mercredi 15 janvier 2014

Social-démocratie (mon Dada)

C'est, à écouter le journal français, ce que les commentateurs allemands auront retenu de la conf. pressidentielle : salutations enthousiastes du ministre des aff. étranges, Frank-Walter Steinmeier (SPD), et même de collègues de la CDU. Je ne peux que m'écrier avec une cohorte d'anciens : Nul n'est prophète en son pays ! - Et j'entends déjà les mauvaises langues : Qu'il émigre donc !


Mais oui, avec l'Europe tout est possible, même une union entre (nouveaux) sociaux-démocrates français et les camarades de la GroKo (Grosse Koalition) ultra-rhinoise (pardon, les académistes : rhénane). C'est d'ailleurs ce qui aurait déjà dû se passer depuis une paye (de salarié)...


Je peux avoir de la sympathie, humainement, pour Mélenchon, mais à l'image des communistes allemands de 1932, il a tourné le dos à la politique parlementaire. Les grandes phrases, moi aussi je sais faire. Avec un bon maquillage et une réalisation convenable (un peu dadaiste), je saurais même les dire à la télé.


J'en ai beaucoup moins pour M. Le Pen. - En arrière-plan sonore, j'écoute À bout de souffle. Le jazz de Martial Solal. La voix du jeune Belmondo tout frais sorti des Arts dramatiques. Le scénar de Godard : lui aussi il sait faire des phrases. - Ah oui ! je voulais dire : Les Le Pen, trois générations de crypto-nationalistes...


samedi 11 janvier 2014

Trois néologismes fin-de-siècle

Le mot « antisémitisme » (*) - néologisme sans doute forgé par le journaliste allemand Wilhelm Marr en 1879 - exprime une hostilité envers le seul peuple juif, et non envers les peuples sémitiques en général, ce qui atteste déjà de son inconsistance sur le plan sémantique et plus avant de son caractère arbitraire, pragmatique et opportuniste (**).



On pose de nos jours une équivalence implicite entre le peuple juif et l'État d’Israël. Il faut pourtant rappeler que le premier existe depuis plusieurs millénaires alors que le second n'a été fondé qu'en 1948. Ce n'est pas exactement la même échelle de temps. Ainsi, du point de vue des
expériences historiques et des attitudes existentielles, il paraît difficile d'identifier ces deux univers : Diaspora ancestrale et création d'un État moderne.



Mais surtout, en parlant du peuple juif, on pense désigner un ensemble homogène : or, à côté de la distinction traditionnelle entre Ashkénazes (« Allemands ») et Séfarades (« Espagnols »), nous rencontrons des gens très divers, allant de ces personnes profondément religieuses et traditionalistes, à l'image de celles qui habitaient naguère les Städtle d'Europe orientale, aux athéistes modernes des grandes villes occidentales. En effet, la Diaspora s'est répandue aux quatre coins du globe, pour parfois s'assimiler, parfois garder sa tradition religieuse, parfois se regrouper en communautés, parfois s'en écarter résolument.


samedi 4 janvier 2014

Ernst Jünger et les commémorations 1914/2014

La boue, la mitraille (maintes fois Jünger note qu'il pleut littéralement du métal), les hommes qui tombent autour de lui: curieusement, le lieutenant Jünger, dont l'héroïsme fou lui vaudra de recevoir la plus haute décoration allemande (la croix pour le Mérite), promène un regard presque indifférent sur l'horreur absolue dont il est le témoin. - Car la guerre est, chez lui, comme un jeu vidéo avec des balles réelles. But du jeu? Tuer le plus d'ennemis possible sans cependant les haïr.

C'est ce qu'écrit Didier Jacob - l'excellent critique littéraire du Nouvel Observateur qui y tient également un blog- à l'occasion de la sortie française des Carnets de guerre 1914-1918 de l'écrivain allemand Ernst Jünger. - Ma première réaction, plutôt viscérale, s'est matérialisée dans un commentaire sous cet article de présentation :

Jünger était un apologète de la violence et, s'il n'était pas nazi, il a toutefois joué les idiots utiles du régime, notamment sous l'occupation en France. On ressort ses carnets de guerre à l'occasion de ces macabres commémorations 1914/2014 qui nous attendent : un acte commercial et nauséabond. Après le nazi avéré Heidegger, la France est la terre d'accueil du militariste Jünger. - Avec tout ce qui se passe par ailleurs, on est en droit de se poser des questions...

Je le reconnais volontiers : ce n'est pas un commentaire de haute volée, mais il exprime sous forme de raccourci le fond de ma pensée. - Pour vous dire : Der Spiegel commence cette semaine une série sur la Première guerre mondiale.