Si
j'étais un éditorialiste professionnel, je commencerais mon papier
comme ceci : « Certains voyagent en avion, d'autres en bateau... »
Je reviendrais sur l'accident de l'A320 et la folie criminelle du co-pilote. J'insisterais sur le tapage médiatique ad nauseam
qui a tout balayé sur son passage, la compassion presque obscène de
millions de voyeurs pour ces victimes innocentes et inconnues qui ont
trouvé la mort dans le massif de l’Estrop, le tourisme morbide de trois
chefs d'État qui n'avaient visiblement rien de mieux à faire que de
s'offrir une séance de pose sur les lieux du drame devant les caméras du
monde entier...
Puis,
après avoir bien montré la surenchère d'images et de discours, j'en
viendrais à la noyade d'au moins sept cents personnes en Méditerranée
dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 entre la côte libyenne et l'île de
Lampedusa : pas de chefs d'État, pas de caméras, pas de boîte noire,
mais 200 femmes et 40 ou 50 enfants à bord...
Il
faut que les hommes soient désespérés pour s'embarquer avec femmes et
enfants sur de méchants rafiots. Pour se saigner aux quatre veines afin
de trouver les sommes prodigieuses réclamés par des passeurs mafieux,
sans même savoir s'ils atteindront un jour les côtes européennes, cet illusoire objet de tous leurs désirs. Pour se faire ainsi mener en bateau...
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