Metaphysica humana est
À mes heures, je me rêve métaphysicien et me transporte du côté de l'Olympe ou – pourquoi pas ? – au forum romanum, dont nous arpentons aujourd'hui les ruines à la recherche d'une réponse. Je vais voir Platon pour qu'il me parle de Socrate, du marché aux poissons d'Athènes et de katharsis – en dramaturge avisé qu'il fut. Dans mes rêves les plus fous, je pousse même jusqu'à Éphèse, chez l'énigmatique Héraclite, pour creuser à l'ombre du temple d’Artémis la question de la nature.
Scolie
L'annonce de la « fin de la métaphysique » fut une catastrophe pour la philosophie, puisqu'elle céda le terrain aux théologiens. Et nous connaissons leurs dissensions fondamentales qui, comme une traînée de poudre, embrasent l'Histoire jusqu'à l'époque présente.
Hypothèse
L'Homme a besoin de métaphysique comme il a besoin de rêver. Les deux – la recherche d'une sphère transcendantale et les activités oniriques – sont intimement liés, car ils touchent au besoin de symboliser ce qui, par nature, nous échappe d'autant plus que nous voudrions le saisir, le maîtriser, le posséder.
Argument
La métaphysique, qui peut aussi être définie comme le domaine du surnaturel, a été éliminée de la vision rationaliste de la nature, comme le rêve a été banni de notre perception de la réalité. - L’argument ne consiste pas à réhabiliter la métaphysique classique, dont le fonctionnement idéologique à l'image de celui des autorités théologiques est patent, mais à signaler une amputation aux effets extrêmement pervers puisqu'elle permet aux hommes d'accomplir le projet cartésien de se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature », dont la conséquence ultime risque d'être une apocalypse planétaire.
Commentaires
Metaphysica humana (2)
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