Je ne suis plus très jeune non plus, mais j'essaye de me convaincre qu'il n'y aura pas après moi le déluge. Ce qui peut-être me sauve du cynisme ambiant, ce sont les enfants. Un jour, ils en auront marre de jouer à Clash of Clans, d'y perdre leur temps, leur enfance. Pour l'instant, ce que l'industrie du divertissement – comprenez : de l'abrutissement – fait avec nos enfants est un véritable scandale : elle leur vole leur temps, leur enfance. – Pourquoi ?
Avez-vous fait la guerre ? – Je ne parle pas du grattage de couilles dans une quelconque planque à l'arrière, mais de batailles à mort comme la Première, la Seconde guerre mondiale, Verdun, Stalingrad. Moi, je ne les ai pas faites, mais elle m'ont été racontées, en long et en large, la Première, la Seconde, les tranchées, les camps de prisonniers où tous les jours on mourait de faim. – Pourquoi ?
Aujourd'hui, le monde a changé et nous devons nous poser la question : que laisserons-nous aux enfants ? Car ce sont les enfants qui feront le monde de demain avec notre passé, comme à l'enfant que j'étais on a raconté la Première, la Seconde guerre mondiale, les persécutions, les barbelés. – Et j'ai dû me débrouiller avec ça.
Mais qu'ai-je – qu'avons-nous – fait de ce passé terrible que nos anciens – parfois bien malgré eux – nous ont légué ? Avons-nous su pacifier le monde comme ces enfants de Woodstock croyaient le faire en criant : « No war ! » – Vaste illusion, n'est-ce pas ? – Mais qu'en est-il de cette Europe, réputée néo-libérale, profondément injuste pour le plus grand nombre, extrêmement lucrative pour quelques-uns ? – N'a-t-elle pas au moins cette qualité – provisoire – de ne pas risquer de déclencher sur son sol une Troisième, Quatrième, Cinquième guerre mondiale ?
Comment tout cela va-t-il finir ? Que dire aux enfants ? – Que nous avons échoué ? – Il faudrait d'abord commencer par nous avouer que nous nous sommes trompés. C'est la plus dure des tâches : se déjuger ! Et nous ne le ferons pas, bien sûr, comme nos anciens ne l'ont pas fait non plus. Nous nous en sortirons comme eux par une pirouette. En bons danseurs mondains.
BONUS
À côté de la musique présentée, qui reste une affaire de goût, ce film est l'un des documentaires les plus inventifs et informatifs qui existent sur cette époque charnière (1969). Il reçut d'ailleurs l'Oscar dans la catégorie Best Documentary en 1970. Pour l'apprécier pleinement, il est conseillé de voir ce « director's cut » de presque quatre heures publié en 1994 dans la meilleure qualité possible et avec des sous-titres appropriés. Ce n'est ici qu'un « aperçu avant impression ».
nous leur dirons que un jour un prix Nobel américain nous a parlé de l'écologie du ciel de la terre et des hommes sous des climats hostiles qui se mettront en marche
nous leur diront qu'on avait la passion des kermesses internationales pour ranger ce monde, le ciel la terre, les hommes
et qu'on n'a pas su leur apprendre à regarder le ciel et les étoiles et que ça va leur manquer
PS. - D'après ce que je peux lire en ce moment sur notre site, il y a quelques "vieux de la vieille" qui craquent sérieusement. - Ce que l'on tend à oublier avec les "nouveaux médias", c'est la différence entre penser et publier quelque chose. - Imaginez que vous discutez avec quelqu'un qui dit tout ce qui lui passe par la tête. Et, bien entendu, tout doit être reçu comme vérité établie, science infuse ! - "What a drag it is getting old" > https://vimeo.com/59878599
publier est important, sur le vif, comme "choses vues" de Victor Hugo, en écrivant on commence à penser...ensemble, sauf que souvent on ne pense pas on se vole dans les plumes
justement la plate forme numérique nous offrait une certaine immédiateté logistique pour approfondir ce qu'on a cessé de se dire en famille, le généraliser, en faire quelque chose, on sort du web encore plus seul et fâché contre des éoliennes virtuelles, le ressentiment, et revenir à la charge, se venger ou juste se faire comprendre, la guerre du feu est récente et on n'en sort pas finalement, un genre d'incendie plutôt
j'écoutais Brel dans ce documentaire de 71, "la bêtise est une paresse" en fait tout est là, ne plus bosser, réfléchir, le jour au turbin en accéléré la nuit en jachère et lascifs à clavarder des listes à la Prévert de nos flash diurnes et/ ou mentaux, pardon à Prévert
dans un coin d'arrière pays je connais un petit promontoire, l'écho vous répond toujours, jeu d'enfance, au moins il répète exactement ce que vous dites, en web se forme l'avalanche nocive de transformation de votre pensée avant même que vous l' ayez développée
revenons au petit carnet avec un petit crayon ?
Je ne comprends pas votre phrase : "Ce que l'on tend à oublier avec les "nouveaux médias", c'est la différence entre penser et publier quelque chose."
Croyez-vous vraiment que l'on puisse écrire quelque chose, construire ( chacun à sa façon) un texte sans que la pensée n'intervienne?
Est-ce parce que vous n'appréciez pas certains propos que vous déniez le fait qu'ils puissent être pensés ? Je ne peux imaginer que pour vous l'on ne commence à penser que lorsque l'on est d'accord avec vous. Vous avez trop de recul pour ça !
Et pourquoi introduire un clivage entre l'émotion et la pensée qui à moins d'être schizophrène ( et encore une personne schizophrène a ses moments de lucidité) peuvent fonctionner ensemble ? Une pensée non nourrie par l'émotion serait une pensée robotique et il n'est pas souhaitable que la pensée humaine aille dans cette voie.
Il est cependant vrai qu'à ne se laisser conduire que par l'émotionnel, il y a le risque de ne plus rester maître du jeu. Mais admettez que les attitudes irrationnelles ne se trouvent pas que chez "les vieux de la vielle "qui vous irritent.
L'irrationnel n'a pas attendu après eux pour plomber bon nombre des évolutions humaines.
Et c'est parce que ces" sages "qui gouvernent le monde sans état d'âme en bon technocrates qu'ils sont ne trouvent pas de réponse à cet irruption de l'irrationnel qui fait vaciller bon nombre de repères, que des gens expriment avec leur peur cette émotion qui semble vous dérange.
S'exprimer sur Internet permet sans doute aussi de canaliser des émotions qui si elles se traduisaient dans la vraie vie seraient effectivement dangereuses.
En ce qui concerne l'émotion, je conçois que c'est une autre paire de manches, mais je constate que les gens sont à fleur de peau, la moindre contrariété et ils explosent...
On peut mettre en relation les deux phénomènes par le manque croissant de distance, de recul, vis-à-vis des choses, du monde, d'autrui, sans doute le symptôme d'une considérable désorientation...
Quant aux "vieux de la vieille", j'y voyais surtout un "contre-pôle" (dramaturgique) par rapport aux enfants, qui sont le thème principal de cette note...
Cela étant, votre intervention - merci ! - montre l'importance de "retourner sept fois la plume dans l'encrier" avant de se mettre à écrire.