« Maul zu, Frau Merkel ! Frankreich ist frei ». - Dans un allemand correct, mais un peu vieillot et rudimentaire, Jean-Luc Mélenchon interpelle la chancelière qui vient à nouveau d'être plébiscitée à la tête de son parti, la Christlich-Demokratische Union (CDU). - Et le politicien démissionnaire du Parti de gauche d'ajouter : « Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines ! »
Si le quotidien Les Échos considère que « La presse allemande en ligne reprend largement le message de l’homme politique de gauche qui a appelé la Chancelière allemande à "la fermer" vis-à-vis de la France », l'impact sur l'opinion d'outre-Rhin n'est guère plus important que la récente élection d'un ministre-président du Parti de gauche en Thuringe l'est en France. Il est étonnant, par exemple, que l'hebdomadaire du centre gauche Der Spiegel reprend pratiquement le même texte que le quotidien populiste Bild : on en conclut qu'il s'agit de la même dépêche d'agence (isa/AFP) que les rédacteurs de ces deux publications aux antipodes n'ont pas pris la peine de développer.
Si l'on est tout de même surpris que le président Hollande et ses ministres n'affichent pas un contact plus intense et direct avec le vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) et les ministres sociaux-démocrates qui participent au gouvernement allemand dans le cadre de la Grande Coalition CDU/SPD, on ne trouve pas non plus sur le fil Twitter de M. Mélenchon la trace de félicitations adressées à Bodo Ramelow (Die Linke) alors que son élection à la tête du gouvernement régional de Thuringe est une première en Allemagne fédérale.
Il semble que la gauche française préfère brandir le spectre d'une « Allemagne de Mme Merkel », refusant de voir l'évolution du pays, sans doute aussi parce qu'un certain nombre d'informations sont systématiquement passées sous silence : En premier bien sûr cette élection de Bodo Ramelow, dont j'ai rendu compte ici-même. Et, lors de l'annonce unanime par la presse française du "triomphe de Mme Merkel" en septembre 2013, personne n'a cru bon mentionner qu'une coalition rouge-rouge-verte (SPD/Die Linke/Les Verts) disposerait d'une courte majorité au Bundestag. Enfin, en Allemagne fédérale, 11 Länder sur 16 sont dirigés par des ministres-présidents de gauche (9 SPD, 1 Die Linke, 1 Les Verts), ce qui nuance tout de même le tableau.
Le fait que M. Ramelow n'a pu prendre la tête d'un gouvernement régional qu'en s'alliant aux sociaux-démocrates et aux Verts explique peut-être l'absence de félicitations officielles de M. Mélenchon, qui, lors d'un récent passage à la télévision en compagnie de M. Hamon (PS) et Mme Duflot (Les Verts), vient encore de montrer les difficultés qu'il éprouve face à ce facteur déterminant de la politique en démocratie : le compromis ! - D'autre part, le chiffon rouge d'une « Allemagne de Mme Merkel » prouve avant tout que l'on a tendance à projeter sa propre organisation politique - en l’occurrence le régime présidentiel de la Ve République - sur ses voisins : si la chancelière est effectivement aux commandes de la RFA et qu'elle y jouit sans doute encore d'une grande popularité, son pouvoir reste limité non seulement par la coalition que, toute « triomphante » qu'elle fut en 2013, elle a dû engager avec le SPD, mais encore par l'organisation fédérale du pays et la Chambre Haute du Bundesrat, où avec 27 voix sur 69 elle ne peut - comme au Bundestag - constituer de majorité qu'avec le soutien du SPD. Dans le cas, certes improbable à l'heure actuelle, où les sociaux-démocrates changent leur fusil d'épaule comme ils viennent tout de même de le faire en Thuringe, la fameuse « Allemagne de Mme Merkel » cesserait immédiatement d'exister.
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Commentaires
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mais il fallait une presque malveillance préméditée pour réduire à un face à face: nos dissidents contre une députée proche de Angela M, buzz garanti, un entonnoir maléfique qui ne risque pas de rapprocher les peuples et conforter le mythe des technocrates sévères!
il faudrait aussi avant que de se vautrer ainsi s'attacher à nous reconnaître dans nos différences et d'en faire quelque chose,
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http://www.jean-luc-melenchon.fr/arguments/contributions-sur-lallemagne/
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le dernier pour la route : les mémoires de Helmut Kohl
http://reseauinternational.net/les-memoires-de-lancien-chancelier-allemand-helmut-kohl-pourraient-enterrer-la-carriere-de-merkel/
Pour Kohl, il s'agit de la publication non autorisée de certaines bandes (Vermächtnis: Die Kohl-Protokolle, Munich 2014) que les auteurs ont enregistrées (2001/2) en vue de la rédaction d'un livre de mémoires. Aucun intérêt autre qu'anecdotique : vous écoutez n'importe quel homme de pouvoir "en off" (comme vient encore de le faire Mme Trierweiler) et vous allez faire le buzz en publiant ses "déclarations croustillantes"...
Par ailleurs Mélenchon citent des sources à la fin de son texte , je n'ai pas vérifié mais il n'est pas du style à annoncer au hasard et sans références
En France - et malgré ces périodes de cohabitation invoquées par nolats, qui ne sont pas des coalitions - c'est quand même la politique du "last man standing", de l'homme seul qui gouverne tout là-haut et - malgré un effort soutenu de décentralisation - les choses importantes continuent de se passer à Paris, à l'image de ces Instructions Officielles de l'Éducation Nationale qu'il faut appliquer partout, nonobstant les priorités régionales. - Il est évident que si l'Assemblée Nationale était élue par proportionnelle et qu'elle devait voter pour un chef de gouvernement, il y aurait fort à parier que l'UMP et le PS se mettent d'accord pour bloquer l'extrême-droite, ou que le PS s'allie avec l'extrême-gauche et les Verts (qui bénéficieraient également de ce vote à la proportionnelle).
En Allemagne, le mode de scrutin est assez intéressant : la première voix pour le député de votre choix, la seconde pour votre parti (cette dernière étant la plus importante), on peut donc parler d'une "semi-proportionnelle".
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Mélenchon sur son blog à propos de l'émission "des paroles et des actes" : "Et le sommet de tout fut atteint avec cette député allemande, caricature de « boche » de bande dessinée avec cette phrase d’anthologie où elle déclare : « che n’ai pas bien kompris qu’est-ce que fou foulez faire sinon fou couper les chéfeux entre fous ! ». Du Jacques Villeret dans le rôle d’Apfelstrudel de « Papy fait de la Résistance » ! En moins drôle et même très glacial ! Dès le lendemain, je n’ai plus compté les gens qui m’ont arrêté dans la rue pour me féliciter d’avoir « bien répondu à l’Allemande ». Ce qui m’en apprend beaucoup sur ce que pense notre peuple."
(http://www.jean-luc-melenchon.fr/2014/12/08/stopper-la-reculade-au-point-macron)
Terrible ! - Je n'avais pas suivi la partie avec cette "députée allemande", mais quand M. dit quelques lignes plus haut : "Car le duo Saint Cricq et Lenglet, loin de vouloir faire exposer la pensée de chacun sur l’alternative, a passé son temps à l’habituel exercice de démolissage en mode « ce que vous proposez, que je résume d’une façon c a r i c a t u r a l e, est inepte »", il utilise la même méthode, avec un arrière-goût revanchard.
J'avais déjà remarqué que le "dossier" sur l'Allemagne que vous citez se terminait sur ce titre étrange en forme de dénégation : "Je ne connais pas de « boche »". M. écrit: "Daniel Cohn-Bendit m’accusa de parler des « Boches ». Rien de tel n’existe dans ce livre (Qu’ils s’en aillent tous, Paris, Flammarion, 2010)"
No comment.
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/altercation-jean-luc-melenchon-eurodeputee-allemande-paroles-actes/
..... par ailleurs je dois dire que le terme de boche que tout le monde a l'air de trouvé politiquement non correct et injurieux a été utilisé et est encore utilisé , j'ai toujours entendu mes grands parents utiliser ce terme et il n'y avait pas qu'eux , il y a des blessures qui ne s'effacent pas , pour ma part n'étant pas de la même génération je n'ai rien contre les allemands si ce n'est la domination dont ils usent au sein de l'Europe et si il y a un pays qui ne les portent pas du tout dans leur coeur , ce sont bien les grecs
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141212trib0c67c5c65/quelle-est-la-responsabilite-de-l-allemagne-dans-la-crise-europeenne.html
Écrit par kulturam
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Comme je le disais , je n'ai fait que rapporter ce que moi même j'ai entendu dans la campagne de mon enfance et j'ai donc fait un devoir historique de mémoire (car après on se plaindra que l'histoire est déformée ) de plus j'ai aussi des vieilles cartes postales de mon arrière qui a fait celle de 14 18 (il en est mort) et c'est aussi indiqué , le fameux B.. et aussi un autre : Fri..quelquechose
Pour ce qui concerne les relations franco allemandes c'est bien de Gaulle et ensuite Mitterrand qui ont entamés les retrouvailles mais en ce qui concerne les partis de gauche cette amitié ne s'est jamais tarie même pendant la dernière guerre , tout le monde ou presque sait qu'il y avait des résistants allemands au sein des unités de résistance du PC dans les maquis , mais c'est une autre histoire
http://chrhc.revues.org/668
Sinon, pour en revenir à l'amitié entre Oscar Lafontaine fondateur de Die Linke et Mélenchon, elle n'a pas bougé d'un iota , ces hommes là sont amis depuis toujours , Oscar était là (et moi aussi à l'époque mais dans la salle) au grand meeting pour la naissance du Parti de Gauche , bon j'ai pris mes distances depuis mais il y a des moments assez inoubliables et historiques auxquels je suis heureux d'avoir participé
http://www.humanite.fr/melenchon-lafontaine-contre-merkel-sarkozy
Écrit par kulturam
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Je comprends bien, kulturam, on a monté les populations les unes contre les autres et il fallait bien les motiver, puis désigner des coupables pour les décès par millions afin de cacher les véritables assassins. Je suppose que nous pouvons tomber d'accord sur ce point aussi. - Cela dit, l'utilisation de ce vocable par un politicien né en 1951 n'est plus défendable. Et pour son lien avec son "frère" Lafontaine : celui-ci s'est retiré dans son fief de la Sarre. Alors quid de Bodo Ramelow, Herr Mélenchon ?
J'ai exporté cette note et notre discussion ici, et je ne vais pas tarder à la supprimer à l'Obs pour retourner en "hibernation". Vos interventions seront toujours les bienvenues...
Écrit par sk
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pense et il y a eu à ma connaissance des divergences au sein du parti à ce moment là mais je sais plus pourquoi mais je le devine , ce sont toujours les mêmes , les divergences vers plus ou moins de libéralisme et rapprochement avec les sociaux démocrates, mais quoiqu'il en soit ils sont dans le même parti européen
j'ai trouvé ce site (voir le lien ci-dessous) qui fait une excellente analyse sur les résultats électoraux de Die Linke et je trouve aussi que cette analyse pourrait s'appliquer au Front de Gauche en France , autant vous dire que je surveille aussi les pays où ça marche ! comme la Grèce avec Syrisa ou l'Espagne avec Podemos , en Allemagne c'est le Parti des Pirates qui a débordé DL sur les mêmes idées , il a le mérite de n'être pas un parti nationaliste comme le FN en France qui lui aussi a profité des idées du FG en copié collant une partie des idées concernant la mondialisation et la financiarisation de l'économie (discours qu'il n'avait jamais eu)
http://www.transform-network.net/fr/revue/numero-092011/news/detail/Journal/the-linke-after-the-elections-of-2011.html