Avec le 11 septembre 2001 le terrorisme s'est globalisé, en ce sens qu'il est apparu en direct et simultanément sur tous les écrans du monde, donnant à voir une action qui dépassait de loin toutes celles qui, jusqu'alors, pouvaient être qualifiées de « spectaculaires ».
Les initiateurs des attentats new-yorkais connaissaient parfaitement le fonctionnement des chaînes d'infos en continu : dix-huit minutes, la durée séparant les deux impacts, suffiraient aux télévisions pour braquer leurs caméras sur la Tour Nord et saisir « en direct » l'instant où le second avion percuterait la Tour Sud.
Ce qui se passe à présent est « différent » : si la prétention à la mondialisation de la terreur est intacte, ces exécutions de personnes innocentes sont destinées à être visionnées non seulement « en différé » mais également et surtout en cachette. On a certes tendance à penser que peu de gens vont s'infliger ce « spectacle », qui n'est pas repris par les canaux habituels : or, caché quelque part dans les souterrains de la Toile, il est néanmoins disponible à tout moment pour être « consommé » par les « amateurs » ou les apprentis de l'horreur. Et, devenu « viral », il résistera à toute tentative de retrait.
C'est ce dernier point qui est véritablement « nouveau » : tant qu'Internet existera, personne ne pourra rien y effacer définitivement, toutes les informations, tous les écrits, tous les documents audio-visuels y circuleront virtuellement jusqu'au bout de notre aventure cybernétique (1). Ainsi, ces vidéos continueront indéfiniment de tourner en boucle et, surtout, de représenter une sorte de « défi » pour les monstruosités à venir, qui voudront paraître plus « spectaculaires » encore que les précédentes. Il faut ajouter que ces documents de la terreur, frappés d'interdit, vont immanquablement attirer le très jeune public, qui est pour ainsi dire préparé - et maintenu dans un état constant de déréalisation - par l'industrie du divertissement (2).
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