtemps. Mais, comme pour le reste, nous subissons ici la loi impitoyable du court terme : on ne croit au pire que lorsque le pire est arrivé.

 La première réaction du gouvernement allemand fut de pratiquer une "politique de bienvenue", qui a immédiatement été qualifiée d’intéressée par certains polémistes pour cause de baisse de la natalité. Mais la mise en œuvre de cette politique, qui a eu pour effet d'accroître sensiblement le flux des migrants à destination d'Allemagne, a montré les limites des capacités d'accueil du pays, et l'on a plaidé pour une restriction et la répartition d'une partie de ces demandeurs d’asile dans les autres pays membres de l'Union.

L'un des effets du manque de place a été de loger 50 réfugiés dans un bâtiment annexe de l'ancien camp de concentration de Dachau, aujourd'hui transformé en mémorial, comme le rapporte une journaliste du Guardian (19/9/2015) qui s'est rendue sur place pour interroger les principaux intéressés . - Dans un monde de communication où toute réalité disparaît derrière le "message", il n'est que trop évident que cette initiative risquait d'être interprétée comme un "signal" extrêmement "négatif". Or, il s'agit du projet d'un maire débordé par l'afflux massif de migrants, qui date du mois de janvier dernier et qui a fait l'objet d'âpres débats en Allemagne même, de sorte que les raccourcis polémiques prenant ce prétexte pour agiter encore et toujours l'horreur nazie sous le nez de citoyens qui, depuis plus de trois générations, vivent en démocratie, finissent par en révéler davantage sur l'émetteur que sur la cible du "message". - Pendant ce temps, Ashkan, un réfugié afghan, qui vient de passer cinq ans dans la précarité d'un camp de réfugiés après avoir échappé à la folie meurtrière des talibans, se réjouit d'avoir trouvé un vrai toit sur la tête où il peut jouir d'un peu de tranquillité après sa journée de travail [ici en anglais].

GRÈCE

Il n'est pas question d'analyser ici la "crise grecque", ce qui dépasserait mes compétences, ou de discuter du cours ultra-libéral de Bruxelles et du rôle supposé primordial de Berlin dans cette affaire. De même, il est bien évident que la Grèce a été victime d'un chantage de grande envergure, que le vote démocratique de ses citoyens a été mis à mal comme le "non" français lors du référendum de 2005, transformé en "oui" par la suite, et que le rachat des biens publics, privatisés sous la menace, par des entreprises allemandes, voire l'État lui-même, est aussi scandaleux que de prétendre œuvrer pour la paix sur la scène diplomatique tout en vendant des armes dans les arrière-boutiques.

La question qui m'occupe dans ce contexte est le parallèle, implicite ou plus explicite, qui est fait par un certain nombre de commentateurs, connus ou anonymes, entre les agissements de l'Allemagne contemporaine et ceux du pouvoir "national-socialiste", laissant entendre une sorte de continuité, de lien "essentiel" entre les deux régimes et donc par la force des choses entre les populations elles-mêmes, croyant dévoiler ainsi une sorte de "caractère" allemand, immuable, sur lequel le contexte historique, politique, économique n'aurait aucune prise.

Pour moi, ce procédé comporte trois constantes, que l'on peut repérer dans d'autres cas de vindictes populaires, savamment entretenues et canalisées par les idéologues :
1. - Une situation d'injustice réelle existe.
2. - Il faut trouver un coupable, un responsable, et donc désigner une cible, permettant à la colère, justifiée, de "se décharger".
3. - Cette cible est "essentialisée" par les idéologues - ou bien collectivement, à l'aide de certaines catégories comme l'appartenance sociale, religieuse, ethnique ou nationale, et la fameuse "origine", ou bien encore en personnalisant à outrance - pour masquer les causes véritables de l'injustice et faire la promotion de leurs propres "solutions".

Ce schéma est bien évidemment trop simpliste. Et la "crise grecque" - appellation déjà truquée - doit être considérée comme un cas spécial ou extrême de la "crise de la dette" qui touche à des degrés divers tous les États sociaux-libéraux modernes. Le très détesté ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble (CDU), agit comme il le fait parce qu'il sert des groupes d'intérêts économiques dont le pouvoir, de fait, s'exerce à l'échelle mondiale. La focalisation sur cette personne, ou encore sur la chancelière Merkel, qui a fini par freiner un peu les ambitions de son ministre zélé, détourne l'attention des véritables responsabilités dans les graves crises successives que nous subissons, tout nous en dispensant d'effectuer des recherches plus poussées à ce sujet, avec l'effet de préserver l'ombre et l'anonymat dont les "groupes d'intérêt" ont besoin pour exercer leur influence déterminante sur l'économie politique mondiale. Or, des appellations comme le "grand capital", la "finance internationale", les "fonds d'investissement" ou le "complexe militaro-industriel" sont également des généralisations commodes pour éviter de creuser les mécanismes de mise sous tutelle des États et de leurs "responsables" politiques. Car c'est de cela qu'il s'agit.

En guise de conclusion provisoire, je tiens à dénoncer ce schématisme hypocritement moralisateur - quand l'argent ne connaît aucune morale - qui consiste à définir des camps du "bien" et du "mal" avec l'effet, cette fois, de monter des populations entières les unes contre les autres, comme s'il n'y avait aucune affinité de condition, aucune comparaison possible, par exemple, entre un paysan, un ouvrier, un employé grec et ses collègues allemands, ce qui me fait irrémédiablement penser aux travailleurs de Paris et de Berlin qui, en 1914, partaient se faire massacrer "la fleur au fusil", comme de pauvres animaux de laboratoire, appelés à tester l'armement sophistiqué, élaboré par des industriels amoraux, qui l'ont généreusement fait livrer de part et d'autre des tranchées. C'est peut-être dans ce contexte qu'une vieille vanne de carabin prend tout son sens : Opération réussie, patient mort !

28 septembre 2015
 

(*) Rectificatif  (8 octobre 2015) :
Aux dernières nouvelles, l'AfD (Alternative für Deutschland) - simplement souverainiste et "droite dure" auparavant - dériverait sensiblement vers l'extrême-droite après la démission et la sécession de son fondateur Bernd Lucke pour se rapprocher, dit-on, des thèses du NPD tout en resserrant les liens avec le mouvement des Pegida, fédéré par le radical Lutz Bachmann qui, du coup, reprend du poil de la bête. Les bagarres, rackets et mafiosités dans les camps de réfugiés ne sont pas pour arranger la sauce. Et, du côté de la Bavière, la CSU commence également à déraper sérieusement : son patron H. Seehofer veut mettre en bière la politique migratoire du gouvernement, dont il est pourtant l'un des partenaires de coalition. - Cerise sur le strudel, à  deux pas du Rhin, la tirade outrée-outrageuse de M. Le Pen au Parlement de Strasbourg à l'adresse de la chancelière allemande et de son "vice-chancelier" français fait encore monter la mayonnaise côté cour pour exciter un peu plus ce bon peuple des populistes occidentaux, de préférence chrétien et, paraît-il, de "race blanche".

10 commentaires:

  1. COMMENTAIRES DES BLOGUEURS/GUEUSES DE L'OBS 1


    une trentaine de camps de concentration, 6 d'extermination , les friches nazis sont nombreuses entre Allemagne et Pologne, au moins quand j'ai lu la lubie pragmatique de l"édile de Dachau ça m'a permis de réviser un pan d'histoire, je n'ai rien pensé , je ne lie jamais le présent allemand à son passé de manière péjorative, je sais que la mémoire fut tres bien menée avec les générations suivantes
    En France on en est encore à déterrer Pétain et la collaboration non pas pour oeuvre de mémoire salutaire mais pour faire taire en principe certains de droite, souvent j'ai l'impression de porter ça sans que personne ne m'aide, alors je porte ça
    Bon, donc on a de la place en hébergement en Allemagne! ici on réhabilite les foyers avant regroupement familial
    franchement le cynisme apparent est tout ce que j'ai trouvé! merci pour vos billets, n'être pas toujours d'accord avec vous est bonheur, là j'atend la suite

    Écrit par : PARKER le vendredi 25 septembre 2015 à 01h14
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    Vous contestez les " raccourcis polémiques prenant ce prétexte pour agiter encore et toujours l'horreur nazie sous le nez de citoyens qui, depuis plus de trois générations, vivent en démocratie, finissent par en révéler davantage sur l'émetteur que sur la cible du "message". "

    Bien entendu ayant publié une note sur le sujet , je suppose que je suis concernée et je voudrais donc utiliser ici un droit de réponse.

    Loin de moi l'idée d'assimiler au nazisme ce qui vient d'Allemagne Certes je n'ai pas aimé l'attitude de l'Allemagne face à la crise grecque mais ceci n'avait absolument rien à voir avec le nazisme. Par contre je sais ce qu'est le nazisme. Ma mère ayant grandi à Vienne en Autriche à cette époque a fréquenté les jeunesses hitlériennes pendant qu'une de ses tantes ayant épousé un Juif était avec lui à Dachau où sa famille a péri.

    Vous comprendrez que dans ce contexte et par respect pour la mémoire de mon oncle Erich et des siens, je suis bouleversée lorsque j'apprends que l'on envisage d'y héberger des êtres humains.
    Si l'on ne veut pas voir ressortir le spectre du nazisme, que l'on laisse ces lieux de torture et de souffrance appartenir au passé , à l'histoire sans les réactiver.
    Le nazisme et les camps de concentration et ils interpellent toute l'humanité. Les camps sont pas plus acceptables ailleurs qu'on les appelle camps de concentration ou goulag.
    Vous évoquez une cinquantaine de personnes . Fallait-il vraiment prendre le risque de remuer un passé si lourd pour cinquante personnes ?
    Ne pouvait-on pas les loger ailleurs? Il existe des chalets en préfabriqués qui se montent très vite. Et si l'Allemagne connaît un tel manque de logements pourquoi Angela Merkel a-t-elle à ce point encourager les migrants à venir en Allemagne parlant d'en accueillir entre 500 000 ou un million ?

    Je veux bien croire que des personnes qui ont trouvé un toit aient d'autres préoccupations que des questions éthiques sur le lieu. Mais les camps de concentration nazis interpellent les consciences au delà de l'Allemagne et à plus forte raison bien au-delà des compétences du maire de Dachau.

    Écrit par : martina le vendredi 25 septembre 2015 à 01h24
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    1. COMMENTAIRES DES BLOGUEURS/GUEUSES DE L'OBS 2



      Je lis vos notes, Martina, et j'ai également lu celle que vous évoquez.

      Un détail : votre mère a dû faire partie de la section filles - "Bund Deutscher Mädel" (BDM) - des JH. Une erreur parfois faite consiste à assimiler systématiquement ces garçons et filles à des nazillons, alors que l'appartenance aux mouvements de jeunesse était quasi obligatoire et bien sûr rendue attrayante avec des voyages, des randonnées, des jeux de piste, une camaraderie proche du scoutisme etc. etc. L'endoctrinement des enfants n'y était pas une priorité, contrairement au milieu scolaire.

      Tout différent le sort de votre oncle Erich et de sa famille. Vous ne dites pas si votre tante a également péri à Dachau (*), l'un des premiers KZ (mars 1933), comme vous savez, réservé d'abord à l'élimination des opposants socialistes et communistes (ensemble 37,1% des voix lors des dernières élections libres de nov. 1932 contre 33,1% au NSDAP avec une participation de 80,6%). - Si oui, cela me fait penser au père d'un vieil ami peintre, qui a épousé une Mlle Aron qu'il a réussi à cacher à Berlin entre 33 et 45. À la libération, les Russes l'ont arrêté et lui ont dit : "Votre femme est juive ? Et elle a survécu ? Alors vous avez collaboré avec les nazis !" Et il est mort de faim dans un camp de prisonniers soviétique.

      Pour revenir à votre "droit de réponse", parfaitement légitime : si j'avais eu la voix au chapitre, je me serais peut-être également opposé à ce projet, mais j'aurais tout de même été partagé car des bâtiments vides, en dur, peuvent dépanner temporairement de pauvres gens qui n'ont guère de lien avec cette histoire, accaparés par leur propre parcours de l'horreur (humaine). Je suppose que les autres solutions que vous préconisez ont également été adoptées...

      Quant à la chancelière, elle a vu plus grand que les capacités d'accueil du pays, et sa grande erreur a été son effet d'annonce qui, à l'époque des outils de communication interconnectés, s'est propagé à la vitesse de la lumière parmi les migrants, dont le flux a augmenté en conséquence.

      Face à cette "politique de bienvenue" et en regard des horreurs du passé, Charlotte Knobloch, ex-présidente du Conseil Central des Juifs en Allemagne (née en 1932 à Munich), a déclaré début septembre que l'Allemagne "est un pays dont nous pouvons et devons être fiers". Cela dit, elle est également intervenue dans le débat sur Dachau en s'opposant à loger des réfugiés dans les bâtiments annexes du camp.

      Voilà je m'arrête là, en vous remerciant pour cette mise au point indispensable.

      (*) Je viens de relire votre note où vous dites que Tante Mitzi et Onkel Erich ont survécu. Voici le lien pour les passants intéressés à qui elle aurait échappé > http://presence.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/09/25/l-empreinte-des-ames-meurtries-doit-nous-interpeller-570103.html

      Écrit par : sk le vendredi 25 septembre 2015 à 03h25
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      SK,

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    2. COMMENTAIRES DES BLOGUEURS/GUEUSES DE L'OBS 3

      J'ai peu de temps libre ces semaines-ci, mais dans une note que j'ai publiée hier, j'ai osé partager mon point de vue sur l'utilisation dans l'urgence d'une annexe du camp de concentration de Dachau pour l'accueil de quelques 50 réfugiés. Je vous ai lu ce matin avec soulagement.

      Écrit par : plumeplume le vendredi 25 septembre 2015 à 11h38
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      l'affaire grecque semble se résumer en une grande braderie, et oui, l'Allemagne semble faire des affaires! mais pas plus que ceux qui fondent en ce moment sur nos aéroports français, et cette feuille de route pondue par Bruxelles où avec forces détails la Grèce est priée d'appliquer les recettes de réformes structurelles, les mêmes qui font couler beaucoup d'encre en France, pas de Macron à Athènes, pas la peine semble t il! lourde ingérence dans la souveraineté mais bon!

      quant à regarder en coin les allemands de base qui seraient imbus d'un travers atavique venu de l'Histoire sombre me semble une lourde bévue si l'allemand a un travers non discutable ce serait plus tôt celui de jouer le jeu d'une gouvernance en qui il a confiance avec efforts à la clé, ceux qu'on lui a demandé, comparé à notre France en brouillon nous revient la fable de la cigale et de la fourmis
      mais le Politique compare toujours et le peuple s'énerve, en France il est de bon ton de s'énerver aprés l'Allemagne
      l'an dernier, les VW espéraient une redistribution des énormes bénéfices, enfin! ils attendront un peu avec la lourde pénalité je crois et on ne les entendra pas
      Les peuples (je dis peuples) sont différents pour des raisons multiples et variées, heureusement, c 'est aux politiques de les unir dans ce qu'ils ont en commun, le MO et la grande menace est un chantier porteur mais là encore le doute s'est installé avec le travelling arrière, certes passager, mais non encore véritablement expliqué par Mouty

      Écrit par : PARKER le vendredi 25 septembre 2015 à 16h23
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      Merci pour ces deux interventions, PARKER.

      Pour la première remarque, j'ai également tendance à défendre la France, car le pays était à l'époque sous la botte de l'occupant. Que les délateurs, les collaborateurs, les opportunistes, les gagne-petit aient été nombreux, cela tient à la nature des hommes : on peut constater la même attitude chez un grand nombre d'Allemands à la même époque.

      Plus grave, le travail considérable des idéologues dans les deux pays qui a permis à toute une caste de "rationaliser" son délire et sa prétention à la domination après l'effondrement de la démocratie.

      Et puis surtout : cette histoire n'est pas finie ! Pour moi, l'épreuve la plus difficile et la plus dangereuse que traverse actuellement le monde occidental est la "crise de la démocratie" : règne des apparences, triomphe de l'hypocrisie, du populisme, des promesses non tenues, intenables. - C'est ce que je redoute le plus : qu'un régime autoritaire puisse à nouveau s'installer "au creux" de la démocratie, comme cela fut le cas un funeste 30 janvier 1933 après l'effondrement de la République de Weimar.

      Pour preuve, les résultats des dernières élections libres de novembre 1932 (ci-dessus) où un tiers des voix exprimées (et moins de 27% des inscrits) suffisait à déclencher la plus grande catastrophe que l'humanité ait connue jusqu'ici.

      Jusqu'ici ...

      Écrit par : sk le vendredi 25 septembre 2015 à 17h05
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    3. COMMENTAIRES DES BLOGUEURS/GUEUSES DE L'OBS 4

      je viens de " ce soir ou jamais", la tête farcie entre les yaka fokon tous louables, certes, et la démocratie se meurt peut être dans cet outil qui est son fleuron: le débat, le discours, la dialectique qui éduquent la pensée citoyenne, elle se meurt donc là dans cet outil qui se retourne contre elle, ces débats ne servent plus à rien si ce n'est d'amadou à garder le feu qui couve
      Attali se lance par exemple en fin d'émission: la Hongrie doit sortir Orban ayant déclaré que l'islam etait incompatible avec la démocratie, je ne développerai pas ici , j'aimerais demander à Attali quand est ce qu'il sortira
      le gong a sonné, tout le monde a levé le camps

      Écrit par : PARKER le samedi 26 septembre 2015 à 00h21
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      Bonjour Sk. Il y a désormais en Europe une très forte prépondérance allemande, du fait de sa puissance industrielle et de sa prospérité, la place de la France étant pour sa part sensiblement érodée par rapport à l'époque Mitterrand et même Chirac, et la Grande Bretagne ayant complètement désinvesti sur l'Europe. Par ailleurs, les dirigeants allemands défendent désormais un libéralisme économique franc et massif plutôt que l'idée d'une coopération entre les états de l'Union. Donc en quelque sorte, l'Allemagne apparait comme le leader de l'UE, comme la Prusse était le leader de l'Empire bismarckien. La chancelière, un peu effacée à ses débuts, a pris de l'assurance, et il est vrai qu'il y a peu de poids lourds parmi les autres dirigeants européens actuels.
      Il y a peu Bruxelles était pointé du doigt comme responsable des maux, désormais c'est plutôt Berlin. Dans les deux cas, c'est l'Empire suzerain par rapport aux principiculats locaux.

      Écrit par : nolats le mardi 29 septembre 2015 à 12h30
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      Les choses évoluent. On peut certes comparer des phases historiques, mais le cas Bismarck justement est très complexe. Tout d'abord il n'avait pas vraiment le pouvoir. Les deux empereurs avaient leur mot à dire et l'industrie aussi. Ou croyez-vous sincèrement que Merkel détient le pouvoir en Allemagne ? L'industrie, "(ex?)-championne du monde de l'export", a plus de pouvoir aujourd'hui que du temps de Guillaume II. Et le reste, c'est le diktat économique global, qui fait qu'aucune industrie ne peut plus être considérée comme nationale. C'est peut-être ce qui échappe d'ailleurs à nos amis nationalistes : un repli anachronique sur soi signifierait l'effondrement immédiat de l'industrie.

      Écrit par : sk le jeudi 01 octobre 2015 à 21h05

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  2. Bonjour Sk. Tout d'abord à propos de la perception par les Français du pouvoir en Allemagne, Effectivement quand on dit Bismarck ou Merkel, on personnalise exagérément, mais c'est tout de même madame Merkel qui représente l'Allemagne dans les instances européennes, au G8, etc. Ceci étant, le fait que le Parlement soit auparavant consulté permet de sauvegarder sans doute plus efficacement les intérêts allemands que le blanc seing dont dispose le président français, alors enclin à davantage de concessions pour débloquer certains dossiers.

    La question du repli sur soi ne se pose pas en tout ou rien, les britanniques en donnent l'exemple: dans l'UE mais hors euro, etc. Rappelons nous aussi la "clause de sauvegarde" dont on parlait au début de la CEE, permettant à un pays de protéger temporairement un de ses secteurs.

    Concernant la question des migrants, annoncer l'accueil de 800 000 ou 1 000 000 000 nouveaux arrivants sans en avoir auparavant référé au peuple et organisé les moyens parait exorbitant. Il était évident que les capacités d'accueil du pays seraient rapidement dépassées. Par ailleurs, le message diffusé au delà des mers selon lequel les portes étaient grandes ouvertes a fait naitre l'illusion, et mis en route un nombre accru de migrants. Dans la panique, il est exigé de pays de l'Union ayant leurs propres spécificités démographiques et problèmes sociaux (certains ont un taux de chômage des jeunes de 50%) qu'ils participent à tenir l'engagement allemand. Regardons l'engagement français: 24 000 (ou 30 000), il y a incohérence dans les ordres de grandeurs. Le déplacement solennel de Merkel et Hollande au PE a permis de rappeler des principes, mais n'a absolument rien donné de concret. Une partie du peuple regimbe et cherche des solutions radicalement opposées, c'était assez prévisible. Alors le balancier s'inverser, on parle de renforcer les procédures de reconduite aux frontières, dont chacun sait pourtant que très peu sont réalisables (ou reconduire les gens issus de camps de transit, ou de zones instables?). C'est le plus en amont que peut être maîtrisé le flux migratoire, c'est déjà difficile aux portes de l'UE, c'est impossible sauf à la marge une fois à l'intérieur des frontières.

    Nolats (je ne sais pas comment mettre un pseudo sans créer de compte)

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    1. Hello Nolats,

      d'accord bien sûr sur les effets de cette annonce que la chancelière aurait dû prévoir à l'époque de l'interconnexion des gens au moyen des smartphones ! - Je ne sais pas pourquoi la chancelière s'est cru obligée de faire cette annonce, peut-être à cause de la "mauvaise image" du pays après la "crise grecque". Et il reste bien sûr toujours le spectre de 33/45. - En tout cas, la voici bien déstabilisée...

      Ceci dit, je reste convaincu que l'Allemagne contemporaine est une vraie démocratie : importance des deux parlements, fédéral (Bundestag) et régional (les Landtage représentés au Bundesrat). À quoi s'ajoutent un grand nombre d'initiatives citoyennes comme on le voit actuellement avec les gens qui se regroupent pour aider les réfugiés. De l'autre côté on se regroupe aussi, malheureusement : c'est dans ce sens que va mon rectificatif (*) qui reprend les dernières infos et concerne les conséquences néfastes de la politique migratoire allemande (AfD / Pegida / NPD)....

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    2. Hallo, Sk. Lorsque vous parlez d'initiatives citoyennes pour l'accueil des migrants, ce genre d'action peut valoir pour quelques milliers de personnes, mais quand il s'agit de cent ou mille fois plus, on ne peut pas en rester au bricolage du bénévolat.
      La montée d’extrémismes est souvent une forme de surréaction (ou surcompensation) à un vrai problème mis sous le boisseau, qui prend la forme d'une bouc-émissarisation.

      Au niveau des institutions, certaines propositions ont été formulées en France par une commission sous l'initiative de l'Assemblée nationale, avec me semble-t-il quelques références à ce qui se pratique en Allemagne sur le renforcement du rôle du Parlement, par contre la seconde assemblée aurait un rôle plus réduit. Pour le rôle présidentiel et la redondance avec le Premier Minsitre, il y a deux options opposées, soit présidentialiser le régime en supprimant le poste de Premier Ministre (pas retenu), soit redonner du "recul" -ou de la "hauteur"- au rôle du président, avec un septennat non renouvelable (retenu dans la proposition parlementaire). Cela me parait assez judicieux (j'étais auparavant favorable au quinquennat pour éviter les dissolutions ou cohabitations).

      Nolats

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    3. Il y a un vrai affrontement entre ceux qui estiment qu'il faut aider et ceux qui, comme en France, se sentent "envahis". Affrontement non pas physique (ça arrive aussi) mais "mental" - entre "mentalités". Il y a ceux qui ouvrent et ceux qui ferment (et d'autres qui l'ouvrent et encore d'autres qui la ferment !)...

      On vient de voir 150.000 personnes contre le TTIP ce samedi à Berlin (un " vrai problème mis sous le boisseau" comme vous dites si bien)...- Il faut voir et réfléchir : les anti-TTIP pourraient forcer une décision de l'Europe qui ferait alors un premier pas vers l'union politique dont tout le monde (dirigeants compris) reconnaît la nécessité.

      Pour les migrants, je crois que ce sera résolu assez vite : Vlad la Bombe est en train de mettre le paquet et Mr. O. ne saurait rester très longtemps sur la touche...

      Restons optimistes : les jeunes arrivent !

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    4. "Restons optimistes : les jeunes arrivent !"
      C'est ce qu'on espère à chaque génération depuis Caïn et Abel, il ne semble pas que le résultat depuis lors soit particulièrement probant.
      La génération montante est très imprégnée de consumérisme individualiste, les pubs ont remplacé le prône.

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    5. La question est simple : avoir ou non des enfants ("ça vous change un homme" !)

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