lundi 16 mai 2011

DSK : Les sondeurs ont l'air fins


Depuis des mois, les sondages pronostiquaient la victoire de Dominique Strauss-Kahn aux élections présidentielles de 2012. Ce matin encore, on peut entendre sur France Inter que DSK ne va pas pouvoir "maintenir sa candidature". Faut-il rappeler qu'il n'est pas - et ne sera probablement jamais - candidat à cette élection ?

Lorsque la réalité rattrape la démocratie virtuelle qui nous est quotidiennement assénée, les commentateurs se réveillent souvent en "catastrophe". Et, dans le cas présent, il n'y a pas l'ombre d'un mea culpa. On fait "profil bas" : ce sont des "impondérables", des "aléas". Pourtant, combien de pages, de commentaires, de spéculations sont aujourd'hui effacés par un simple "fait divers" ?

De plus, le crime n'est que "présumé". Une fois encore, on ne sait rien, ou si peu, de cette affaire. De deux choses l'une : ou bien DSK a commis les faits qui lui sont reprochés, ou bien la femme de chambre qui l'accuse est une affabulatrice, voire le maillon d'une machination visant à faire tomber, au choix, le directeur du FMI ou le candidat potentiel à la présidentielle française.

Ce soir on saura si M. Strauss-Kahn sera libéré sous caution. Il pourra alors donner sa version de l'histoire. - La procédure judiciaire devrait prendre "quelques mois". Si DSK est blanchi, les socialistes pourront encore l'intégrer dans leurs primaires dont le calendrier serait alors revu. Et d'ici là, il sera sans doute remplacé à la tête du FMI. D'ailleurs, il l'est déjà, ce matin, par son second, John Lipsky, qui n'en demandait pas tant puisqu'il avait prévu d'arrêter le job de vice en août prochain.

Ajoutons que la France a une propension à l'égocentrisme que cette affaire révèle une fois de plus : si "machination" ou "manipulation" il y a, c'est bien sûr pour empêcher DSK d'être le candidat attendu à la présidentielle. Jamais on ne pense que la finance internationale a pu vouloir dégommer un socialiste à l'origine des plans d'aide aux pays européens pris dans la "crise de la dette" ?

Ce soir, on apprend que, contrairement à la remise en liberté sous caution que l'on attendait, M. Strauss-Kahn est maintenu en détention sur décision de la juge, Mme Melissa Jackson, qui présidait son audition préliminare, et ce jusqu'au 20 mai prochain, date à laquelle il comparaîtra devant un jury populaire qui, comme le veut un adage new-yorkais, serait capable "d'inculper un sandwich". L'Express nous en dit plus [ici] : Cette chambre d'accusation doit se réunir dans les trois jours, selon le professeur de droit Randolph Jonakait, de l'école de droit de New York. Composé de 16 à 23 jurés populaires, le grand jury se réunira en l'absence d'un juge, pour entendre les éléments de preuve de l'accusation, et potentiellement le témoignage de la victime. "Si la femme témoigne", il y aura inculpation, ajoute le professeur de droit.  - "Ce n'est pas comme un procès, il n'y a pas d'interrogatoires croisés, [l'accusé] ne peut pas citer de témoins", explique-t-il. Ni Dominique Strauss-Kahn, ni son avocat ne seront présents, à moins qu'ils le demandent. Il peut témoigner, son avocat peut être présent, mais ce dernier ne peut pas s'exprimer. - Si le grand jury inculpe formellement DSK, c'est devant un magistrat d'une juridiction plus élevée, la "New York Supreme Court", qu'il devra comparaître pour se faire signifier officiellement son inculpation. C'est là que "le procureur doit livrer plusieurs éléments de preuve à la défense", et que chaque partie commence à bâtir un dossier.  - "Normalement le procès serait organisé dans un délai de trois mois à un an", a précisé Randolph Jonakait.

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